Macron et Millepied, même combat…
Macron et Millepied, même combat…
Et d’abord, une question : qui parle ? Qui donc, dans la presse, ce matin, prononce les phrases suivantes ?
« C’est moi qui ai choisi de démissionner de mon poste. Une décision difficile, que j’ai prise en toute conscience. Je n’avais pas accepté la mission pour le prestige, mais pour apporter un changement sur le long terme. J’ai compris que les choses ne pourraient pas se passer comme je l’envisageais. Il fallait donc que je parte. Même si je regrette que l’aventure n’ait pas duré plus longtemps. Mon énergie, j’ai préféré l’engager dans un projet qui est entièrement le mien. »
A la lecture de ces propos, on songe évidemment à Emmanuel Macron. Et pourtant, non, il s’agit du danseur et chorégraphe Benjamin Millepied, qui revient pour la première fois depuis sa démission sur les raisons qui l’ont poussé à quitter l’Opéra de Paris. C’était il y a six mois, et c’est au JDD qu’il se livre aujourd’hui... Cependant, à la Une du journal, c’est bien une grande photo d’Emmanuel Macron… Grande photo, et longue interview, mais finalement, ce qu’il explique n’est pas très différent de ce que dit Benjamin Millepied.
En l’occurrence, il assure qu’il veut « changer la politique » – c c’est le titre à la Une. Dénonçant « le cynisme du système politique », il affirme – à l’instar de Benjamin Millepied – qu’il a vraiment tout tenté quand il était à son poste. « Je n’ai pas arrêté d’essayer, de proposer, de pousser, mais si l’on veut réussir, on ne peut pas faire les choses à moitié, et malheureusement on a fait beaucoup de choses à moitié… » Les choses à moitié : tacle à François Hollande. Mais Nicolas Sarkozy en prend également pour son grade. Il l’accuse de représenter « la brutalité politique » et de porter une vision de « rabougrissement de la France »... Soit, mais après ? Est-il candidat à l’Elysée ? A-t-il quitté son ministère pour se lancer dans cette campagne ? Sur cette question, comme sur d’autres, il reste pour l’heure très flou, se contentant d’affirmer que son objectif est que « les idées progressistes » soient présentes au deuxième tour et que son mouvement veut rassembler « en dehors des partis »… Sans doute en dira-t-il davantage ce midi… Il est l’invité de la nouvelle émission politique de Nicolas Demorrand sur France Inter. En tout cas, si l’on en croit LE PARISIEN, il a réussi sa sortie. Un sondage ODOXA révèle que les ¾ des Français estiment qu’il a eu raison de quitter le gouvernement.
La presse revient également sur le campus du parti LES REPUBLICAINS, où est attendu aujourd’hui Nicolas Sarkozy, lequel est ces temps-ci victime de « cybersquatting »… Alors, c’est quoi, le « cybersquatting » ? C’est ce que nous explique Clément Ghys dans M, LE MAGAZINE DU MONDE : il s’agit d’une pratique qui consiste à acheter les noms de domaines internet inutilisés par des institutions ou des personnalités, et ce, afin de les transformer en espaces de parodie. C’est ainsi que des petits malins ont acheté l’URL « tout pour la France point net » - « Tout pour la France », titre du dernier ouvrage de Nicolas Sarkozy. Or quand on tape ces mots sur son ordinateur – « tout pour la France point net », on arrive sur un site de vente de nains de jardin. Et si jamais l’on tape « Sarkozy 2017 point com », on se retrouve cette fois sur un site recensant les différentes casseroles de l’ancien président, à commencer par l’affaire Bygmalion.
Une affaire dont l’un des principaux protagonistes est d’ailleurs à la Une du COURRIER PICARD ce matin : Jérôme Lavrilleux, ex-collaborateur de Jean-François Copé, qui a plusieurs fois mis en cause la responsabilité de Nicolas Sarkozy dans le dérapage financier de sa campagne de 2012. Dans les colonnes du journal, il continue de l’étriller : « Il faut que justice passe », dit-il.
Les coups pleuvent, en ce moment, pour l’ex-chef de l’Etat, qui s’exprimera donc ce dimanche au campus de La Baule, et qui chasse déjà sans s’en cacher les voix des chasseurs. Dans un entretien à paraître demain dans le mensuel NOS CHASSES, il propose, je cite, « un contrat de confiance » aux chasseurs, mais aussi des réformes qui leur permettront de « vivre pleinement leur passion ». Il suggère notamment qu’à l’avenir, les sujets liés à la chasse incombent au ministère de l’Agriculture, et non plus à celui de l’Environnement. Aujourd’hui, la France compte 3 millions de chasseurs, et quasi autant d’électeurs. Un sacré vivier de voix.
Des chasseurs d’ailleurs à la peine dans certaines régions, comme l'explique LE MIDI LIBRE. « Leurs efforts ne suffisent plus, et les dégâts se multiplient. » Les efforts des chasseurs pour tuer des sangliers… « Les sangliers pullulent, les paysans enragent », résume le journal.
Et puis, si l’on devait décerner une palme à un homme politique ce matin, ce serait la palme de la phrase la plus polémique, la plus maladroite, et, pour tout dire, la plus gênante... Et c'est à Bruno Le Maire, qu'elle revient, cette palme. Hier, devant les militants Les Républicains à la Baule, le candidat à la primaire est intervenu en toute fin d'après-midi. Un discours dans lequel il a notamment appelé à "se débarrasser de François Hollande". Du classique, jusque-là, ainsi que le relève LE HUFFINGTON POST. Mais le député de l'Eure a également tenu à s'exprimer sur la question du burkini, et pour dire tout le mal qu'il pense de ce vêtement, Le Maire a lancé : « Nos femmes ont vocation à être visibles, pas dissimulées. » Et c'est l'adjectif possessif qui a fait réagir sur les réseaux sociaux, certains, et surtout certaines, y voyant une forme de sexisme. Indignation de Cécile Duflot et de Laurence Rossignol, la ministre des Droits des femmes. « Nos femmes, je rêve », a tweeté la première. « Nos femmes, nos gens », a tweeté la seconde... « Et nos chevaux aussi, tant qu'on y est ! », a tweeté pour sa part l'animatrice télé Valérie Damidot. Et nos vaches, et nos sangliers…
A propos de sexisme, le site NOUVELLES NEWS épingle par ailleurs le mensuel MANAGEMENT, lequel, au milieu de rubriques entièrement à la gloire des hommes qui savent manager, propose une unique page consacrée aux femmes. En l'occurrence, une page de conseils en matière de look, avec des accessoires et des fringues hors de prix. Et un exemple à ne pas suivre : celui de Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-Fance. Photo de l'intéressée : mais quelle faute a-t-elle donc commise ? Faute grave, selon le magazine : Valérie Pécresse a été prise en flagrant délit d'absence de maquillage. L'esprit "zéro maque-up" : à proscrire d'après MANAGEMENT. Dans la presse, comme en politique, le machisme n'a décidément pas de limite.
D’autres histoires un peu gênantes dans les journaux, ce matin...
A commencer par celle de l’espion qui parlait trop. Il s’appelle Bernard Barbier, il fut un personnage central de la DGSE pendant dix ans, et à l’occasion d’une anodine réunion d’anciens élèves d’une grande école d’ingénieur, il a livré, bavard, quelques secrets d’Etat… C’était au moins de juin, et la conversation a été filmée par l’un des participants. Jacques Follorou, du MONDE a pu prendre connaissance de la vidéo, et il en livre les détails dans les colonnes du journal. Confessions d’un maître de l’espionnage, qui vraisemblablement n’a pas pris la mesure des informations qu’il donnait… Bernard Barbier a ainsi confié comment la France a monté ses équipe de « hacking » et créé son propre logiciel « malveillant » - un système baptisé « Babar ». Il a confié comment les révélations d’Edward Snowden ont aidé la France à se protéger de l’espionnage des Américains. Et, surtout, il a confirmé que les Etats-Unis avaient bien espionné le palais de l’Elysée, par le biais de logiciel glissés sur Facebook par la NSA… « Obama avait bien espionné Sarkozy », commente LE PARISIEN, qui précise que les confidences de Barbier permettent d’éclairer un sombre épisode de surveillance qui s’est joué en 2012. Confidences explosives, qui, selon LE MONDE, ont beaucoup agacé au sommet de l’Etat…
Un peu de gêne, aussi, à la lecture de différents articles consacrés à la canonisation de Mère Térésa. Articles que résume Maxime Bourdier sur le site HUFFINGTON POST. « Le pape proclame une sainte aux parts d’ombre controversées », écrit-il. Bonté, générosité, altruisme : autant de qualités qui viennent en tête lorsqu'on pense à Mère Teresa. Et qui font dire: "Je ne suis pas Mère Teresa" à ceux qui admettent leurs imperfections. Pourtant, la figure de Mère Teresa recèle aussi des parts d'ombre qui ont égratigné son mythe. Il y a sa vision ultraréactionnaire et fondamentaliste sur les thèmes de société… En 1994, elle avait ainsi déclaré : « La plus grande menace pour la paix aujourd'hui, c'est l'avortement, parce qu'il s'agit d'une guerre contre l'enfant, du meurtre direct d'un enfant innocent, d'un meurtre par la mère elle-même ». Comme le note TEMOIGNAGE CHRETIEN, Mère Teresa avait une vision « en retard sur les textes officiels de l'Eglise », notamment sur la question de la sexualité. Mais elle a aussi été critiquée pour ses velléités prosélytes, accusée par certains en Inde d’avoir voulu convertir ceux qu’elle aidait. D’autres ont dénoncé ses liens avec l’Opus Dei, de même qu’avec le dictateur haïtien Jean-Claude Duvalier. Et puis il y a ceux qui l’accusent d’avoir glorifié la souffrance des miséreux auxquels elle portait assistance… Manque d’hygiène, manque de soin : elle ne leur donnait que de l’aspirine et des vitamines. Elle disait qu’elle les admirait de « souffrir comme le Christ »…
Enfin, plus léger, mais là aussi, il est question de situations gênantes... Au concert ou au cinéma, ou bien dans une salle de théâtre, quelqu’un consulte son téléphone portable, vous avouerez que c’est gênant… Eh bien les Chinois semblent avoir trouvé la parade : c’est le sabre laser. Chaque fois qu’un spectateur est surpris dans une salle en train de consulter son appareil, un ouvreur lancer vers lui un éclair lumineux. Résultat : la honte absolue. Et l’intéressé range, du coup, illico sa machine… « Laser contre portable, la guerre est déclarée », rapporte Pierre-Philippe Berson dans le quinzomadaire SOCIETY. Et il précise que la pratique n’a pas que des avantages. Ainsi, lors du dernier concert du pianiste Lang Lang dans la capitale chinoise, il y avait tellement de spectateurs voulant prendre des photos du prodige – des photos avec leur portable – que les ouvreurs étaient débordés. Ils ont donc mitraillé dans tous les sens, zébrant la scène de faisceaux lumineux, ce qui a, paraît-il, beaucoup gêné l’artiste… Et quand il y a de la gêne, il n’y a pas forcément du plaisir.
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