La revue de presse

France Inter
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L’ombre et la lumière…

L’ombre et la lumière…

C’est le visage d’une jeune femme que propose à sa Une L’EXPRESS cette semaine… Un visage familier, et une vie déchirée : elle a passé dix ans dans l’ombre, aux mains d’un détraqué, avant de retrouver la lumière… Il s’agit de l’autrichienne Natacha Kampusch, qui avait fait les gros titres de la presse du monde entier en 2006… Elle avait été enlevée huit ans plus tôt, puis séquestrée dans les entrailles d’une maison bourgeoise de Vienne… Mais elle était finalement parvenue à s’échapper… Il y eut donc d’abord l’ombre, huit années dans l’ombre, puis il y eut la lumière… Des interviews en rafale, un bouquin vendu à 2 million d’exemplaires, une émission de télé, et des gens pas toujours d’une grande gentillesse avec elle… C’est ce qu’elle raconte dans son deuxième livre paru cette semaine : les attaques, les soupçons. Certains sont persuadés, à tort, qu’elle a eu un enfant avec son ravisseur… D’autres continuent de penser, à tort, qu’elle protège un réseau pédophile… Mais Natacha Kampusch encaisse, tout en attachant le plus grand soin à sa communication – toujours deux conseillers pour encadrer ses interviews… A la journaliste de L’EXPRESS, elle a répondu tout en se passant du vernis à ongles sur les doigts… A un autre, elle a répondu en faisant du tricot… Une vie gâchée dans l’ombre… Et un bien triste retour à la lumière…

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Triste histoire, également, que celle que nous raconte LIBERATION ce matin… « Incendie de la rue Myrha : les aveux d’un locataire libèrent un SDF écroué depuis un an. » Papier signé Julie Brafman et Willy Le Devin, qui nous racontent donc l’épilogue de l’enquête sur cet incendie qui, en septembre 2015, avait coûté la vie à huit personnes dont deux enfants dans le XVIIIème arrondissement de Paris. « Le suspect n°1 a changé de visage. Vendredi, Mourad S., un SDF de 37 ans, écroué juste après les faits, a été relâché tandis qu’un autre suspect le remplaçait derrière les barreaux. » Ce dernier s’appelle Thibaud, il a 20 ans, et c’est un ancien locataire de l’immeuble. Un jeune homme qui avait manifesté beaucoup d’empressement à témoigner dans la presse au lendemain de l’incendie. C’est aussi lui qui avait aussi organisé une cérémonie d’hommage aux victimes de l’incendie. Incendie dont il était pourtant l’auteur, car il a reconnu les faits… « Il aura donc fallu un coup du sort, pour que Mourad S. recouvre la liberté », commente le journal, avant de citer son avocat : « Combien de temps serait-il encore resté en prison, si un nouveau suspect n’avait pas pris sa place ? » En un an, le SDF n’a reçu aucune visite au parloir, et ses avocats ignorent où il se trouve. Ils n’ont pas été prévenus de sa levée d’écrou. Pour l’informer de ses droits, ils vont donc devoir remettre la main sur lui. Sachant que ce dernier, qui bénéficiera sans doute d’un non-lieu, pourra faire une demande d’indemnisation pour cette année de détention injustifiée… Une année dans l’ombre, une année au trou…

Un autre trou fait d’ailleurs la Une des journaux ce matin… « Le trou de la Sécu sera-t-il enfin bouché ? » C’est la question que pose LA DEPÊCHE DU MIDI… Question suite à l’annonce de Marisol Touraine, la ministre de la Santé. Laquelle a assuré hier que les comptes du régime général de la Sécurité Sociale seraient ramenés à l’équilibre fin 2017… D’accord, mais « à quel prix ? », s’interroge L’ECHO DE LA HAUTE VIENNE, en pointant les économies de ces dernières années : moins de remboursements, et dès lors moins de soins, des hôpitaux saignés à blanc, reculs sociaux sur les retraites… « C’est toute l’ambiguïté de la situation », note Bernard Maillard dans LE REPUBLICAIN LORRAIN : « D’un côté, une annonce rassurante pour l’avenir de la solidarité nationale. Et de l’autre, une aggravation des exclusions et de la pauvreté… Cherchez l’erreur. » « Madame Touraine ne devrait donc pas trop se gargariser », renchérit Bruno Dive dans l’édito de SUD OUEST, précisant que « ce sont d’abord les Français qui ont permis ce résultat en trompe-l’œil : soit en mettant la main à la poche avec des assurances privées, soit en renonçant pour certains à se faire soigner. » « Dommage que l’on ne soit pas plus souvent en période préélectorale », ironise pour sa part Jean-Michel Servent du MIDI LIBRE : « nous aurions chaque jour une excellente nouvelle du gouvernement sortant ! »

Et c’est une autre bonne nouvelle à la Une du FIGARO… Le quotidien détenu par l’avionneur Serge Dassault qui, bien sûr, ne peut qu’applaudir le contrat signé hier entre Paris et New Delhi… Un « contrat historique » pour Dassault Aviation en Inde, titre le journal… L’Inde, qui vient donc d’acheter 36 Rafales… Un nouveau succès à l’exportation, après les ventes conclues l’an dernier avec l’Egypte et le Qatar. C’est le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui a signé le contrat, qui pourrait générer des dizaines de milliers de créations d’emplois dans la filière… Entre 40.000 et 50.000 emplois dans les prochaines années.

Au chapitre politique, on notera également que Manuel Valls semble déjà résigné à la défaite de la gauche au mois de mai prochain… C’est en tout cas ce qu’assure Anne Rovan dans LE FIGARO, qui l’a suivi lors de son déplacement de 24H à Dakar… « Je ne suis pas sûr que l’intelligence l’emportera face au populisme », a-t-il lâché, ajoutant qu’en France, « on peut dire n’importe quoi sans que cela éveille quelque interrogation légitime ». A l’entendre, les socialistes n’auraient plus qu’à attendre la déroute programmée… Et d’ailleurs, selon ma consœur, beaucoup estiment que le Premier ministre contribue sciemment à saboter 2017, afin de jouer plus facilement sa carte en 2022…

Dans un autre domaine – mais la politique n’est pas loin, LE PARISIEN se fait l’écho de « la boulette du fils de Valérie Pécresse »… La président de la région Ile-de-France avait fait de la lutte contre le cannabis un de ses thèmes de campagne pendant les régionales… pas de chance : jeudi matin, son fils de 18 ans a été arrêté en possession de trois grammes d’herbe, alors qu’il s’apprêtait à fumer un joint… Le parquet de Versailles l’a placé en garde à vue… « Ceci ne fait que renforcer ma détermination à lutter contre le fléau de drogue », a rapidement réagi Valérie Pécresse, laquelle souhaite notamment instaurer des tests de dépistage du cannabis dans les lycées de la région… Mais les mésaventures de son rejeton n’ont pas manqué de faire pouffer ses adversaires politiques, à l’instar de la sénatrice écolo Esther Benbassa, qui s’est fendu de ce tweet : « J’invite cordialement Valérie Pécresse et son fiston au colloque que j’organise sur le 10 octobre sur la légalisation du cannabis. »

Dans le même journal, on peut lire – et là, on revient au plan strictement politique – on peut lire qu’Emmanuel Macron a pris sa décision : il sera bien candidat à la présidentielle et devrait l’annoncer entre le 15 novembre et le 15 décembre… Et tant pis si certains pensent qu’il n’a ni la stature, ni les idées, ni le réseau, il se pense mieux placé que François Hollande pour l’emporter… De fait, tout le monde s’accorde à dire qu’il prend bien la lumière…

Mais l’éventualité de sa candidature continue d’agacer très sérieusement François Bayrou… Il le dit dans LIBERATION : « Macron mène une tentative classique de prise de contrôle du centre, mais avec une vision de l’Etat qui n’est pas du tout la nôtre. » Et le maire de Pau de redire que si jamais Alain Juppé, qu’il soutient aujourd’hui, ne remporte par la primaire Les Républicains cet automnes, lui-même se lancera de nouveau dans la course à l’Elysée…

Mais il y a également un candidat du centre déjà déclaré pour la présidentielle : c’est le député Jean Lassalle… Un homme connu du grand public pour avoir entonné un chant béarnais dans l’Hémicycle, mais aussi pour sa grève de la fin en 2006 – c’était pour sauver une entreprise de sa région… Aujourd’hui, Jean Lassalle a quitté le MODEM de François Bayrou et il se présente donc sans le soutien d’aucun parti… Et sans moyens non plus… C’est Audrey Salor qui dresse son portrait dans L’OBS, précisant d’emblée que l’élu des Pyrénées-Atlantiques l’a reçu pieds-nus dans son bureau de l’Assemblée… « J’ai besoin d’un contact tellurique », justifie ce petit-fils de berger, avant d’enfiler les chaussures qui traînent sous son bureau… Il dit ne rien ignorer des rires étouffés qu’il suscite : « On dit que je suis atypique. On me traite même de bouffon ! » Et pourtant, il prévient que sa campagne fera date… Une campagne qu’il a lancée au mois de mars, et pour laquelle il compte s’appuyer sur le Tour de France à pied qu’il a fait il y a trois ans… Une longue marche à l’issue de laquelle il a créé une association, qui compte désormais quelques 5.000 adhérents, parmi lesquels on retrouve un boxeur professionnel, un économiste, un communiquant et un mystérieux amiral… « Moi, j’ai marché tout seul », dit-il. « Macron, il est moins con que moi. Il fait marcher les autres… » Et c’est le 6 octobre qu’il lancera son mouvement, qui sera suivi d’un livre dans lequel il explique qu’il veut « redonner le pouvoir à ceux qui n’en ont pas »… Son projet, ensuite, une fois à l’Elysée : réduire les normes, trop nombreuses… « Et sans doute faudra-t-il que j’avance par ordonnances », précise-t-il, s’y voyant déjà… Mais Jean Lassalle a un problème : « Les trois quarts des Français ignorent que je suis candidat. » Il compte sur ses doigts le nombre d’interviews qu’il a accordées depuis le début de sa campagne… « Même Jacques Cheminade en a eu plus que moi ! »

Ce matin, Les journaux reviennent également sur la peine infligée hier à Jérôme Kerviel… « La justice réduit l’ardoise », titre ainsi LE TELEGRAMME… Initialement fixé à 4 milliards 900 millions d’euros, le montant des dommages-intérêts exigés par la Société Générale a été ramené, hier en appel, à 1 million d’euros… Et la banque qui employait l’ancien trader breton pourrait désormais se voir réclamer par l’Etat la somme de 2 milliards 200 millions d’euros.

Et puis, pour finir, quelques mots du très beau reportage de Vincent Berthe dans le mensuel JAZZ NEWS : « Quand la musique s’invite à la prison ». C’était au printemps dernier : un concert du pianiste et chanteur de jazz Pierre Sibille, devant une trentaine de détenues de la maison d’arrêt pour femme de Versailles. Le musicien raconte sa gêne légère au départ : « Je ne savais pas trop si je devais les regarder… » Et puis rapidement, l’ambiance s’est installée… Hochement de tête et battements de pieds… Dans le public, une femme raconte : « Le plus dangereux, en prison, c’est la déconnection : le risque de perdre tout lien avec l’extérieur… Mais la musique, ça casse les murs ! » Ça casse les murs et les barreaux… Parfois, donc, quand on est à l’ombre, c’est la musique qui peut apporter la lumière…

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