La revue de presse du dimanche 19 juillet

France Inter
Publicité

Par Frédéric Pommier

Les confidences d’un « salopard »

Publicité

Ce n'est pas si souvent qu'on peut lire dans la presse les confidences d'un homme qui se présente comme « un salopard » - c'est violent comme mot, « salopard » . Cet homme s'exprime dans MARIANNE et c'est donc un témoignage rare : le témoignage d'un acheteur – vous savez, les fameux acheteurs ; ceux qui jouent les intermédiaires entre les petits producteurs et les principales enseignes de la grande distribution. Des intermédiaires mis en cause depuis des années par les agriculteurs, qui les accusent de les ruiner, les obligeant à vendre leurs produits toujours moins chers. Et ce, dans l'unique objectif de permettre aux supermarchés de se faire de plus jolies marges. Des accusations justifiées, reconnaît donc le « salopard » qui s'explique dans l'hebdomadaire.

Il explique les pressions, les manipulations, les humiliations et même le racket auquel il s'est livré tout au long de sa carrière. Un monde sans pitié, dans lequel sa mission était d'étrangler au maximum les fournisseurs . Un jour, son patron lui a dit : « Si un type sort de ton bureau avec le sourire, c'est que tu ne l'as pas assez rincé. » Alors il a rincé, et rincé jusqu'à l'écœurement. C'est pour cela qu'il a décidé de parler. Parce qu'il est écœuré. Parce qu'il s'écœure lui-même.

Il se souvient ainsi de ce producteur de pêches, qui faisait travailler une trentaine de personnes. Il était en larmes, à bout, désespéré... Impossible, pour lui, de baisser plus encore ses tarifs. Il en allait de sa survie, de la survie de son entreprise... « Avec lui, raconte notre acheteur, on faisait un tout petit chiffres d'affaires. Mais je lui ai dit de faire encore un effort, et pour gagner seulement quelques dizaines de milliers d'euros, je l'ai tué... Et je me suis senti misérable. Mon métier , poursuit-il,est un métier de tueur. Les intermédiaires de la grande distribution sont à la fois des tueurs et de grands salopards. »

__

A la lumière de ce témoignage, on comprend un peu mieux l'aigreur et l'exaspération des agriculteurs, qui ne cessent de réclamer une revalorisation des prix du porc et du lait... Hier, encore, en Bretagne, ils ont répandu du foin sur le site d'un hypermarché Leclerc... « Des agriculteurs déversent leur colère » , commenteLE TELEGRAMME , tandis que LE MAINE LIBRE évoque l'inquiétude des plus jeunes... Quatre agriculteurs prennent la pose à côté d'une vache : « Ils voudraient juste vivre de leur métier » , titre le quotidien.

Un message entendu, semble-t-il. En tout cas, LE PARISIEN nous explique que le gouvernement s'apprête à relever l'aide aux éleveurs. L'Etat a déjà mis sur la table 23 millions d'euros pour financer des baisses de charges . Des exonérations de taxe sur le foncier non bâti sont également envisagées... Il y a deux jours,le ministre Stéphane Le Foll déclarait que plus de 22.000 exploitants étaient en grande difficulté – dont certains, même, clairement au bord du dépôt de bilan. D'où l'appel lancé par le chef de l'Etat hier : un appel aux acteurs de la grande distribution, afin qu'ils augmentent la rémunération des agriculteurs...Il a par ailleurs invité les consommateurs au patriotisme , les incitant à manger, autant qu'il est possible, les produits de l'élevage français. Manger "made in France "... Ceci rappelle Arnaud Montebourg qui, lui aussi, avait appelé à consommer français. On attend maintenant que le président de la République fasse le choix de la marinière.

François Hollande , sans marinière, qui fait d'ailleurs la Une du JOURNAL DU DIMANCHE , lequel lui attribue ce surnom : «Le Monsieur + de l'Europe » . Une allusion à la tribune que publie l'hebdomadaire, tribune dans laquelle il affirme quela France est aujourd'hui prête à constituer une "avant-garde" dans l'Union Européenne . « Ce qui nous menace , écrit-il, ce n'est pas l'excès d'Europe, mais son insuffisance et la France se grandit toujours quand elle est à l'initiative de l'Europe. » Et Hollande de proposer la création d'un vrai gouvernement de la zone euro , avec un budget spécifique, ainsi qu'un Parlement pour en assurer le contrôle démocratique . Une idée qu'il reprend à celui qui fut longtemps son mentor :Jacques Delors , l'une des grandes figures de l'Union Européenne.

« Ecoutons Delors ! » , lance le chef de l'Etat. Jacques Delors, qui fêtera demain ses 90 ans. Pour l'occasion,Cécile Amar est allée le rencontrer, et elle nous explique que, malgré son appel à l'écouter, François Hollande ne s'enquiert jamais de ce qu'il pense... Ce qui n'est pas le cas des autres dirigeants européens, qui le consultent régulièrement. Nul n'est prophète en son pays, et aujourd'hui l'ancien président de la Commission porte un regard sévère sur l'état de l'Union suite à la crise en Grèce. « Ce système n'est plus gouvernable, ça ne peut plus durer » , dit-il, en plaidant pour la reconstitution de «la puissance morale qui a fait la force de l'Europe en d'autres périodes, comme au moment de la chute du mur de Berlin » .

Ça ne peut plus durer : c'est également ce que dit, en substance, Dominique Strauss-Kahn, dans un texte publié hier sur les réseaux sociaux. LE PARISIEN s'en fait l'écho. L'ancien patron du FMI dénonce "un diktat" d'une coalisation conduite par les Allemands, qui a « voulu saisir l'occasion d'une victoire idéologique sur un gouvernement d'extrême-gauche » - celui d'Alexis Tsipras.

Autre commentaire : celui deFrançois Bayrou , qui estime, dans le JDD , queFrançois Hollande n'a pas été à la hauteur dans cette crise , parce qu'il n'a pas proposé de « vision pour l'avenir » - mais sa tribune de ce matin le fera peut-être changer d'avis. Bayrou, qui en profite pour redire son soutien à Alain Juppé . Toutefois, si ce dernier ne réussit pas à gagner la primaire de la droite pour 2017, il n'exclut pas d'être lui-même de nouveau candidat , et ce, pour que les électeurs n'aient pas seulement le choix entre Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy et François Hollande.

Hollande qui, le 14 juillet, s'est présenté comme**"un président audacieux". « J'avoue qu'une telle définition ne m'était jamais venue à l'esprit »** , ironise le maire de Pau. Et Nicolas Sarkozy, n'a-t-il pas finalement changé, lui demande le journal. Réponse de Bayrou : « Les hommes peuvent changer, et les poules avoir des dents. »

D'autres animaux font d’ailleurs la Une de la presse ce matin. Et des animaux nettement moins sympathiques que les poules, même des poules avec des dents. Ainsi dans NICE MATIN , qui revient sur la décision de Ségolène Royal de créer une brigade anti-loup en région PACA . Dix agents titulaires du permis de chasse qui seront recrutés d'ici la fin de l'été afin de mieux protéger les troupeaux. Et puis, titre inquiétant dansLA DEPECHE DU DIMANCHE : « Alerte aux requins en Méditerranée » . Entre Argelès-sur-Mer et Saint-Cyprien, des baigneurs ont été évacués hier.« Le squale n'était qu'à quelques mètres » , précise L'INDEPENDANT.

DansSCIENCES ET VIE JUNIOR , vous lirez quenos oreilles grandissent durant toute notre vie . Oui, même à l'âge adulte, elles continuent de pousser d'environ 0,2 millimètre par an. Conséquence de la perte de l'élasticité de la peau, combinée à la force de la gravité : nos lobes s'affaissent progressivement. C'est d'ailleurs le même phénomène qui se produit pour le nez. Lui aussi ne cesse de grandir avec l'âge. Je ne crois pas que d'autres organes soient concernés.

Enfin, le top 3 des plus beaux jeux de mots du jour ! A la Une deNORD LITTORAL : « Le lustre de l'hôtel de ville va retrouver la lumière. » Il s'était brisé il y a un an, en chutant du plafond de la mairie. Coupe Davis : la France est menée 2-1 par l'Angleterre. Andy Murray est très, très fort... Titre duPARISIEN : « Les Bleus au pied du Murray » … Mais le plus joli titre, on le doit àLA PROVENCE : « Ça fourmille de cigales cet été » ... Mais oui, « ça fourmille de cigales » . Et moi, je vous souhaite de chanter tout l’été. Promis, on dansera à la rentrée !

L'équipe