La revue de presse du dimanche 6 décembre

France Inter
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La tête et le cœur.

Il y a parfois des mots qui permettent de sauver des têtes… Et puis il y a des techniques qui peuvent sauver des cœurs… Des têtes et des cœurs dans la presse, ce matin. Avec le sourire de Nellie, à la Une du PARISIEN . Nellie est une petite fille de cinq ans, qui souffrait depuis sa naissance d'une insuffisance cardiaque, très difficile à soigner avec une chirurgie classique. Eh bien le 6 novembre dernier, Nellie a pu profiter d'un traitement d'un nouveau genre. C'était au CHU de Toulouse, où elle été opérée avec succès à cœur fermé, et ce grâce à un logiciel révolutionnaire d'imagerie en 3D. C'est une première en Europe, une prouesse technologique et depuis, deux autres bambins ont été soignés de la sorte. Au cours des deux ans qui viennent, nous explique Armelle Parion, c'est une quarantaine d'enfants qui devraient en bénéficier. Pas d'ouverture, pas de cicatrice au niveau du thorax et un rétablissement finalement assez rapide. Après un mois de convalescence, Nellie retournera en classe dès demain dans son village de l'Aveyron. Pour le journal, elle symbolise l'audace de la médecine française : « les nouveaux miracles du cœur » .

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Des techniques pour sauver des cœurs. Et des mots pour sauver des têtes. C'est en tout cas ce qu'espère aujourd'hui Michel Platini. C'est le grand titre à la Une du JOURNAL DU DIMANCHE , qui fait état d'un document qui pourrait « sauver Platini » . Michel Platini, suspendu des instances de la FIFA, suite au paiement controversé d'1 million 800.000 euros par le sulfureux Sepp Blatter, le président démissionnaire de l'instance mondiale du football. Un paiement « déloyal » , estime la justice, qui le soupçonne de corruption. On a même demandé son bannissement à vie des affaires sportives... Mais d'après, donc, un document qu'a pu consulter Laurent Valdiguié, ce salaire n'avait rien d'occulte et il était même connu de certains dirigeants dès le mois de novembre 1998... En l'occurrence, dès le 12 novembre 98, date où fut présenté un rapport devant le comité exécutif de l'UEFA. Rapport de 23 pages, au sein duquel est clairement évoquée la rémunération du triple Ballon d'Or français. Tout tient dans la phrase suivante : « On entend parler d'un salaire d'un million de francs suisse. » Une simple phrase qui, d'après les avocats de Platini, accrédite la réalité d'un contrat en bonne et due forme, contrat dont avaient donc connaissance de nombreuses personnes, et y compris à la FIFA. « Ce rapport déniché dans les archives de l'UEFA est une bénédiction tombée du ciel » , se félicite un proche de l'ancien footballeur, persuadé que ces quelques mots vont enfin lui permettre de démontrer sa bonne foi. Quoiqu'il en soit, pour le journal, cette note va « relancer l'affaire » et une enquête qui, à ce jour, est uniquement menée à charge. Michel Platini pourrait donc finalement sauver sa tête.

Toutefois, dans les journaux, c'est une actualité autrement plus dramatique qui domine encore ce matin. En l'occurrence : le terrorisme. Avec l'inquiétude à la Une de la presse britannique, après cette attaque au couteau hier dans le métro londonien. Trois personnes ont été blessées et un homme est en garde à vue. Selon des témoins, le suspect aurait crié « C'est pour la Syrie » avant de s'en prendre aux passagers.

Inquiétude de la presse américaine, après la fusillade sanglante de San Bernardino. 14 morts, 21 blessés. Et une attaque saluée, mais pas revendiquée par le groupe État Islamique, auquel la femme de ce couple auteur de la tuerie avait fait allégeance juste avant de passer à l'acte.

Et puis dans la presse française : une deuxième mise en examen après les attentats de Paris. Un délinquant de 25 ans, soupçonné d'avoir aidé à offrir un refuge à Abdelhamid Abaaoud.

Nouveau témoignage d'une victime dans LE PARISIEN . Un Franco-serbe qui, avec sa femme, vendait des écharpes du PSG à l'entrée du Stade de France quand l’un des kamikazes, le troisième s'est fait exploser. Tous les deux ont été grièvement blessés, et ils regrettent de ne pas avoir été conviés à la cérémonie d'hommage organisée aux Invalides. Ils ont l’impression d’avoir été tout bonnement oubliés.

Lire également dans LE MONDE , l'enquête sur Olivier Corel, salafiste revendiqué, qu'on surnomme « le gourou des djihadistes français » . Dans sa ferme située dans le village d'Artigat en Ariège, il a, avec sa femme, hébergé notamment la famille Merah, de même que Fabien Clain, celui qui a revendiqué, au nom du groupe État Islamique, les attentats du Paris. Des séjours sous le prétexte de cours de Coran, de conseils matrimoniaux ou de balades au grand air dans les bois alentour. Après son interpellation il y a deux semaines, Olivier Corel est assigné à résidence, et c'est Ariane Chemin qui, pour le quotidien, est allée le rencontrer. Il faut ce papier du MONDE . Ce qu’elle raconte est assez glaçant. Elle décrit un « petit homme sans charisme apparent, peau claire à peine ridée malgré ses 69 ans, longue barbe laineuse et tatanes en plastique aux pieds » . Elle dresse donc son portrait, mais aussi son parcours : son arrivée en France, depuis la Syrie en 1973, ses petits boulots à Toulouse puis dix ans plus tard, sa naturalisation. Un prénom français, pour se fondre dans le paysage, et une réputation de théologien pur et dur… Les assassinats de Mohamed Merah ? Une simple « bêtise » , avait-il jugé à l'époque. Et il ne condamne pas davantage les tueries perpétrées à Paris. Comme pour le 11 septembre, Olivier Corel se réfugie derrière la théorie du complot.

Sinistre théorie, cynique personnage. Dans le journal, vous lirez aussi comment au Père-Lachaise, on a vécu l'onde de choc des attentats. 24 des victimes ont été inhumées dans le cimetière parisien, bouleversant des équipes pourtant aguerries. Demain, le crématorium sera fermé durant deux heures. Le temps pour les dix-neuf personnes qui y officient de raconter ce qu'ils ont sur le cœur, en présence d'une psychologue. Évacuer le stress et la douleur qu'ont ressentis ces professionnels de l'accompagnement funéraire pendant, donc, les célébrations organisées depuis ce terrible vendredi 13… Ils diront ce qu’ils ont sur le cœur. Ils diront ce qu’ils ont dans la tête. Tous confient aujourd’hui qu’ils sont totalement « vidés ».

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Bien sûr, les journaux évoquent également les progrès dans les discussions de la COP21.« Adoption d'une ébauche d'accord contre le réchauffement de la planète » , titre ainsi LE COURRIER PICARD . « Un premier pas vers un accord » , confirme L'INDEPENDANT , tandis que LA DEPÊCHE DU DIMANCHE , sous une jolie photo de Ségolène Royal et de l'acteur Sean Penn, qui était hier au Bourget, nous explique que les partisans d'un projet ambitieux n'ont plus que « cinq jours pour convaincre » . Selon le quotidien, l'optimisme est toutefois de rigueur à la COP21, où les ministres des 195 pays présents vont désormais devoir trancher, et surtout s'entendre sur le texte final. Sauver la planète… On n'y est pas encore.

Et pourtant tous les témoignages recueillis par la presse à l'occasion de ce sommet nous expliquent qu'il y a urgence. Pour preuve, le dossier de SUD OUEST ce matin : « Ils fuient pour survivre » , dossier sur ceux que l'on surnomme les 'migrants climatiques'. Chaque année, ils sont plus de 25 millions à devoir quitter leur région, victimes du réchauffement ou de catastrophes naturelles.

Et les animaux en sont victimes également, ainsi que le raconte, dans le magazine CLES , le bio-acousticien américain Bernie Krause. Figure emblématique de la musique électronique, cela fait près de cinquante ans qu'il pose ses micros dans les coins les plus sauvages du monde, pour capter ce qu'il appelle « le grand orchestre de la nature » . Les jaguars, les baleines, les poissons, les singes, les serpents, les fourmis : il a enregistré plus de 15.000 sons d'espèces animales et plus de 4.500 heures d'ambiance naturelle. Or ce qu'il constate aujourd'hui, c'est que ce 'grand orchestre' ne produit plus désormais les mêmes mélodies. La faute à l'inconscience des hommes. Déboisement massif, urbanisation galopante, la pollution qui en résulte… « Plus de la moitié de ma collection provient d'habitats naturels qui n'existent plus désormais que dans mes archives , explique-t-il. Et si l'on continue comme ça, la nature deviendra tristement silencieuse. » C'est ainsi que dans certaines forêts, on n'entend plus maintenant que les coups de bec des piverts. Fini les chants polyphoniques et le canon du hibou répondant au coucou : une foultitude d'oiseaux a tout simplement disparu.

Sur le sujet, je vous conseille également le dossier de la revue WE DEMAIN . Portraits de ces hommes et ces femmes qui œuvrent pour l'environnement. Ils ont des idées plein la tête et l'écologie dans le cœur . Il y a celui qui cherche à éliminer le plastique qui pullule dans les océans… Celui qui entend faire des pollutions un crime contre l'humanité… Il y a celle qui a révélé la menace Monsanto et celle qui milite pour la survie des abeilles… 30 à 40% de la production de nourriture dépend de ces pollinisateurs dont le nombre ne cesse de diminuer dangereusement. « Si l'abeille disparaissait de la surface du globe, l'homme n'aurait plus que quatre années à vivre » , aurait prédit Albert Einstein, qui ne disait pas que des bêtises…

Pour le reste, NORD LITTORAL fait sa Une sur l'accident qui s'est produit hier soir à Calais : l'effondrement d'un escalier desservant les gradins d'une salle de spectacle – 11 blessés, dont 3 graves.

Le JDD nous apprend que la place de l'Opéra à Paris pourrait bientôt devenir piétonne. C'est en tout cas le souhait des élus de l'arrondissement, et la mairie de la capitale pourrait donner son accord.

Le sondage du jour, on le trouve dans LE PARISIEN : plus des deux tiers des Français interrogés sont favorables à l'ouverture des magasins le dimanche, mais seulement à condition que ce ne soit pas eux-mêmes qui travaillent… On dira que c’est cocasse.

Et puis, à l'occasion des élections régionales qui ont lieu ce dimanche, plusieurs journaux nous rappellent que le vote est une chose précieuse, un privilège dont ne disposent pas tous les habitants du globe. Un seul mot d'ordre, donc, dans la presse ce matin : aux urnes et allez faire entendre votre voix ! Votez avec la tête, votez avec le cœur – qu'importe, mais ne laissez pas les autres décider pour vous. Bonne journée !

L'équipe