Par Frédéric Pommier
Des fiertés perdues, et des fiertés retrouvées… Demain, cela fera cinquante ans : cinquante ans que les femmes mariées peuvent ouvrir en France un compte bancaire à leur nom, sans avoir à demander l'accord de leur mari. 50 ans, seulement 50 ans... Une indépendance financière acquise grâce à la réforme des régimes matrimoniaux du 13 juillet 1965, qui a donc fait beaucoup pour la condition féminine, ainsi que le rappelle le mensuel CAUSETTE. Jusque-là, en vertu du Code napoléonien, les femmes étaient légalement considérées comme incapables. Au même titre que les enfants et les malades mentaux, elles n'avaient aucun droit juridique et passaient ainsi de la tutelle de leur père à celle de leur conjoint. C'est ce que raconte la pétulante Thérèse Clerc, 88 ans, figure emblématique du féminisme français. Elle se souvient de ce qu'était sa vie avant la réforme. Son mari lui donnait une somme fixe au début du mois. Ensuite, à elle de se débrouiller pour gérer les dépenses : acheter la nourriture, habiller les enfants... Le problème, c'est que ledit mari, qui n'était pas un bon mari, ne lui donnait jamais assez. Et du coup, confie-t-elle à Audrey Lebel : « Pour finir le mois, je faisais ce que font les prostituées. J'étais gentille comme tout, je lui faisais plein de petites gâteries. » Elle se souvient aussi que certaines de ses amies ramassaient toutes les pièces que laissaient traîner leurs époux, lesquels exigeaient d'elles qu'elles rendent des comptes au centime près. Petites mesquineries conjugales qui semblent aujourd'hui d'un autre âge... Alors évidemment, il reste encore du chemin à faire. Certes, les femmes ont donc gagné leur autonomie financière, mais elles continuent d'être payées nettement moins que les hommes. Du reste, il existe toujours une quinzaine de pays dans le monde où elles n'ont le droit de travailler qu'avec l'autorisation de leur mari. C'est le cas, notamment, de l'Iran, de la Bolivie, du Gabon et de la Syrie. La Syrie où, de fait, on bafoue tous les droits... Surtout dans les zones tombées aux mains du groupe Etat Islamique. Lire, à ce sujet, le reportage glaçant d'Alfred de Montesquiou dans les colonnes de PARIS MATCH. Il s'est rendu en Turquie, où il a rencontré des réfugiés syriens qui ont fui la ville de Raqqa. Rencontre avec Abdelkarim, un vieil agriculteur qui pensait tout d'abord pouvoir cohabiter avec les djihadistes. Parce qu'au départ, dit-il : « Tout nous semblait mieux que les ordures du régime de Bachar El-Assad. » Mais il a rapidement constaté que c'était encore pire, notamment à cause de la police de la charia, l'impitoyable hisba , qui fait régner la terreur. D'après Abdelkarim, les hommes qui la composent sont avant tout des étrangers : des Tunisiens, des Algériens et des Tchétchènes, mais aussi de nombreux Occidentaux : des Allemands, des Américains des Belges et beaucoup de Français. Et ce sont donc les hommes de cette police islamique qui tuent à tour de bras. Un jeune est soupçonné de fumer du hachich : il est décapité. Une femme refuse de porter le voile intégral : une balle dans la tête. L'agriculteur raconte aussi cette scène terrible : des Chrétiennes et des Yézidies vendues comme esclaves sur la place du marché. "Esclaves" signifiant "esclaves sexuelles" en premier lieu. « Elles étaient attachées par les mains, certaines n'étaient que des petites filles. Elles pleuraient comme des fontaines. Et si elles tombaient par terre, on les relevait à coups de pieds. » Une scène qui, là aussi, nous paraît d'un autre âge. Et pourtant non, c'est aujourd'hui. A Raqqa, en Syrie. Le quotidien dans une ville tenue par le groupe Etat Islamique. Un groupe auquel le terroriste Amedy Coulibaly disait avoir fait allégeance. Coulibaly : l'auteur de la prise d'otage de la supérette "Hyper Casher", porte de Vincennes à Paris. C'était le 9 janvier, et pour la première fois, le patron de l'équipe de la PJ parisienne qui a mené l'assaut raconte l'opération dans LE JOURNAL DU DIMANCHE. Il s'appelle Christophe Molmy et il dirige la B.R.I. - la Brigade de recherche et d'intervention. « On a mis 12 minutes pour arriver sur place... Aussitôt, des colonnes d'assaut ont été mises en position. - Vous disposiez alors de quelles informations ? - lui demande Stéphane Joahny.- C'est d'abord l'employé, Lassana Bathily, qui nous donne les clés du magasin et du rideau métallique. Puis le gérant nous permet l'accès au système vidéo. Sur les images enregistrées, on voit Coulabaly entrer et tirer. Très rapidement, on a aussi des familles qui nous mettent en contact avec les gens retenus dans le magasin. Et on a pu parler à de nombreux otages qui nous ont décrit précisément ce qui se passait. - Coulibaly les laissait téléphoner librement ? - Oui, il les laissait faire ce qu'ils voulaient : manger, boire et téléphoner. Il leur avait dit 'Profitez, parce que vous allez mourir'... » Ensuite, Christophe Molmy raconte les négociations avec celui dont il savait qu'il avait déjà tué quatre personnes. Il était calme et posé, il ne s'énervait pas, exigeant simplement qu'on ne s'en prenne pas aux Kouachi – qu'il appelait "ses frères" – les deux auteurs de la tuerie, 48 heures plus tôt, dans les locaux de CHARLIE HEBDO. Puis la B.R.I. fait sauter la porte de service.« Mais vous m'attaquez ! - lance Coulibaly, toujours au téléphone.- Non, ce n'est pas nous. » - lui répond le négociateur. Les effectifs progressent, il continue à discuter, avant de se rendre compte de ce qui est en train de se passer. « Mais si, vous m'attaquez ! » Le négociateur confirme et lui dit :« Il y a des soldats qui viennent vers toi. T'es un soldat, va te battre ! » Mardi prochain, sept hommes de la B.R.I, dont un avait été blessé dans l'assaut de l'Hyper Cacher, défileront à Paris sur les Champs-Elysées. Avec leurs collègues du GIGN et du RAID, ils seront en tête du cortège. Dans la presse, on parle d'ailleurs beaucoup de la préparation de ce défilé pour la fête nationale. L'ARDENNAIS nous emmène ainsi dans les coulisses, avec les hommes du 3ème régiment du génie. L'UNION, de son côté, nous fait découvrir le 1er régiment d'artillerie de marine. Quant au PARISIEN, il profite de l'occasion pour nous faire découvrir le 132ème bataillon cynophile de l'armée de terre : 500 chiens entraînés sur une base dans la Marne, notamment pour détecter les explosifs. Des bergers allemands et des bergers belges malinois, sélectionnés sur la qualité de leur mordant, leur physique et leur capacité à supporter les coups de feu. Ce sont essentiellement des mâles, mais après une phase d'expérimentation réussi, des femmes ont récemment intégré le bataillon, et ce, nous explique le journal, grâce à leur finesse olfactive. Mais ce 14 juillet fait aussi polémique. Polémique car François Hollande a invité le président du Mexique, et que les cadets de l'armée mexicaine participeront au défilé. Une invitation qui passe mal, ainsi que le rapporte LE MONDE. Des associations des Droits de l'Homme dénoncent les exactions commises par ladite armée dans la lutte menée contre le narcotrafic. Sans doute François Hollande en dira-t-il un mot dans sa traditionnelle intervention télévisée. Même s'il y a fort à parier qu'il parlera surtout de la situation en Grèce.Les négociations à Bruxelles ont duré jusque tard dans la nuit. Elles devraient reprendre en fin de matinée. Et après le soulagement d'hier, et même l'optimisme d’hier, c'est l'incertitude, et même l'inquiétude qui domine de nouveau. « La Grèce restera-t-elle dans l'euro ? » , s'interroge ainsi LE JOURNAL DU DIMANCHE, évoquant une Europe qui_« se déchire violemment »_ ... Le JDD, dans lequel vous lirez aussi une tribune de François Fillon : une lettre au chef de l'Etat en forme de réquisitoire. Fillon dresse un tableau très noir de la situation du pays, un pays où la colère gronde, un pays qui se paupérise_. « La tragédie grecque_ , écrit-il, montre que la menace de faillite n'est pas abstraite pour la France » - une France qui, d'après lui, a perdu « sa fierté » . Fierté perdue ? Pas en cyclisme... Un "cocorico" ce matin, car tous les journaux applaudissent la première victoire française sur le Tour de France. C'est hier, à Mûr-de-Bretagne : victoire d'Alexis Vuillermoz. Et le visage du jeune champion, bras levés, regard vers le ciel, s'étale à la Une de L'EQUIPE, qui l'a trouvé « formidable » . Et puisqu'on parle de cyclisme, retour au magazine CAUSETTE, qui nous explique que le vélo a fait beaucoup pour la condition féminine. Notamment parce qu'il engendré l'adoption du pantalon pour les femmes et même l'abandon du corset... Et puis il a permis aux jeunes filles de s'éloigner de la surveillance de leurs parents, et parfois d'aller nouer des relations amoureuses... En somme, vive le vélo !
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