Alors, donc, ce soir, on mange quoi ? Crustacés, chapon, chocolats ? Quel menu pour le réveillon de ce 24 décembre ?
Et pourquoi pas du méthional ? Du méthional à l’isothio-cyanate ? Késako, me direz-vous. Eh bien, c’est une purée de pomme de terre au wasabi. Mais une purée d’un nouveau genre : une alimentation de synthèse qui pourrait bien être notre nourriture de demain. C’est en tout cas ce que prédit LIBERATION qui, ce matin, nous présente un dossier sur ce que pourraient être nos repas de réveillon dans le futur… Voilà donc une nouvelle tendance : la cuisine à base de composés chimiques purs, autrement nommée cuisine « note à note ». Une cuisine que l’on fabrique avec des « goûts », des arômes et, d’après certains, elle pourrait révolutionner notre façon de manger, et même, pourquoi pas, nourrir toute la planète… Oui : nourrir toute l’humanité. Mettre un terme à la faim dans le monde.
Son concepteur est un chimiste : le Français Hervé This, professeur à l’INRA – l’Institut National pour la Recherche Agronomique.
Et c’est à lui déjà que l’on doit l’invention de la cuisine moléculaire. Cette fois, c’est donc le « note à note » ou bien, pour le dire autrement : le « goutte à goutte » ; des gouttes des milliers de composés parfumés de nos aliments. « Mais alors, d’où vient la matière ? », lui a demandé le journal. Suite à quoi le scientifique s’est lancé dans une démonstration. Il verse dans un bol un quart de protéine en poudre, trois-quarts d’eau, un peu d’huile – c’est-à-dire la composition de la chair humaine ou animale. Pour obtenir un peu de couleur, il y ajoute du bêta-carotène orangé – de la vitamine A.
Puis il questionne mon confrère : « Vous voulez un steak-frite ? » Et il lui fait alors sentir une fiole dégageant une odeur de pomme de terre. C’est celle du méthional. Quelques gouttes de cet extrait, quinze seconde au micro-ondes et voilà réalisé le steak de la cuisine « note à note ». Ou, plus exactement : un aliment à texture de steak et au goût de patate crue. « Et si vous voulez qu’il ressemble à une bavette, sourit le chimiste, il suffit de l’étaler sur une plaque et de faire des strie au couteau »…
Expliqué comme ça, on dira que ça ne donne pas très envie. Mais cette nouvelle façon de cuisiner a pourtant déjà quelques adeptes, à l’instar du grand chef étoilé Pierre Gagnaire :
Cette cuisine est géniale, dit-il, et je pense que dans 20 ou 30 ans, elle sera peut-être généralisée.
Alors, donc, ce soir, on mange quoi ? Pas de méthional, c’est trop tôt, mais toute presse regorge d’idées en tout genre pour préparer le réveillon. C’est bien l'esprit de Noël qui domine dans les journaux.
« Joyeux Noël », titre ainsi LA CROIX qui, dans son numéro du weekend, nous propose de redécouvrir la grande tradition des contes de Noël, avec notamment un récit inédit de l'écrivain Metin Arditi. Dans LE POPULAIRE DU CENTRE : des anecdotes de lecteurs, qui racontent leurs pires souvenirs de réveillon. Ben oui, ce n'est pas toujours réussi. Dans LA REPUBLIQUE DU CENTRE : toutes les erreurs à ne pas faire lors du repas du réveillon : des courses au plan de table, en passant par les discussions – éviter de parler de politique, surtout si vous êtes en famille.
D'ailleurs, il y a de plus en plus de Français qui choisissent de réveillonner avec des amis le 24 décembre. C'est le sujet à la Une du PARISIEN, « A Noël, ils préfèrent les amis à la famille » : un phénomène assez nouveau, mais qui, selon les sociologues, pourraient prendre de l'ampleur, notamment dans les grandes villes. Pour certains, il s'agit d'un choix. Pour d'autres, cela tient plutôt de la nécessité, parce que la famille habite loin, et dès lors, les amis permettent de ne pas réveillonner tout seul. Ce qui arrive parfois pour les personnes âgées. En France, cinq millions de personnes souffrent de solitude, indique LE JOURNAL DU CENTRE**, précisant que dans les maisons de retraite, un résident sur cinq ne reçoit aucune visite pendant les fêtes de fin d'année.**
De son côté, OUEST FRANCE, s'intéresse au succès de la livraison de cadeaux
« Le marché du colis cartonne », titre joliment le journal, tandis que L'UNION se fait l'écho de l'invention de viticultrices champenoises : elles ont créé un seau à glace qui peut aussi servir de siège. Le seau à champagne qui devient tabouret.
Et puis, dans LE JOURNAL DU DIMANCHE, je vous conseille par ailleurs la lecture des menus de Noël composés par l’humoriste Anne Roumanoff : menus très politiques, à chacun de faire son choix. Il y a le « Menu Macron surprise » : Un méli-mélo de gauche et de droite farci aux petits oignons opportunistes, agrémenté de sa crème de couvertures de journaux. Il y a le « Menu catalan, à 49/3 euros » : Un poulet d’Évry à la farine de Strasbourg, avec une soupe de menton volontaire et de poings crispés. Il y a le « Menu Montebourgeois » : Un soufflé de confiance en soi. Il y a le « Menu fillonesque » : Rillettes du Mans accommodées d’un écrasé de Sarkozy et d’une sauce Juppé à l’ancienne. La patronne vous suggère sinon le « Menu à la Mélenchon » : Un tartare d’extrême-gauche arrosé d’un jus de révolte et, en dessert, une mousseline d’idées irréalisables. Vous pouvez préférer le « Menu de la famille Le Pen » : Un trio de volaille à la plancha, avec une dinde blonde, une oie rebelle et un vieux coq sauté dans des croutons rassis… Et pour ceux qui ne seraient tentés par aucune de ces propositions, il existe enfin, écrit-elle, le « Menu des Français perdus » : Un cocktail de verrines d’angoisse, suivi d’un carpaccio d’insécurité économique accompagné de sa truffade de peur des attentats.
Une peur justifiée, si l’on en croit l’hebdomadaire. LE JOURNAL DU DIMANCHE qui, vous l’aurez remarqué, sort avec un jour d’avance – pas de journaux le 25 décembre. Et il a donc choisi de mettre l'accent sur l'inquiétude, évoquant un « Noël sous haute protection ». Après l'attentat à Berlin – ce camion fonçant dans la foule sur un marché de Noël, le dispositif policier a été renforcé en France. Et « la menace terroriste reste très élevée », souligne Jean-Marc Falcone, le directeur général de la Police Nationale. Il précise cependant qu'il n'y a « pas d'élément formel » d'une menace spécifique, mais « ce weekend de Noël ayant une dimension à la fois religieuse et festive, il présente une dimension doublement symbolique, tout en occasionnant de grands rassemblements... Il y a donc un risque », explique-t-il.
« Après Berlin, la France en alerte », résume l’hebdomadaire, tandis que LE FIGARO revient sur la trajectoire sanglante du terroriste présumé de Berlin – sa trajectoire et les ratés de la police allemande. Anis Amri a été abattu hier en Italie près de Milan. Il a été interpellé lors d'un contrôle de routine. Il a ouvert le feu. Les forces de l'ordre ont riposté. Donc « tout est bien qui finit bien ? » s'interroge Rémi Daumin dans LA NOUVELLE REPUBLIQUE DU CENTRE OUEST. Puis il propose sa réponse :
On ne se réjouit pas de la mort d'un homme, aussi monstrueux soit-il. Et d'ailleurs, non, rien n'est réglé, tout peut recommencer.
Confirmation de Bertrand Meinnel dans LE COURRIER PICARD :
Aucun pays, ni aucun service de renseignement ou de police, ne pourra empêcher tous les passages à l'acte.
Çà et là, vous lirez également des reportages sur Alep, ville syrienne massacrée, ville martyre et des survivants qui décrivent le calvaire de l’évacuation… Lire notamment, dans LE FIGARO, le récit du jeune Bader, un Alépin de 20 ans aujourd’hui hospitalisé en Turquie. Il a été blessé par balle. Blessé aux deux jambes :
Assad et ses alliés sont allés jusqu’à nous bombarder au gaz de chlore pour nous chasser de la ville », raconte-t-il. « Ce n’est pas une évacuation. C’est une déportation.
Pas de Noël pour les Syriens. Pas de Noël pour les opposants au régime syrien.
Enfin, plus léger pour finir, cette question que sans doute se pose nombre d’entre nous – et surtout les plus jeunes : pourquoi donc le Père Noël ne vieillit pas ?
La réponse, je l’ai trouvée dans le FIGARO, à la page 15, la page des sciences, car il s’agit d’une explication scientifique. Explication donnée par une chercheuse britannique devant un parterre de minots réunis la semaine dernière dans son université du sud de l’Angleterre. Et voilà donc sa théorie, découlant notamment de celle de la relativité mise au jour par Albert Einstein : pour distribuer des cadeaux à 700 millions d’enfants dans le monde entier en une seule nuit, le Père Noël doit aller 200.000 fois plus vite qu’Usain Bolt, le sprinteur jamaïquain. Il doit se déplacer à 10 millions de km/h. Dès lors, impossible de le voir ni de l’entendre arriver. Il arrive même à se glisser par les conduits de cheminée, car à une vitesse très rapide, la longueur d’un corps en mouvement raccourcit. Or, comme il se déplace très, très rapidement, le temps s’écoule nettement plus lentement pour le Père Noël que pour nous. Et, par voie de conséquence, il vieillit également nettement plus lentement que nous. Cependant, précise la chercheuse, pour se déplacer aussi vite – 10 millions de km/h, le Père Noël a besoin de beaucoup d’énergie. D’où l’importance de laisser pour lui quelques gâteaux à côté du sapin. Voilà, maintenant, vous savez tout. Je vous laisse à vos fourneaux.
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