(Patrick Cohen) Dans la presse ce matin : allô maman robot
(Bruno) On ne mesure pas bien le pouvoir des oiseaux... Mardi à la bourse, un faux tweet a donc fait trembler Wall Street pendant une éternité. Une éternité, c'est à dire 2 à 3 minutes.
On vous a raconté cette histoire sur France Inter. Le message a été publié sur le compte de l'agence Associated Press - près de 2 millions d'abonnés. "Explosion à la Maison blanche, Barack Obama est blessé". C'était un faux : l'agence de presse a corrigé 3 minutes plus tard. Entre temps, 150 milliards de dollars de capitalisation boursière s'était envolés.
Les Echos consacrent une page à cette affaire car elle met en cause une fois de plus l'informatisation des places boursières. Aux Etats-Unis, le trading haute fréquence, qui fonctionne avec des algorithmes et des mots clés, représente plus de la moitié des volumes boursiers. Les ordinateurs réagissent à la milliseconde près. Quand les mots Obama et explosion sont associés, évidemment ça pète. Vendez vos actions, vos obligations, votre pétrole, vos dollars et vos yens…
Ce que raconte cette histoire c'est aussi le poids pris par les réseaux sociaux sur la vie des marchés. Twitter, mais aussi eToro, Ragingbull, StockTwits... Les courtiers y font circuler toutes sortes d'informations. Quelquefois ca paye, un tweet de l'animatrice télé Oprah Winfrey vantant les mérites des friteuses Seb et l'action prend 4%. Hier c'était une autre affaire.
D'autant que les petits malins qui ont fait sauter la banque sont probablement à la solde de Bachar el Assad. Ils avaient déjà piraté le compte d'Al Jazeera et de la BBC, entre autres. Twitter envisage un système de double authentification sur ses comptes.
Mais les robots ont parfois du talent
Ils posent dans leur costume de robot, on ne verra pas leur tête. Le duo français de musique électro Daft Punk accorde une interview exclusive à Obession , le supplément du Nouvel Observateur . Nouvelle étape dans le « teasing un peu too much » avant la sortie de leur album en mai. Daft Punk ou la France qui gagne, succès dans le monde entier. Dans ce nouvel album, intitulé « Random Access mémories », RAM, comme la mémoire vive des ordinateurs, ils disent vouloir « capturer des moments de grâce (…) fabriquer une fenêtre hors du temps ». Josph Ghosn et Olivier Wicker ont pu écouter, ils ont aimé. Conclusion, "les robots n'ont pas de ride".
Le gouvernement prend des rides et des coups ce matin dans la presse.
Bientôt un an que la gauche est au pouvoir. « Un an de Hollande, c'est mal parti », en couverture d'un hors série de Politis . Et ce matin - allô maman, bobo - les critiques tombent une nouvelle fois de tous les côtés.
Presse de droite, Le Figaro épingle les promesses de campagne tenues en échec dans le domaine de l'industrie. « Petroplus, Florange, Aulnay, Hollande est rattrapé par la réalité. »
Presse de gauche, L'Humanité est scandalisée par cette amnistie promise aux syndicalistes auteurs de violences dans les conflits sociaux et auquel le gouvernement s'oppose finalement. « Jusqu'où François Hollande va-t-il aller contre ceux qui l'ont élu ? », demande Maurice Ullrich dans l'éditorial.
Dans Libération , c'est le voyage du président en Chine qui ne passe pas. Extraits de l'édito de François Sergent. « Depuis son arrivée à l'Elysée, il a remisé les droits de l'homme au magasin des accessoires. »
Et au PS même, il y a du mou dans la corde à nœuds. Le projet de loi sur la transparence politique et la publication du patrimoine des élus ne passe pas. Titre de Libé : « Le parlement a la morale dans les chaussettes »
Il faut lire les journaux des affaires pour trouver quelques compliments au président de la République. Dans Les Echos , Cécile Cornudet semble apprécier l'attitude de ce président « qui dit Non ». Non à l'amnistie pour les syndicats et inflexible vis à vis des états d'âme des députés socialistes.
Et à propos de la Chine, le Financial Times – édition Europe - cite François Hollande qui va faire des affaires à Pékin en exemple, comparé à David Cameron. Le Premier Ministre britannique est snobé par la Chine depuis qu'il a rencontré le Dalaï Lama à Londres.
Quoi d'autre dans la presse ?
L'Europe est un jeu à plusieurs où c'est l'Allemagne qui gagne à la fin. Après la victoire de Munich sur Barcelone, Dortmund étrille le Real Madrid en demi finale aller de la ligue des champions. "La finale 100% allemande est proche", titre le quotidien Bild sur son site Internet. 4 buts marqués par le même homme, Robert Lewandowski. On parlait hier du piteux 3 sur 10 attribué à Messi dans L'Equipe après le match de Barcelone. Ce matin, Lewandowski obtient la note rarissime de 10/10.
Un bateau. Sous le bateau, une torpille. Dans la torpille, 100 kilos de cocaïne. L'histoire est à la Une de Nice Matin - c'est la PJ de Nice qui a démantelé le réseau. Le bateau avait traversé l'atlantique, probablement en provenance d'Amérique du Sud. Il a été découvert à Rotterdam. Dans le matériel saisi, des parachutes, qui devaient faire remonter la torpille à la surface après avoir été gonflés.
Le mur des cons dans les locaux du syndicat de la magistrature. Des personnalités essentiellement de droite épinglées : blague de potache ou tache sur la neutralité de certains magistrats ? La polémique lancée hier par Atlantico a un joli petit succès dans la presse. Et le site continue d'étudier ce mur. On y trouve également la photo du père d'une des victimes de Guy Georges, le violeur en série.
Affaire Grégory : saura-t-on un jour la vérité ? se demande Le Bien Public et sa réponse est plutôt « Non », alors que les dernières analyses ADN n'ont rien donné. « L'ADN ne peut pas tout », dit au Bien public la directrice d'un labo d'empreintes génétiques. « Il s'agit d'un outil technique, pas de l'enquête. »
Et le plus beau match de l'année dans Le Point et Le Figaro
Un seau d'eau froide pour Christophe Ono di Biot, du Point ! Il s'est trouvé face à deux magnifiques femmes nues et il a du mal à s'en remettre. L'Olympia de Manet et la Vénus du Titien exposée côte à côte à Venise. « Choc sensuel de peau et d'étoffe, duel bouleversant de volupté ». Titien a inspiré Manet. Les deux toiles montrent deux beautés nues, allongés sur leur lit et regardant plus ou moins directement le peintre.
D'abord le journaliste décrit le voyage d'Olympia entre Paris et Venise. "Par une aube d'avril elle a quitté le musée d'Orsay en camion banalisé, puissamment mais discrètement escortée. 18 avril, arrivée à Venise, Palais des doges. La caisse de bois est couchée sur le sol. A à la perceuse, on dévisse la trentaine de clous enfermant la beauté." Puis commence le strip-tease, 7 couches de mousse ôtées une à une, la danse des 7 voiles.
Ensuite, il donne la parole à des historiens de l’art. Olimpia, Vénus, la position est la même, le découpage de la scène aussi. Mais il y a des différences : Vénus est une femme mariée, Olympia de petite vertu. Près de Vénus un chien, près d'Olympia, un chat à la queue dressée. Mais Olympia vous regarde droit dans les yeux. Maintien de reine. La plus putain des deux n'est pas celle que l'on croit. Ce tableau est une bombe.
Une bombe à Venise ! Ne twittez pas, il s'agit d'une jolie femme.
A demain
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