La revue de presse du dimanche, par Agnès Soubiran
"- Alors tu veux démissionner ?
- Non, j'ai juste dit que je me tenais prêt et toi, que fais-tu ?
- Je réfléchis."
C'est David Renault d'Allonnes qui raconte ce matin dans le JDD, la conversation lundi dernier entre François Hollande et Manuel Valls. La suite, on la connait : le renoncement du chef de l'Etat jeudi soir et désormais le vrai faux suspens sur la candidature du premier ministre.
"Départ imminent" annonce le Journal du Dimanche. Le premier ministre devrait annoncer sa candidature à la primaire demain ou au plus tard mardi matin et dans la foulée débarrasser rapidement le plancher de Matignon. Pas question de partir au combat avec la casquette de chef du gouvernement. Valls a tiré les leçons de la cinglante défaite de Lionel Jospin en 2002. Il était alors son porte-parole.
Le président et le premier ministre devrait donc en discuter aujourd'hui ... Mais ce qui semble certain c'est que François Hollande ne consultera pas son actuel premier ministre pour choisir le nouveau locataire de Matignon. Plusieurs noms circulent déjà : Bernard Cazeneuve, Jean Yves Le Drian , Marisol Touraine ou encore Michel Sapin. Objectif pour le président : assurer la continuité de l'Etat pour les 6 mois à venir.
Pour l'heure, l'ambiance est morose dans le camp socialiste. "La belle alliance tourne à la veillée funèbre" titre ce matin le Parisien dimanche. Cette convention nationale autour des petits partis de gauche devait marquer le lancement de la primaire à gauche. Elle a tourné hier aux "funérailles politiques de François Hollande" écrit Nathalie Schuk, de nombreuses chaises sont restées vides notamment celles d'Arnaud Montebourg, Benoit Hamon et Manuel Valls !
Valls sur le départ , Macron attaque !
L'ancien ministre de l'économie s'affiche à la Une du JDD. Une photo d'une sobriété travaillée: fond noir, costume sombre, chemise blanche, regard déterminé et léger sourire aux lèvres.
"J'en appelle à tous les progressistes" dit l'ancien ministre pour qui le vrai clivage aujourd'hui se situe entre progressistes et conservateurs, et non plus entre droite et gauche.
Et c'est justement parce qu'il veut cultiver son côté rénovateur de la vie politique qu'il explique pourquoi il ne se présentera pas à la primaire de la gauche ... qu'il présente comme une querelle de clans. "La primaire, poursuit il, construit des compromis d'appareil mais ne permet pas d'installer une cohérence de programme" . Il ne croit pas un instant qu'Arnaud Montebourg battu soutiendra Manuel Valls ou vice versa. cette primaire, c'est Ok Corral .. L'appel lancé hier par Jean Christophe Cambadélis n'a donc pas été entendu ..
Emmanuel Macron ira seul au combat. Seul mais assuré de nombreux soutiens. "J'ai déjà plusieurs centaines de parrainages d'élus. Je ne vais pas faire de faux suspense. Je suis confiant".
Direction Cuba pour les obsèques de Fidel Castro...
"Ce n'est pas possible, un homme aussi grand dans une si petite boite !"
Le cri du coeur d'une habitante de la Havane venue assister aux funérailles de Fidel Castro. Funérailles qui se déroulent donc aujourd'hui à Santiago de cuba après un périple des cendres de près de 1000 kilomètres à travers l’île .. Un périple des cendres qu'a suivi Annick Cojean pour le Monde. "Le geste se voulait magnifique" écrit-elle. Fidel Castro, incarnation du pays , le parcourait une dernière fois. Un dernier tour de piste pour le maître des lieux, un périple de cendres donc pour celui qui conformément à ses volontés a été incinéré.
Annick Cojean raconte la ferveur de ses milliers de cubains venus spontanément applaudir une dernière fois le leader Maximo. Parmi eux, un homme de 66 ans, habitant Jovellanos, petite bourgade ravagée par un ouragan en 1976. "Fidel Castro est venu lui-même, raconte t'il. Il a tout de suite commandé la reconstruction des maisons". "Avec sa force d'hercule , il aurait pu le faire lui-même. Il se saisissait de poutres comme s'il s'agissait de crayons. rien ne l'arrêtait."
Oui , tout cela était émouvant et bien réel. Mais au fil des jours, les mêmes phares, les mêmes slogans sont revenues dans la bouche de tous les interlocuteurs. Et ces slogans débités avec force au passage des caméras ont introduit un malaise. "Impossible de gratter ce discours convenu", raconte Annick Cojean. Converser plus de deux minutes avec un spectateur attirait immanquablement l'attention et un représentant du ministère de l'Intérieur s'approchait alors l'air de rien. Ou bien un policier. Ou encore un civil, regard fuyant , présence collante...
La machine de propagande tourne à fond. Et en traînant un peu aux alentours, on pouvait observer ces centaines de camions; tracteurs, bus scolaires, cars routiers réquisitionnés pour transporter sur le chemin du cortège des milliers de spectateurs accourus soit disant spontanément.
Une fabuleuse organisation, donc, pour transformer la mort de Fidel Castro en démonstration de force et d'unité du pays. Galvaniser le peuple et resserrer les troupes autour du projet révolutionnaire.
Ultime pirouette du leader Maximo , il avait expressément demandé qu'aucun lieu, qu'aucun monument ne porte son nom après sa mort. Pas de bibliothèque Fidel Castro, pas de place Fidel Castro
Et si nous profitions du dimanche pour réfléchir à notre travail ??
C'est le succès des BD consacrées à la vie de bureau qui nous incite ce matin à prendre un peu de recul.
Dans la foulée du best-seller américain Economix signé Dan Burr et Michael Goodwin, la BD française s'est engouffré dans ce créneau avec bonheur.
Le dessinateur Fix a ainsi publié en septembre Innover sans se fatiguer, Réussir son burn-out ou encore A la recherche du projet perdu. Cet ex diplômé d'HEC et ancien cadre dans un cabinet de conseil croque avec ironie les hipsters de l’entreprise et autres gourous de l'innovation. Beau succès avec 8000 exemplaires écoulés, une réédition est en cours.
Réédition en cours également pour Le monde merveilleux de l'entreprise, 25 000 albums vendus en 2009.
Le Parisien dimanche publie un des dessins de Voutch : une salle de réunion, avec 6 cadres costumes cravates teint blême. "Personne ne sortira de cette pièce dit le patron vers qui tous les visages sont tournés, avant que nous n'ayons pu répondre à ces deux questions: Qui a organisé cette réunion ? Dans quel but ??"
Et pour réfléchir aux attentes des travailleurs, le JDD publie en avant-première les résultats d'une enquête menée par le groupe d'intérim Adecco sur les aspirations de ceux qui ont choisi de travailler sans être salariés. Ces nouvelles formes d'emploi se multiplient : auto entrepreneur, co worker, télétravailleur ou indépendant.
Premier enseignement : les travailleurs insistent sur la nécessité de construire de nouveaux droits pour éviter les abus. Mais une fois ce cadre assuré, ces nouvelles formes de travail permettent un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle et offre une diversité de missions.
Le président d'Adecco interrogé dans le JDD regrette que les politiques n'aient pas encore pris la mesure des changements en cours dans le monde du travail. Les métiers vont évoluer rapidement estime Christophe Catoir, avec d'énormes enjeux de transformation de compétences et de formation. Mais pour l'instant les programmes manquent de propositions concrètes... Avis aux candidats !
A découvrir à présent le hors série de Télérama sur la grande vague du cinéma d'animation.
"Objets inanimés avez vous donc une âme" demandait Lamartine en retournant sur les lieux de son enfance. Film après film, le cinéma d'animation est une réponse possible à cette question poétique, écrit le professeur de philosophie Thibaut de Saint Maurice en préambule de ce hors-série de Télérama dont France Inter est partenaire. Il faut donc revenir régulièrement au cinéma d'animation. Surtout lorsqu'on est grand. Il faut y revenir sincèrement parce qu'il nous raconte quelque chose du cinéma et du monde qu'il est le seul à pouvoir nous raconter comment la vie vient à la matière. Son enjeu n'est pas seulement technique ou esthétique: il est métaphysique ! Nous voilà prévenus !
Mais c'est sur le plaisir et le bonheur que procure ce cinéma qu'il faut ici insister.
Ce hors-série explore tous les genres sur tous les continents de ce foisonnant cinéma d'animation qui depuis Paul Grimault et les premiers Walt Disney a formidablement évolué. Grâce à ce coquin de Pixar, les amateurs n'ont même plus besoin d'un petit neveu à distraire pour s'enfoncer dans les salles obscures... Miracle Kirikou à l'orée des années 2000, poésie de Miyasaki, folie des minions, aquarelle légère de Jean François Laguionie ou loufoquerie d'un Shaun le mouton ..
Revenir à l'animation n'est pas nous éloigner de nous mêmes conclut Thibaut de Saint Maurice mais bien au contraire retrouver l'essentiel: le battement simple et mystérieux de la vie.
Petite recette pour ce dimanche : Courgette, Tortue rouge, ratatouille, brise japonaise, embruns français et flocons de neige américains .. sans oublier une danse avec la Bête, une course de vélo à Belleville et un voyage Là haut !
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