La revue de presse de Frédéric Pommier

France Inter
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Loi du talion, loi de la jungle, loi de Murphy…

Loi du talion, loi de la jungle, loi de Murphy…

Œil pour œil, dent pour dent. Ce précepte, on l'appelle la loi du talion. Mais il arrive que certains choisissent une attitude inverse, et même totalement opposée, comme en témoigne le portrait que signe Adèle Smith, ce matin, dans les colonnes de L'EQUIPE. Portrait du nageur sud-africain Achmat Hassiem, qui défend les couleurs de son pays lors des JO paralympiques de Rio. S'il concourt parmi les athlètes handicapés, c'est parce qu'il n'a qu'une jambe... En l'occurrence, la gauche. Il s'est fait amputé de la droite il y a dix ans, après une attaque en mer par un requin. Un requin blanc de près de 5 mètres. Et pourtant, raconte-t-il, « Je n'ai aucun grief contre lui. Il faisait son job de requin, et il ne pouvait pas savoir que c'était ma jambe qu'il avait dans la gueule. » Et ce fils de pêcheur poursuit : « Seules cinq à six personnes sont tuées chaque année par des requins. Et vous savez combien de requins sont tués par les hommes ? 100 millions tous les ans ! » Aujourd'hui, il a donc totalement pris fait et cause pour celui qui lui a pourtant fait perdre sa jambe droite. L'athlète de 34 ans est devenu l'un des principaux défenseurs des requins blancs. L'an dernier, il a même été décoré par l'ONU pour son travail sur la conservation des océans.

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Œil pour œil, dent pour dent, et puis, surtout, bien pire encore. Aucune loi pour justifier les actes terroristes – si ce n’est la loi des terroristes… Toute la presse, ce matin, revient sur l'attentat déjoué en France cette semaine... « Un terrorisme au féminin », ainsi que le titre LE MONDE, lequel décrit, par le menu, la dérive des femmes djihadistes. Quatre femmes mises en cause dans le commando démantelé, et, d'après ce qui ressort des premières auditions, ce n'est pas le quartier de Notre-Dame qu'elles visaient au départ avec leur voiture piégée, non : leur cible première, c'était la tour Eiffel.

Alors, donc, face à cela, que faire ? Eh bien Nicolas Sarkozy pense qu'il a les solutions. Photo pleine page de l'ancien chef de l'Etat à la Une du JDD, dans lequel il expose son « plan contre le terrorisme ». Tout d'abord, il accuse son successeur de ne pas en faire assez, de ne pas « tout mettre en œuvre » face à la menace. « François Hollande, dit-il, restera comme le président du renoncement national » et, aujourd'hui, « notre riposte doit changer de dimension ». Suite à quoi il détaille différentes mesures, que le journal présente comme des "propositions choc".

Il veut ainsi expulser du pays tout étranger suspecté de lien avec le djihadisme. Il souhaite aussi enfermer toutes les personnes "fichées S". Un placement en rétention préventif, sachant que « dans la Constitution, dit-il, il existe un principe de précaution. Pourquoi donc la lutte contre le terrorisme serait le seul sujet sur lequel on ne l'appliquerait pas ? »

Et tant pis si le procureur de Paris François Molin s'est dit hostile à cette idée, la jugeant "absolument impossible"... « C'est le socle de l'état de Droit. On ne peut pas détenir quelqu'un avant qu'il ait commis une infraction », soulignait-il la semaine dernière. Autrement dit : on ne peut pas faire "dent pour dent", tant qu'il n'y a pas eu "œil pour œil". « Mais un procureur peut-il interférer dans le débat politique ? Je ne le crois pas », lui répond ce matin Nicolas Sarkozy, qui se présente comme le « porte-parole de la majorité silencieuse, celle qui dit 'ça suffit' ».

Appliquer le principe de précaution au terrorisme : voilà donc son crédo. Et il propose aussi de réorganiser l'ensemble de la justice : créer une cour spéciale de même qu'un parquet national antiterroriste – des propositions, elles aussi, critiquées par le procureur François Molin – et dans les prisons, l'ancien président préconise des quartiers spécifiques pour les radicalisés condamnés. Mais en l'occurrence, de tels quartiers existent déjà. Et d'ailleurs, Jean-Jacques Urvoas, le ministre de la Justice, annonce, dans le même journal, le renforcement de la sécurité dans ces unités de prévention de la radicalisation. Dès demain, les changements de cellules se feront plus fréquemment. Et les gardiens devront multiplier les fouilles. De plus, les effets personnels des détenus seront limités, afin de réduire le nombre de caches potentielles…

Comment donc éviter de nouveaux attentats ? Comment faire plus ? Comment faire mieux ? On sait que ces questions seront dominantes dans les débats de la présidentielle, et selon Hervé Gattégno, c'est dans cette perspective qu'il faut lire les propos de Nicolas Sarkozy. « En entrant en campagne, sa première intention était de susciter le débat autour de lui, fut-ce au prix de la polémique, voire de la provocation. » Aujourd'hui, il jubile d'y être en partie parvenu... « Et la deuxième étape consiste d'évidence à se poser désormais en garant du retour à l'autorité et la fermeté, pour tout à la fois rompre avec la politique de François Hollande, désamorcer les incantations de Marine Le Pen et faire passer la modération d'Alain Juppé pour de l'indécision. » Juppé, dont il moque d'ailleurs le "rêve" d'une identité heureuse : « Plutôt que de rêver, dit-il, je préfère être lucide et agir pour résoudre vraiment les problèmes »… En somme, conclut l'édito du JDD : « Son plan contre le terrorisme est également un plan contre ses adversaires politiques. »

Et cette fois, la primaire de la droite est vraiment lancée. Depuis vendredi soir, quand les différents candidats ont déposé leurs parrainages. A priori, ils seront donc huit à concourir pour décrocher l'investiture du parti, et pour tous, un premier débat télé le 13 octobre. D'ici là, chacun va tenter d'occuper l'espace, ainsi que le détaille LE JOURNAL DU DIMANCHE… Meeting de Jean-François Copé aujourd'hui au Cannet, meeting d'Alain Juppé mardi à Strasbourg, présentation du cadrage financier du programme de François Fillon mercredi, puis présentation des mesures chiffrées de Bruno Le Maire le week-end prochain. Et déjà, des négociations qu'on annonce assez compliquées sur le déroulement des quatre débats télé organisés : il leur faudra se mettre d'accord sur la durée, sur le décor ou encore sur la possibilité de s'interpeller entre eux, avec une priorité résumée par un filloniste : « On va essayer d'éviter la grosse castagne ! »

En revanche, François Hollande, lui, semble prêt pour la castagne. C'est du moins ce qu'ont ressenti ses proches jeudi dernier, à l'issue du discours qu'il a tenu salle Wagram. Discours dans lequel il n'a pas hésité à tirer à boulets rouges sur l'idée de la France proposée par la droite – et, en premier lieu, par Nicolas Sarkozy. Discours qu'à l'Elysée, on a même pompeusement baptisé "le discours de Wagram", s'amuse Anna Cabana, en décrivant le soulagement de ceux qui, malgré tout, et surtout malgré les sondages, continuent de le soutenir. L'un deux confie que le président de la République a enfin montré que « la bête de combat avait fini d'hiberner »... Quant à Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire général de l'Elysée, qui a dîné avec Hollande le soir de son discours, il l'a trouvé galvanisé par sa prestation de la journée, et il dit qu’il ne l’avait pas vu aussi en forme depuis longtemps. « J'ai été à la bonne hauteur », a résumé l'intéressé en petit comité. Mais à présent, « il faut que les militants et les élus suivent », insiste un de ses conseillers, tandis qu'un élu, justement, soupire que « tout ça, c'est très bien », mais que maintenant, « c'est trop tard »…

Autres citations politiques, à lire, cette fois dans LE MONDE, qui propose un portrait-chinois de l'ancien ministre Arnaud Montebourg, candidat déclaré à la présidentielle. « Si vous étiez un personnage ? », lui demande le journal. Réponse : « André Malraux quand il écrit 'Les Chênes qu'on abat'... Comme de Gaulle, Malraux sait parler comme la France. » Autre question : « Si vous étiez un mot à la mode mais insupportable ? » Et là, Montebourg rétorque : « Les sans-dents »… La politique, souvent, c'est la loi de la jungle.

L'immobilier aussi, d'ailleurs. Et parfois, on est même victime d'escroquerie. Ce matin, LE PARISIEN confirme les infos parues cette semaine dans CLOSER : la fille cadette du président, Flora Hollande, a été flouée par le prétendu propriétaire d'un appartement parisien, qu'elle pensait avoir loué 1.200 euros par mois. Après lui avoir envoyé son dossier de location, il a exigé d'elle 2.400 euros, le montant de deux loyers pour pouvoir accéder à son nouveau logement. Elle a versé l'argent, mais elle n'a jamais pu récupérer les clés quand avec sa mère, qui s'était portée caution, elle est venue pour déposer quelques cartons. Escroquerie à la location. C’est apparemment de plus en plus courant ces temps-ci. La PJ parisienne est chargée de l'affaire.

Et puis c'est demain qu'Emmanuel Macron a prévu de pendre la crémaillère – actu décidemment très politique ce matin… L'ex-ministre de l'Economie va inaugurer les locaux du QG de son mouvement "En marche !" : 300 mètres carrés, au 14ème étage de la Tour Montparnasse. Emmanuel Macron qui, nous apprend le JDD, a récemment petit-déjeuné avec deux prêtres influents du diocèse de Versailles. Les curés Pierre Amar et Pierre-Hervé Grosjean, lesquels avaient participé aux défilés de la Manif pour tous contre le mariage homosexuel. Une rencontre discrète, mais dont l'hebdomadaire se fait tout de même l'écho.

Et puis, pour terminer, un mot de la Une du LE PARISIEN, qui s'intéresse aux nouveaux programmes de nos chaînes de télé. Des programmes qui, visiblement, ont du mal à séduire. Canal +, tout comme France Télévision sont déjà à la peine et les émissions inédites ont réalisé une première semaine absolument épouvantable. « Télé : une rentrée sans pitié » - c'est le titre à la Une. Entre moins 20% et moins 58% de téléspectateurs pour les après-midi de France 2 et, sur Canal+, encore pire : jusqu'à moins 65% pour "Le Grand Journal" de Victor Robert... Quand Vincent Bolloré avait décidé de remplacer Antoine de Caunes par Maïtena Biraben, l’audience avait plongé… Quand il replace Maïtena Biraben par Victor Robert, l’audience plonge encore… C’est un peu comme avec la tartine beurrée… Elle tombe toujours du côté beurré… Ce qu’on appelle la loi de Murphy.

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