Alep, c'est quoi ?

France Inter
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Alep c'est quoi? La presse française bien discrète sur le week-end meurtrier. Elle s'enflamme en revanche pour le duel Clinton contre Trump.

La revue de presse, bonjour Hélène Jouan

On commence par… Ce qui est absent de la presse ce matin !

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« C’est quoi Alep ? », il y a quelques jours, avec cette toute petite question, candide, un candidat à la présidentielle américaine, mineur c’est vrai, s’est définitivement disqualifié. « C’est quoi Alep ? » Ce matin, la presse quotidienne française semble fatiguée de se poser la question. Rien ou si peu malgré les mots prononcés hier aux Nations-Unies, « crimes de guerre, barbarie » ont dit les occidentaux, « Sarajevo ou Guernica » a lancé l’ambassadeur français François Delattre…Une photo de la ville en ruines page 14 dans les Echos, un dessin de Willem dans Libération : Vladimir Poutine offre un bouquet d’habitants en sang à un Bachar El Assad très ému du présent, « Oh, Des Aleppois, fallait pas »…

Rien ou si peu. Il faut lire la presse étrangère, L’Orient-le jour par exemple, quotidien libanais pour revenir sur ce week-end de bombardements meurtriers. 88 morts pour la seule journée de samedi selon le directeur d’un hôpital des quartiers rebelles, des services de secours totalement dépassés, des activistes anti régime qui évoquent l’utilisation de bombes au phosphore, laissant les habitants en proie aux flammes et aux effondrements d’immeubles. Les dénonciations occidentales semblent de peu de poids face à des Russes présents sur le terrain, quand les Américains eux ne le sont que très partiellement, le journal parle de 3000 combattants russes déployés au sud-est d’Alep, des mercenaires affirme-t-il.

C’est quoi Alep ? Peut-être Sarajevo ou Guernica, mais ce matin, ce n’est pas le sujet de la presse française

A la Une en effet de vos quotidiens nationaux, c’est un duel qui retient l’attention

« Trump/Clinton, Débattez-vous » titre Libération, et Alexandra Schwartzbrod avoue qu’elle aurait bien envie d’une rtt demain après avoir regardé le débat de ce soir, parce que la série télé « The West Wing », A la maison blanche, dit elle « c’est de la petite bière à côté du duel Clinton Trump ».

Alors de ce face à face, on retiendra 1, que c’est la première fois qu’une femme y participe, 2, que tous les coups sont permis, L’Opinion rappelle que c’est un professionnel de la téléréalité qu’Hillary Clinton va affronter ; face à Jeb Bush qui prenait la défense de sa mère Barbara, attaquée lui reprochait en février dernier d’oser s’en prendre à sa mère Barbara, Trump lui avait rétorqué « Mais alors, jeb, c’est ta mère qui aurait dû se présenter, pas toi ! », Hillary Clinton s’attend donc à tout, et face à la difficulté de trouver un faux Donald Trump aussi vrai que nature pour s’entrainer, elle aurait même consulté selon le New York Times, des psychologues pour tenter de cerner sa personnalité. Donald Trump par exemple, la traitera-t-il, d’Hillary la crapule, comme il la surnomme dans tous ses discours ? Il a envoyé un mail à ses partisans pour leur demander leur avis…En attendant, Alain Rémond dans la Croix, s’amuse à offrir à la candidate démocrate, quelques-unes des questions auxquelles elle devrait se préparer : « madame Clinton, pourquoi avez-vous assassiné John Kennedy ? » Ou encore, « par quel miracle êtes-vous l’une des rares survivantes du Titanic, et qui avez-vous jeté à la mer pour prendre sa place ? »

On plaisante, mais c’est du sérieux. Car ce qui se joue n’est rien d’autre que la possible fin de la démocratie nous met en garde Dominique Moïsi dans les Echos. Pour lui, « l’élection éventuelle d’un populiste caricatural et isolationniste, qui s’apparente de plus en plus à une version télé réalité d’un Mussolini à l’américaine, dit il, constitue le plus grave défi auquel le monde démocratique est confronté depuis la Deuxième guerre mondiale, la désagrégation de notre système de valeurs. Dans un contexte de montée des inégalités, d’affaiblissement des classes moyennes, de discrédit des politiciens classiques, tout devient possible, y compris l’impensable. Alors demain, prévient Moïsi, les américains regarderont le premier débat télévisé avec l’appétit moyen d’un citoyen romain face aux gladiateurs entrant dans l’arène. Mais nous ne sommes pas dans une arène romaine. C’est le futur de la démocratie qui est en jeu » prévient -il.

Retour en France Hélène avec la visite de François Hollande à Calais, qui a débuté il y a un peu plus d’un quart d’heure maintenant…

Calais, à qui le tour ? Tous les candidats putatifs à la présidentielle s’y pressent, pas vous, pas encore ? François Fillon, mais des présidents, bien peu. C’est la Voix du Nord qui relève que François Hollande est le premier président à venir en Calais depuis 33 ans ! Après de Gaulle et Mitterrand.

Alors Calais aujourd’hui pourquoi ?« Le pèlerinage préélectoral ne doit rien au charme littoral des lieux, ironise Jean Denis Renard dans Sud Ouest. « À force de débats enflammés et d’échauffourées qui ne le sont pas moins, Calais est devenu l’un des épicentres de la tragédie migratoire. La télé russe y croise des confrères italiens et néerlandais. Des riverains de la fameuse jungle connaissent des journalistes par leur prénom. Curieux effet de loupe connectée » relève t il. Point de vue intéressant dans Sud-Ouest, car, distancié. Jean Denis Renard raconte une ville à l’image désastreuse avec de réelles conséquences économiques, une ville où les habitants se déchirent entre ceux qui disent que la souffrance, ce sont les migrants qui la vivent, et ceux qui à quelques mètres de la lande n’en peuvent mais de ces hommes qui traversent quotidiennement leur propriété pour tenter de passer de l’autre côté de la Manche. Pour autant, écrit il, cette agglomération n’a rien d’une contrée en état de guerre. Le bidonville vit sa vie de misère à l’écart, décrit il.

François Hollande n’a pas prévu de se rendre « à l’écart » aujourd’hui à Calais, mais c’est bien du démantèlement de la jungle qu’il sera question, malgré l’opposition de la droite sur le sujet. Cri de colère dans Mediapart ce matin de Carine Fouteau sur la situation particulière des enfants réfugiés à Calais. Un millier d’enfants sans parent, en proie à tous les trafics et tous les dangers. Il y a quelques jours, un afghan de 14 ans est mort sur la rocade menant au port de Calais, 3ème enfant mort depuis le début de l’année. Au gouvernement français réclame t-elle, de faire appliquer l’état de droit, la mise à l’abri immédiate des moins de 18 ans et la possibilité prévue par la règlementation de Dublin de demander l’asile là où ils ont des proches

On termine Hélène

Quitte à être dans l’humeur du jour, Alep, la fin annoncée de la démocratie ou la crise migratoire en Europe, je vous recommande la lecture du dossier de l’Humanité sur le pouvoir Ultra en Pologne qui vient de faire passer en première lecture une loi qui interdit totalement l’IVG et prévoit même une peine de prison pour les patientes ou les médecins qui se prêteraient à un avortement. Loi inique, vrai recul des droits des femmes à laquelle les polonaises tentent de s’opposer. La Pologne, membre de l’union européenne…est-il utile de le rappeler ?

Alors pour tenter de sortir la tête de l’eau en ce début de semaine, je vous recommande aussi « 12 degrés 5, des raisins et des hommes », c’est un nouveau magazine, jajazine disent ses concepteurs, photos magnifiques, récits de viticulteurs et viticultrices passionnés, histoire de vignobles passés de la bibine aux grands crus, et quelques pépites: un très capé sommelier, Antoine Pétrus, raconte comment, pour préparer son concours de meilleur ouvrier de France, il a pris conseil auprès des négociateurs du RAId et du GIGN. « Parce que dans les cas de prise d’otage, ils doivent très vite capter la situation. Comme moi, dans mon métier de sommelier, je dois saisir l’attente du client dès sa réservation au téléphone ou par mail ». Ouahou..les compétences du raid pour choisir la bonne bouteille ! 12 degrés 5. C’est nouveau, c’est beau et ça fait du bien