Des questions, peu de réponses…
« Alice, mon amour, veux-tu m'épouser ? » Ce n'est pas moi qui pose la question. Je ne connais pas d'Alice, non. L'homme qui fait ainsi sa demande en mariage porte le prénom de Nans – c’est Jean, en provençal – et c'est dans LIBERATION qu'il s'adresse ainsi à sa belle. Une page entière de doux messages, à l'occasion de la fête de la Saint-Valentin, que certains amoureux célèbreront demain. « Hervé, j'ai adoré ces dix ans avec toi. Encore ! » , écrit ainsi Lucie. « Quel bonheur d'avoir divorcé » , s'exclame une autre - ou bien "un" autre ; ce message n'est pas signé – « quel bonheur car je vais enfin pouvoir te courtiser comme tu le mérites, et comme ton empressement m'a empêché de le faire la première fois ! » Des mots d'amour et donc, cette question en troisième colonne : « Alice, veux-tu m'épouser ? » Je ne connais pas Alice, mais j'espère qu'elle va répondre "oui" à Nans, et comme ça, Nans sera heureux. Et Nans, du coup, répondra "oui" à la question que pose à sa Une ce matin LE HAVRE LIBRE : « Êtes-vous heureux en amour ? » Si l'on en croit l'enquête dont se fait également l'écho LA DEPECHE DU MIDI , la réponse est d'ailleurs majoritairement positive : « Les Français croient toujours en l'amour » , titre le quotidien, s'appuyant donc sur ce sondage de l'institut BVA : plus des trois quarts des personnes interrogées se déclarent satisfaites par leur vie sentimentale.
« Alice, veux-tu m'épouser ? » « Êtes-vous heureux en amour ? » Des questions essentielles, ce matin, dans les journaux. D'ailleurs, la presse, recèle foultitude d'interrogations.__ Par exemple dans LE FIGARO ECONOMIE : « Faut-il craindre un krach sur les places boursières ? » Presque 14% de baisse sur l'indice CAC 40 depuis le début de l'année. Moins 23% à Milan et moins 17% à Madrid et Francfort. Mais pas de quoi s'affoler, nous rassure le quotidien. D'après les experts, les marchés sont plus confrontés à une panique financière qu'à une véritable dégradation de l'économie.
Autre question dans LE PARISIEN : « Le XV de France peut-il prendre une grosse claque ? » Suite du tournoi des Six Nations. France/Irlande cet après-midi. Et après une victoire poussive la semaine dernière face à l'Italie, la jeune équipe de Guy Novès va affronter une sélection qu'elle n'a plus battue depuis près de cinq ans. Selon LIBERATION , c'est le match d'aujourd'hui qui devrait enfin lever le voile sur le réel niveau des Bleus, comme sur la portée de la méthode du nouveau sélectionneur. Lequel continue de miser sur la jeunesse. Pari « osé mais excitant » , de l'avis de L'EQUIPE , qui titre « Bête noire et cœurs verts » . La bête noire, c'est l'Irlande. Et les cœurs verts, ce sont ceux des joueurs tricolores. Espérons que ce ne soit pas des cœurs d'artichaut.
Et puis il y a aussi cette question dans LA CROIX : « Maman, c'est qui, Dieu ? » Une question posée par Manon, cinq ans et de demi, à sa mère, qui venait de lancer un très classique « Merci, mon Dieu ! » « Mais maman, c'est qui Dieu ? » Et dès lors, que répondre à ça ? « Manon attend une réponse simple, mais parler de Dieu, c'est tout sauf simple » , explique le journal catholique, lequel propose, cependant, quelques phrases bien inspirées. « Dieu, c'est un mystère, mais les petits aiment les mystères, et on peut donc leur dire que Dieu est invisible, qu'on ne le voit pas, qu'on ne l'entend pas, mais qu'autour de nous, il y a plein d'autres choses qui existent et que, pourtant, on ne voit pas. Le vent, la chaleur, l'amitié, l'amour. On peut donc leur dire que Dieu, c'est pareil : une présence invisible, mais qu'on sent au fond de soi, ou quand on est avec les autres. » Des conseils pour ceux qui y croient. Et qui veulent que leurs enfants y croient aussi. Pas simple de répondre à cette question « C'est qui, Dieu ? »
Autour de nous, plein de choses qui existent et qu'on ne voit pas. Et plein de personnes aussi qu'on a du mal à regarder. Les réfugiés, notamment. Et en premier lieu ceux qui s'entassent dans les bidonvilles du nord de la France. « L'Etat va raser la moitié de la jungle de Calais » , titre LE MONDE . Décision annoncée hier, par la préfète du Pas-de-Calais. Et elle donne une semaine aux migrants qui campent dans la partie sud du bidonville pour quitter les lieux. Entre 800 et 1.000 personnes sont concernées. D'où cette question à la Une de LA VOIX DU NORD : « Où iront-ils après ? »
Tentative de réponse d'Haydée Sabéran dans LIBERATION . Iront-ils dans le centre d'accueil provisoire ouvert mi-janvier et qui n'est, pour l'heure, qu'à moitié plein ? Il compte 1.500 places dans des conteneurs blancs chauffés. Mais on ne pas y cuisiner, et on y entre pas un système de reconnaissance de la paume de la main. Or de nombreux exilés craignent qu'on repère leurs empreintes. Deuxième solution : les centres d'accueil et d'orientation présents dans toute la France, pour y demander l'asile. Mais, dans ce cas, pour eux, c'est renoncer à l'Angleterre. Or, c'est précisément pour l'Angleterre qu'ils supportent cette vie de boue, de froid et de dangers, puisqu'il faut braver les camions, les trains, les passeurs et autres milices racistes. De plus en plus de migrants sont en effet victimes d'agression. Et jeudi, sept hommes ont été placés en garde à vue, après avoir été pris en flagrant délit de ratonnade près de Dunkerque. Du reste, note ma consœur, l'annonce de la préfète ressemble à une étape de plus dans le rétropédalage : cette jungle, née il y a presqu'un an sur l'impulsion de l'Etat va fermer pour les mêmes raisons que celles qui avaient conduit à sa création.
L'Etat rétropédale sur la jungle de Calais. Et il s'emmêle les pinceaux sur le dossier très polémique du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Le président de la République a annoncé l'organisation d'un référendum local. Mais là encore, foule de questions. « Un référendum pour qui ? » , demande ainsi LE TELEGRAMME . Le quotidien breton, qui précise que cette consultation suscite des doutes à la fois chez les élus et les juristes. « Va-t-on vraiment voter ? » s'interroge pour sa part LE COURRIER DE L'OUEST , soulignant que ce vote n'est peut-être pas légal. Du reste, le président de la Région refuse de l'organiser, comme le rappelle PRESSE OCEAN , qui évoque les "premiers couacs" sur ce référendum local. Quant à LA CHARENTE LIBRE , elle parle d'un "imbroglio". "Imbroglio" qui vient du verbe latin imbrogliare – traduction : embrouiller.
Hier, Manuel Valls, en déplacement à Munich, a tenté de ‘désembrouiller’ la situation, et expliqué que le projet serait abandonné en cas de vote négatif et que ce vote concernerait les habitants « plutôt de la Loire-Atlantique » , mais la question n'est pas tranchée. Sachant que c'est une consultation qui, a-t-il dit, est organiser « pas pour abandonner le projet mais pour le légitimer » . Soit. Mais au sein du gouvernement, le projet a ses adversaires. Notamment la nouvelle ministre du logement Emmanuelle Cosse. Elle l'a dit hier sur l'antenne de France Inter, où elle d'ailleurs dit aussi son opposition à la réforme constitutionnelle instituant la déchéance de nationalité. « Gouvernement : la zizanie est de retour » , commente ce matin LE FIGARO à la sa une. Premiers accros et une machine à couacs qui s'est déjà remise en route. Et le journal de citer la guéguerre entre Laurent Fabius et Ségolène Royal sur la présidence de la COP 21, la mésentente persistante entre Manuel Valls et Jean-Marc Ayrault, ou bien encore la rétrogradation d'Emmanuel Macron, passé, dans l'ordre protocolaire du gouvernement, de la 12ème à la 14ème place, derrière Emmanuelle Cosse et Jean-Michel Baylet. Une petite humiliation susceptible de nourrir le feuilleton de sa rivalité avec le Premier ministre. Les parlementaires de la gauche du PS sont également dépités et dénoncent « un gouvernement de bidouillage » . Commentaire d'un ministre : « on est reparti dans le bordel général » .
Dans le même temps, LE PARISIEN nous livres quelques-uns de ses secrets de ce remaniement. Où l'on apprend notamment que Marisol Touraine aurait pu hériter du ministère de la Défense et que plusieurs personnalités ont été évoquées pour le ministère de la culture : les journalistes Laure Adler, Anne Sinclair et Nathalie Ianetta, actuelle conseillère à l'Elysée. Pas de commentaires des intéressées.
Une autre femme s'exprime en revanche sur le site de L'OBS : il s'agit de Jacqueline Sauvage, condamnée pour le meurtre de son mari violent, et qui a bénéficié d’une grâce présidentielle partielle. Elle raconte pour la première fois son calvaire et son combat. Question du journal : « Quelles ont été vos premières pensées quand vous avez appris votre grâce en prison ? » Sa réponse : « J’ai d’abord été très surprise et émue de voir mes filles à la télévision. J’étais tellement contente, j’ai sauté de joie. Et j’ai parlé à la fenêtre de ma cellule. Autour de moi, en détention, certains ont partagé ma joie, mais mes premières pensées ont été vers mes filles et le courage qu’elles ont eu pour m’épauler. Je leur serai reconnaissante toute ma vie. » Nouvelle question du journal : « A votre avis, pourquoi êtes-vous devenue le symbole que vous êtes aujourd’hui ? » « Je suis devenue un symbole sans le vouloir. Moi, je n’avais jamais rien demandé de ma vie, je n’ai jamais été aidée par quiconque. Et puis il y a eu ce jour-là – le jour du meurtre – c’est la Cocotte-Minute qui a explosé. » Puis elle appelle à un changement des lois, et des mentalités : « pour que les femmes battues et leurs familles en détresse soient reconnues pour ce qu’elles sont, des victimes » .
« Allô, qui est à l’appareil ? » La fin d'une époque à la Une de L'ARDENNAIS . Les deux dernières cabines téléphoniques de Charleville seront démontées d'ici la fin de l'année prochaine. La fin du téléphone public, c'est une conséquence de la "loi Macron" pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques.
« Allô, pourquoi je ne vois plus rien ? » La fin d'une époque à la Une de LA PROVENCE . Dans la nuit du 4 au 5 avril, la télévision basculera en haute définition. Or certains postes ne seront plus compatibles sans un décodeur adapté. Et ce sont les facteurs qui devront aider les personnes âgées à vérifier les branchements et configurer leur télé. « Mon facteur passe à la télé », titre le quotidien, qui note que la Poste investit chaque jour un peu plus le terrain des services de proximité. Question : les facteurs livreront-ils bientôt les pizzas ?
Et puis, pour finir, tous les journaux reviennent sur le palmarès des Victoires de la Musique . Photo du jeune chanteur Vianney à la Une du PARISIEN , Vianney élu meilleur artiste masculin de l’année. Et lui, aussi, c’est avec une question qu’il s’est fait connaître : « T’es où ? Pas là ! » Visiblement, Vianney n’a toujours pas trouvé la réponse.
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