A Aulnay-sous-Bois, la rue Maxime Gorki doit devenir Jacques Chirac et les riverains s'inquiètent, le Parisien

France Inter
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Le Populaire du Centre raconte Fabrice, qui en dépression laissait dépérir son bétail, et qui voulait mourir et qui a survécu. Monde raconte les ouvrières du textile à Tanger qui travaillent dans des caves, Ouest-France raconte ces jeunes gens qui à Tanger regardent la mer et nous devinent derrière.

On parle d'une rue...  

Qui va changer de nom, à Aulnay-sous-Bois, Seine-Saint-Denis, elle s'appelait Maxime Gorki, écrivain russe, elle s'appellera Jacques Chirac, Président français, mais dans cette rue pavillonnaire nous dit le Parisien, ça coince et ça fronde jusqu'au tribunal administratif, parce qu'une adresse, c'est comme un nom de famille, il va falloir changer les papiers des impôts et de la sécu! La mairie promet qu'elle prendra à sa charge les frais administratifs... Mais un adjoint au maire est allé rappeler dans un communiqué que Maxime Gorki avait fait partie de "la nomenklatura soviétique sous Staline"...   Et oui bien sûr, c'était de la politique.    

Aulnay est gouvernée à droite mais autrefois fut rose et rouge, et la rue Gorki fut baptisée en 1936, l'année du Front populaire et de la mort de l'écrivain russe, auquel notre grand André Gide avait rendu hommage lors de ses funérailles à Moscou, au commencement d'un séjour en URSS dont il ramènerait un livre terrible pour le régime... Toute une époque, peut-on la saisir aujourd'hui.   

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Gorki était un écrivain du petit peuple russe, qu'il avait aimé chez lui et aussi en exil, sous le Tzar quand il était un révolutionnaire, puis sous Lénine quand il était un trop libre écrivain. Son pays lui manquait, il était revenu séduit par Staline qui l'avait emprisonné d'honneurs avant sans doute de le tuer mais de porter son cercueil, Gorki était plus commode en icône: ce sont des histoires  qu'on apprend dans des vieux journaux, je vous mettrai les liens, cela se termine dans une annulation de banlieue parisienne, la cancel culture n'est pas plus brillante à droite qu'à gauche. Qu'en aurait pensé Chirac, qui aimait le russe.  

Dans l'Humanité, on apprend qu'à Saint-Ouen on s'inquiète pour le stade du club de foot local, le Red star, bientôt cédé à un promoteur pour rénovation, on l'appelle stade Bauer du nom d'un médecin résistant  fusillé en 1942, la ville veut sanctuariser ce nom.    

Ainsi va la politique, c'est une identité et tout compte. On lit dans le Dauphiné que le centre de culture scientifique de Grenoble, ville progressiste et de science, organise un concours pour qu'l'on crée et que l'on complète sur Wikipédia des biographies de femmes scientifiques, cela manque.   

Identité encore, Libération est tout fier d'être redevenu le journal de gauche dont parle, depuis son enquête publiée samedi sur ces électeurs de gauche qui n'iront pas voter Emmanuel Macron face à Marine Le Pen, Libération enfonce le clou et taxe la colère des macronistes de déni.  Libération est aussi allé en Bretagne avec la député insoumise Mathilde Panot, qu'un autre député avait traitée de poissonnière, une vraie poissonnière,, Patricia Serio, blessée avait invité la député chez elle, Libération en fait deux pages, identité, qui valent le regard, oh pas pour la politiquer mais pour les personnages, le mari de Patricia qui avait été  pêcheur sans même savoir nager, ou un copain agriculteur qui a pris des vacances une fois, depuis son service militaire, il était allé à Nantes chez Ikea.  

Dans le Populaire du centre et le site de la Montagne, vous lisez Fabrice Malergue, un éleveur de Haute-Corrèze, qui à un moment de sa vie deux fois voulut en finir, et deux fois sa sœur lui enleva le fusil des mains, il était en dépression et négligeait ses bêtes qu'il aimait, "une loque", il a fini par admettre qu'il était malade, il a vendu ses bêtes, il s'est fait soigner,  il a racheté des vaches, il veille sur 54 limousines et porte un tee-shirt offert par ses enfants "j'ai le meilleur métier du monde papa et agriculteur". Ce genre d'histoire vous guérit des vengeances de plaque de rue.   

On parle aussi de Tanger... 

Que deux grands journaux visitent.   

Le Monde raconte ces ouvrières qui n'ont pas d'autre choix que travailler dans des caves où elles sont enfermées à clé par leurs patrons, tandis qu'elles découpent les tissus et cousent des vêtements qui nous sont familiers, tee-shirts, shorts minijupes Zara ou Kiabi. Ces fosses, comme on dit là-bas, sont la face cachée du textile marocain, qui doit rester rentable, c'est à ce prix:  le 8 février des pluies torrentielles se sont abattues sur la Tanger et dans un atelier, vingt-huit ouvriers, dont dix-neuf femmes, sont morts noyés comme par un tsunami...   

Ouest-France raconte les jeunes gens qui sur la corniche de Tanger regardent la mer et nous devinent derrière, ils prennent des rafiots, échouent mais ils essayent encore pour fuir le Maroc, ils ne veulent plus mendier et pensent que chez nous l'argent abonde et en traversant ils seront des héros: c'est le premier volet  d'une longue enquête sur ces gamins qui chez nous ne sont pas des héros mais les mineurs isolés que l'on redoute dans nos villes.   

Et on parle de survie pour finir...  

Qui est le lot commun des grands hommes et des sans-grade; la Dépêche à sa une s'inquiète de Nicolas Sarkozy, on attend le verdict du procès dit des écoutes Bismuth aujourd'hui... Libération et le Figaro nous racontent la stratégie de survie d'Emmanuel Faber, PDG de Danone, patron moderne écolo conscient, mais qui a mécontenté des actionnaires qu'il ne rémunère pas assez, et sans doute Franck Riboud, l'ancien PDG qu'il marginalise. Le sort de Faber se joue aujourd'hui dans un conseil d'administration, les Echos nous disent qu'il a promis de redistribuer 850 millions d'euros aux actionnaires, survivre est un métier.   

Pendant ce temps, le Parisien et la Provence nous racontent des acteurs artistes musiciens saltimbanques qui pour tenir prennent des pilules, ramassent des fruits sur les marchés ou changent de métier, cars ils  sont braves les artistes qui depuis un an ne jouent plus, Lionel chanteur reggae est devenu pâtissier, Matteo qui assurait la direction techniques de salles de spectacles a monté une start up qui vend des lampes dont les rayons lumineux éradiquent les virus...  

Est-ce beau les start-ups. En voici trois pour la route. Dans les Echos voici Carvana surnommé aux Etats-Unis « Amazon des voitures », qui écume le marché de l'occasion, et l'on apprend que les nouveaux garagistes ont fait Harvard et Stanford. 

Dans la Montagne voici, Claudie Chevalier 23 ans, qui transforme les vieux parapluies  en coupe-vents, elle est allée à Aurillac solliciter la maison Piganiol, qui fait des parapluies de luxe, et en pavoise, identité tiens, les rues de la ville chaque été, Claudie a obtenu de récupérer les parapluies suspendus... 

Dans la Voix du Nord, voici Vianney Guillaume et François, trois jeunes et beaux garçons, qui ont créé leur start up Lemlist, spécialiste du courrier électronique ciblés; des investisseurs ont voulu les racheter pour trente millions, ils ont dit non pour rester leurs patrons. Qu'aurais-je dit, moi, devant cette tentation.