Les prophéties d’une sorcière…
Savez-vous qui sera élu président de la République en mai 2017 ? Non, bien sûr, vous ne le savez pas. L'élection a lieu dans un an, et même en se basant sur d'hypothétiques sondages, il est impossible, à cette heure, de prévoir le résultat. Mais pourtant, elle, elle sait. Elle, c'est Rodica Gheorghe, une sorcière de Roumanie, à qui L'EXPRESS a présenté cinq photos de candidats potentiels ou bien déclarés : François Hollande, Alain Juppé, Marine Le Pen, Manuel Valls et Nicolas Sarkozy. Et c'est après avoir cherché la réponse dans son jeu de tarot que la sorcière a répondu : « Le vainqueur, ce sera Nicolas Sarkozy ! »
Et pas François Hollande – « Il a des qualités, mais il n'a pas confiance en lui » , selon la cartomancienne. Pas davantage Alain Juppé, Manuel Valls ou Marine Le Pen – « Cette femme, elle a le diable en elle » , si l'on en croit Rodica, diseuse de bonne aventure qui fait payer 35 euros chacune de ses prédictions.
35 euros pour avoir le nom du prochain locataire de l'Elysée, on dira que ce n'est pas cher payé, même si l'on peut douter d'une telle prophétie. Mais dans son pays, il arrive que les consultations soient nettement plus chères : une star de la télé a ainsi donné plus de 200.000 euros à une désenvoûteuse, afin de briser le sortilège jeté par sa belle-mère. C'est ce que nous raconte l'envoyé spécial Charles Haquet qui, pour L'EXPRESS , a enquêté sur « Le paradis des sorcières » que représente la Roumanie. Là-bas, on ne les brûle pas, on les adule, et tout le monde ou presque croît à leur magie. Pour un mari volage : une libellule dans un pot de miel. Pour des crises d'épilepsie : un cœur de pigeon à manger saignant un soir de pleine lune. Pour une dépression : du métal à souder jeté dans un bol d'eau.
Le sujet pourrait évidemment prêter à rire, mais en Roumanie, l'affaire est très sérieuse. Selon une récente enquête, 40% des habitants de Bucarest auraient ainsi recours aux services d'une sorcière. Et tous les milieux sont concernés, y compris le milieu politique. D'ailleurs, la mère de Rodica était la sorcière personnelle d'Elana Ceausecu, sinistre femme de dictateur. Le phénomène est tel, et le marché si juteux, que les services fiscaux ont, il y a quelques années, décidé très officiellement de reconnaître l’activité de sorcière comme un métier à part entière. Classée parmi ‘les services à la personne’, voilà ce que dit l'intitulé : « Travailleur décrivant le passé, et prévoyant les événements futurs » …
Si l'on en croit, donc, Rodica, la sorcière roumaine Rodica, Nicolas Sarkozy sera notre prochain président. Nicolas Sarkozy, le patron d'un parti dont les élus avancent aujourd'hui en ordre dispersé sur les questions de sécurité – dispersé, mais avec une sérieuse tendance à la surenchère. D'où la question que pose ce matinLE PARISIEN : « Jusqu'où ira la droite ? »
Et le journal de lister les différentes propositions des élus Les Républicains entendus ces tous derniers jours. Ainsi le nouveau patron de la région PACA, Christian Estrosi . Sa solution pour endiguer l'afflux de migrants en Europe : « Couler les bateaux des passeurs dans les ports – enfin, quand ils sont vides » , a-t-il cru bon de préciser. Couler les bateaux, et faire appel en prime à nos forces spéciales pour aller crever les Zodiac qui servent pour la traversée de la Méditerranée. De son côté, le député de l'Oise Olivier Dassault , Olivier fils de Serge, n'a, dans le même temps, pas hésité à relancer le débat sur la peine de mort , et ceci pour les auteurs d'actes terroristes. Revenir sur l'abolition de la peine de mort : le sujet était jusque-là l'apanage quasi exclusif du Front National. Mais ces propos font écho à ceux de Xavier Bertrand qui, jeudi, assurait qu'il n'aurait pas voté l'abolition, s'il avait été parlementaire en 1981. De son côté, Laurent Wauquiez a ressorti de son chapeau l'idée d'un internement de « tous les 'fichés S' et de tous ceux qui reviennent du djihad » . Proposition que semble d'ailleurs préconiser également Bruno Le Maire . Une surenchère qui agace, y compris dans les rangs du parti. Patrick Devedjian dénonce « l'hystérie sécuritaire » qui, pour lui, a gagné la droite. Un de ses collègues renchérit : « Aujourd'hui le déconomètre fonctionne à plein tube. »
Mais, dès lors, que faire face aux terroristes ? On retrouve, ce matin, la question dans tous les journaux. Et sous des angles différents.
L'angle de l'enquête tout d'abord . Une dizaine d'arrestations en France et en Belgique ont eu lieu ces dernières 48 heures, arrestations mettant au jour une vaste nébuleuse franco-belge dernière les attentats du 13 novembre et ceux du 22 mars. « Paris-Bruxelles : un réseau djihadiste tentaculaire » , titre LE FIGARO , qui précise qu'au fil des semaines, les enquêteurs dévoilent les contours d'une conspiration plus étoffée encore que celle qui a frappé New-York en 2001 . Alors que les pirates du 11 Septembre étaient 19, « plus d'une trentaines de personnes » ont été identifiées à ce jour dans les seuls attentats de Paris, comme l'a rappelé Manuel Valls.
Pour sa part, LE MONDE révèle le contenu des premières auditions de Salah Abdeslam , lequel n'aurait été interrogé que deux heures depuis son interpellation, et lequel, pour l'instant, n'aurait cessé de mentir, minimisant son rôle et rejetant tout la responsabilité des tueries de novembre sur son frère et sur Abdelhamid Abaaoud, qu'il dit d'ailleurs à peine connaître.
LE MONDE , dont le supplément Idées est consacré à l’angle psychologique . Comment résister, se demande le journal, « Comment faire face à la terreur ? » Le quotidien a interrogé des artistes, des écrivains et des intellectuels.
« Résister, c'est non seulement combattre un terrorisme qui tente de détruire la démocratie, mais c'est aussi lutter contre les dérives de l'Etat de droit » , explique la juriste Mireille Delmas-Marty .
« Résister, c'est se rassembler, faire de la politique ensemble, sur tous les fronts, tous les jours et sans délégation » , répond le cinéaste Robert Guédiguian .
« Résister, c'est espérer » , dit quant à lui le médecin, biologiste et homme de radio Jean-Claude Ameisen , qui cite Victor Hugo, dans sa lettre aux membres du Congrès de la paix. « Une haine immense emplit l'avenir, mais il faut espérer et jamais le mot paix n'a pu être plus utilement prononcé qu'aujourd'hui. La paix, c'est l'inévitable but. »
Mais l'écrivain Boualem Sansal se fait pour sa part beaucoup plus pragmatique, appelant même à bannir du langage le mot "résister", parce que, écrit-il, « résister, c'est donner l'avantage à l'ennemi, lui offrir l'honneur de porter le dernier coup, c'est capituler et mourir. Non, dit-il, au stade où en est l'affaire, le seul mot valable est l'attaque ! »
Et la presse se fait écho de l'attaque – c’est, cette fois l’angle militaire : les attaques sur le groupe Etat Islamique, dont les troupes sont désormais acculées à Palmyre et plus que jamais sous pression dans la ville de Mossoul. LIBERATION résume la situation d'une question à la Une ce matin : « Daech perd-il du terrain ? » Et, en l'occurrence, pas besoin de sorcière pour trouver la réponse : la réponse, c’est "oui".
Dans LIBERATION , on relève en outre deux infos qui devraient faire parler.
Info économique. Le PDG de PSA a décidé de doubler son salaire. Avec ses 2 millions 700.000 euros en 2014, Carlos Tavares pouvait jalouser Carlos Gohn, le patron de Renault et Nissan, qui touche grosso modo 15 millions d'euros. Mais voilà que Tavares a réussi à se faire augmenter, jusqu'à doubler sa rémunération : 5,2 millions d'euros . Est-ce bien justifié ? On peut se poser la question...
Info policière. Le journal revient sur les infos révélées par le site MEDIAPART . Selon de nouveaux éléments, Rémi Fraisse est mot « les mains en l’air » . Le militant écologiste, mort en octobre 2014 sur le site contesté du barrage de Sivens, dans le Tarn, était en position de défense quand il a été tué par une grenade tirée par un gendarme. Il levait les mains et criait « arrêtez » aux forces de l'ordre, ont affirmé des témoins**. Le militant de 21 ans était donc « pacifiste et n'avait pas jeté de pierres »** , dans la nuit du 25 au 26 octobre, quand s'affrontaient les zadistes et les forces de l'ordre, selon les témoins.
Et puis plus léger pour finir, avec la Une du PARISIEN . Photo de l'animateur Cyril Hanouna , présentateur de l'émission à succès « Touche pas à mon poste » sur D8. Enquête sur « le vrai visage » de la nouvelle star des médias. Attaqué par les uns – qui l'accusent d'abrutir les gens, mais encensé par les autres qui le trouvent génial, Hanouna enregistre des audiences record : plus d'un million 600.000 téléspectateurs en moyenne tous les soirs. Mais depuis le mois dernier, les polémiques se multiplient. Certains des chroniqueurs de l'émission ont fait savoir que l'ambiance était devenue détestable, et ceux qui osent faire part ouvertement de leurs critiques ont reçu des menaces. Dès lors, se demande le journal, « Cyril Hanouna est-il vraiment si terrible ? »
Pour tenter d'avoir la réponse, j'ai interrogé une sorcière. Elle m'a dit qu'il était terrifiant.
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