la revue de presse du 12 décembre

France Inter
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Quelques personnes formidables…

Paul Duan est un jeune homme formidable et c'est parce qu'il est formidable que le quinzomadaire SOCIETY lui consacre aujourd'hui sa Une. Il a 23 ans, l'allure de Monsieur Tout-le-Monde, il est fils d'immigré chinois, il a grandi à Trappes, et s'il n'est pas encore connu du grand public, les politiques se l'arrachent, nous explique le magazine, qui le surnomme « le petit génie qui peut vaincre le chômage en France » ... C'est en tout cas son projet - ambitieux projet : réduire le taux de chômage de 10%, et ce, uniquement grâce aux mathématiques : un simple algorithme qui pourrait, du reste, faire économiser à l'Etat plusieurs milliards d'euros par an.

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Portrait, donc, du petit génie, sous la plume de Vincent Berthe et Anthony Mansuy. Ses parents quittent la Chine après les événements de la place Tiananmen – l’armée chinoise qui assassine le mouvement étudiant. Eux-mêmes sont alors étudiants, promis à de belles situations, mais quand ils débarquent en France, ils doivent alors tout recommencer. Découvrir une nouvelle langue, vivoter de petits boulots. Un déclassement social, mais un gosse qui brille à l'école... Très tôt, Paul Duan apprend à lire tout seul, et il devient rapidement l'attraction de la cour de récré : « Les plus grands venaient le tester, lui poser des colles de calcul » , se souvient aujourd'hui sa mère, en précisant qu'elle n'a jamais voulu le mettre dans une institution pour surdoués. Parcours d'élite néanmoins : un lycée réputé, puis Sciences-Po, puis l'université de Berkeley, où lui vient donc l'idée d'utiliser la science des données pour le bien commun, le bien de l’humanité !

Installé aux Etats-Unis, Paul Duan crée son entreprise, une start-up ONG, à but non lucratif, qui s'emploie donc à composer des algorithmes destinés à transformer les sociétés. « Nous voulons, confie-t-il, devenir l'ONU des nouvelles technologies. » Et c'est ainsi qu'au mois de septembre, en rencontrant François Hollande, le jeune trappiste l'interpelle et lui lance : « Monsieur le président, j'ai les compétences pour réduire le chômage. » Ont suivi des rencontres à Bercy, avec Axelle Lemaire, Emmanuel Macron et Myriam El Khomri, la ministre de l'Emploi, à qui il a donc expliqué son idée : créer une interface, totalement en libre-service, qui mêlerait mathématiquement l'ensemble des données du marché du travail : les postes à pourvoir et les CV des chômeurs, leur situation géographique, la typologie des métiers... Il espère désormais obtenir les moyens financiers de mettre en pratique sa théorie. Et c'est donc à lire dans SOCIETY.

En politique aussi, d'ailleurs, tout est question de mathématiques. Tous les journaux, bien sûr, ce matin, s'intéressent au second tour des élections régionales qui aura lieu demain. Avec donc l'analyse des rapports de force dans chacune des régions. « Les reports de voix, l'une des clés de cette élection » , titre ainsi L'EST ECLAIR, tandis que LIBERATION nous explique que depuis l'annonce des résultats du premier tour, les commissariats ont fait face à un afflux de demandes de procurations.

Dans LE FIGARO, vous lirez par ailleurs que le physique des candidats n'est pas sans influence sur les électeurs. Ceux dont le visage est harmonieux auraient apparemment plus de chance de séduire et ceux qui portent des lunettes plus de chances d'être perçus comme compétents. C'est en tout cas la conclusion de plusieurs études scientifiques, que révèle le journal. Mais bon, fallait-il vraiment mener de telles études pour arriver à de telles conclusions : les beaux plaisent davantage et les lunetteux font sérieux... Et puis, comme nous ne pouvons pas détailler les enjeux, je vous dirais juste que le mot ‘scrutin’, dans le dictionnaire, se situe entre les mots ‘scull’ et ‘scrupule’. Le scull, c'est un bateau d'aviron de compétition monté en couple. Quant au scrupule, c'est une inquiétude de conscience, une hésitation inspirée par une grande délicatesse morale... En l'occurrence, ces jours-ci, ‘scrupule’ et ‘scrutin’ semblent aller franchement de pair, ainsi qu'on peut le lire dans M, LE MAGAZINE DU MONDE.

Dans M, on peut lire aussi le portrait d'une vieille dame formidable. Elle s'appelle Danielle Mérian, et c'est une ancienne avocate âgée de 77 ans. Et c'est parce qu'elle est formidable que l'hebdomadaire a choisi de faire son portrait cette semaine, sous la plume de Pascale Robert-Diard... Danielle Mérian, c'est cette parisienne, habitant près du Bataclan, devenue en quelques heures la star des réseaux sociaux, après avoir été interrogée, par la chaîne BFMTV, dans un sujet réalisé au lendemain des attentats. Une interview de 28 secondes qui a ému la terre entière. « C’est très important d’apporter des fleurs à nos morts, c’est très important de voir plusieurs fois le livre d’Hemingway ‘Paris est une fête’ d’Hemingway, parce que nous sommes une civilisation très ancienne et nous porterons au plus haut nos valeurs et nous fraterniserons avec 5 millions de Musulmans qui exercent leur religion librement et gentiment et nous nous battrons contre les 10.000 barbares qui tuent soi-disant au nom d’Allah. »

Ce sont donc ces mots de fraternité et de paix qui ont bouleversé des centaines et même des milliers d'internautes, qui se sont ensuite cotisé pour lui envoyer des fleurs. Mais ils ont obtenu bien davantage qu'espéré : pas loin de 16.000 euros, que Danielle Meiran a promis de redistribuer à des associations. Car derrière cette figure fugace de la télévision, c'est une véritable humaniste qu'a rencontrée la journaliste du MONDE. Une militante de toujours des droits des femmes et de la liberté. Un symbole de la résistance, qui à elle seule, en 28 secondes, a donc relancé les vente de Paris est une fête. Lisez ce portrait... C'est une femme formidable.

Lire également, sur le sujet, le témoignage de Lucie dans les pages de LIBERATION. C'est son journal de bord : le journal de bord d'une rescapée des attentats au Bataclan.

Samedi 14 novembre : « Je n’ai pas versé une larme, je n’avais pas de haine contre les terroristes, se rappelle-t-elle. Je me disais plutôt : mais c’est impossible, c’est incroyable. Je ne comprenais pas comment j’avais réussi à sortir de cette salle. »

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Lundi 16 novembre : L’étudiante en droit à Sciences-Po Paris se force à retourner en cours pour « récupérer un rythme de vie normal le plus vite possible » . Sous le regard de son père, qui l’a déposée en scooter devant l’université, Lucie doit montrer plusieurs justificatifs avant de passer la sécurité et d’accéder au bâtiment. Mais sa carte d’étudiante est restée au Bataclan.

Mardi 17 novembre : « Un expresso, s’il vous plait ! » D’habitude, Lucie préfère les allongés, mais ce jour-là, il faut faire vite. Après de longues hésitations, elle s’est forcée la main pour aller prendre un café en terrasse avec une amie. « Je ne suis pas restée longtemps, je n’étais pas très bien » , se souvient-elle.

Mercredi 18 novembre : Un klaxon, une porte de voiture qui claque, une grille de garage qui grince, des gens qui crient, une sirène, le moindre éclat sonore est un coup de massue. Depuis les attentats, Lucie ne supporte plus la solitude et s’arrange pour se déplacer accompagnée.

Mercredi 25 novembre : Impossible de dormir. Depuis les événements, Lucie prend des somnifères à base de plantes, mais ce soir, ils sont inefficaces, elle a l’impression d’être « de nouveau là-bas »

Vendredi 27 novembre : Lucie est scotchée devant la télé, elle regarde avec sa mère la cérémonie des hommages officiels. « Je me sentais concernée, et en même temps je ne me disais pas que l’hommage était pour moi non plus. » Quand vient l’énumération des noms des victimes, la jeune fille ne peut s’empêcher cette fois de pleurer. « A un moment, je me suis dit qu’il aurait très bien pu dire mon nom, là, maintenant… »

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Jeudi 10 décembre : « La psychiatre a dit quelque chose de très juste aujourd’hui. Avant, tout était abstrait, léger. J’ai l’impression que d’avoir été confrontée à la mort a ancré ma vie dans le réel. Elle l’a mieux formulé, mais sur le coup, ça m’a paru évident. »

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Comment vivre après les attentats ? Dans LE PARISIEN, vous lirez qu’hier, des collégiens de la capitale ont fait un exercice de confinement. Tous sous les tables et loin des fenêtres… A certains élèves, on a fait croire qu’il s’agissait d’exercices de préparation en cas de grosses tempêtes… Mais tous ont compris qu’il s’agissait d’apprendre à se protéger en cas d’attaque terroriste. Tous les établissements scolaires doivent organiser de telles simulations depuis les attentats.

Et puis, toujours dans LE PARISIEN, vous lirez que les sites de vente en ligne profitent du climat actuel… On annonçait des chiffres moroses, mais à l’approche de Noël, de nombreux clients qui désertent les grands magasins ont choisi de se replier sur internet. Et donc les ventes de cadeaux explosent sur internet.

Toute la presse attend par ailleurs de connaître les conclusions de la COP21. Conclusions dont on dit qu’elles ne seront pas formidables, mais un texte d’accord final sera tout de même présenté ce matin, à 11 heures 30 heure de Paris, et les éditorialistes ne manquent pas de s’interroger sur ce qu’il contiendra… Ainsi Raymond Courraud, dans L’ALSACE : « Les Occidentaux ont du mal à freiner leurs industries, et l’environnement est une notion totalement inconnue dans les pays où la faim – la faim, F.A.I.M. – mériterait plus de moyens. Une fois encore, le tiers-monde tend la main et les plus riches finiront par donner, la question est de savoir combien. » Réponse à 11H30. Quant à Jean Levallois, dans LA PRESSE DE LA MANCHE, il estime que « Quel que soit le résultat, il convient de saluer l’énorme travail réalisé par la présidence française de la Conférence de Paris. »

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Autre cocorico en manchette du FIGARO : les chefs français sont formidables ! Cette semaine, le Quai d’Orsay rendra public le classement du top 1.000 de la gastronomie mondiale. Or 5 chefs tricolores figurent parmi les 10 premiers.

Enfin, à la Une de TELERAMA : la double vie de Franck Sinatra… Star absolue dans les années 1940, ringard dix ans plus tard, il a su reconquérir aujourd’hui sa place de crooner… Coureur et proche de la mafia, je ne sais pas si l’on peut dire que Sinatra était une personne formidable. Reste qu’il aurait eu 100 ans ce samedi et que, pour l’occasion, France Musique lui consacre une journée spéciale. Car, quoiqu’on pense de lui, Sinatra avait une voix formidable…

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