Des cheffes splendides et fortes racontent au Monde les violences qu'elles ont traversé en cuisine, Laetitia prend sa revanche sur la masculinité toxique dans un livre de recettes... de couilles ! Mediacités raconte la colère d'une ministre contre des ados. La gloire d'un footballeur gitan resté dans sa cité, So Foot.
On parle d'un mot...
Qui en sept lettres désigne un attribut masculin : la couille qui sonne plus canaille que "testicule", et qu'une jeune cuisinière, bellement fière et tatouée à l'avant bras, malaxe à sa sauce dans un article du Monde déjà en ligne, et qu'on lira dans le magazine... Elle c'est Laetitia, 30 ans, patronne d'un restaurant à Marseille, et autrice d'un livre de recettes qui nous enseigne les couilles d'âne, les couilles du pape en confiture, les roupettes d'agneau aux cèpes et grenaille, et les précieuses au beurre, le livre s'appelle "Les couilles, 10 façons de les préparer". Et il est voyez-vous une revanche gouteuse contre la masculinité toxique...
Car elle est aussi une des jeunes cheffes qui racontent au Monde ce qu'elles ont vécu, depuis gamines, dans des cuisines des beaux restaurants, de la part d'hommes leurs ainés, leurs patrons. La main aux fesses qu'on ne repousse plus, les humiliations verbales et puis... Laetitia avait 17 ans quand au deuxième jour de son stage dans un restaurant parisien, le sous-chef la coinça dans la chambre froide et lui dit à deux centimètres de son visage, "tu es mon apprentie, je fais ce que je veux". Laetitia raconte que pour être tranquille elle coucha avec lui et avec d'autres aussi. C'est parce qu'elle cédait facilement, dit-elle, qu'elle ne s'est jamais fait violer...
Les autres histoires que raconte le Monde sont au diapason, elles disent un monde de stress et de violence, qu'une nouvelle génération va devoir apaiser. Seules parlent des femmes qui furent victimes, elles ne nomment pas leurs agresseurs, nul ne pourra crier au lynchage. Laetitia se réveille la nuit en rêvant d'une chambre froide, mais elle est heureuse cuisine et a a écrit sur les couilles à table et parle et aujourd'hui lui appartient...
Et après Laetitia, je pense forcément à une belle fille dont la liberté paniquait un village et ses hommes, Bernadette Laffont avait joué en 1969 cette "Fiancée du pirate" splendidement féministe sur une chanson de Barbara, moi, j'me balance, l'autrice du film Nelly Kaplan vient de mourir hier à Genève, les portraits que glissent d'elle l'Humanité et Libération attisent le regret d'une femme libre qui à 18 ans était venue d'Argentine en France parce qu'elle étouffait chez elle dans une société où pour une fille il faut être gentille. Avant d'être cinéaste et d'inventer des personnages qui disent non, elle avait été l'amie l'icone des surréalistes , André Breton qui lui écrivait, "je n'aime que l'éperdu", André Pierre de Mandyargues, Philippe Soupault... Elle n'avait pas voulu être muse, Kaplan, "quand on est muse on inspire mais on ne respire pas", elle respirait comme d'autres cuisinent.
Dans le magazine des Echos, je vois une autre femme femme puissante celle-là, et amie elle aussi d'un homme rare qu'elle admire et protège, elle est Dominique Senequier, polytechnicienne et patronne d'un fonds financier milliardaire, il est Paul Veyne, le plus grand historien français de l'antiquité, qui déclame du grec ancien et a traduit Virgile... La financière trouve en Veyne "une clarté lumineuse", et quand elle le lit, "la lumière de Voltaire"... Voltaire qu'il lui conseille de lire, avant de négocier prudemment avec des partenaires chinois, car Voltaire raconte comment par la raideur d'un pape hostile au culte des ancêtres, le christianisme et ses habiles jésuites perdirent l'amitié et la confiance de la Chine... On ne vexe pas ceux que l'on veut charmer.
On parle aussi d'une ministre...
Qui elle s'est vexé de mots d'adolescents, l e site d'enquête Mediacités ranime la colère de la secrétaire d'Etat chargée de la jeunesse Sarah El Haïry. En octobre, après l'assassinat du professeur Paty, elle était venue à Poitiers rencontrer des jeunes issus des quartiers populaires, mais quand elle leur disait la beauté de la République laïque et protectrice et la police que l'on doit aimer, les enfants répondaient contrôle au faciès, une copine voilée traitée de terroriste... La Nouvelle république et la Vie avaient raconté cette double méprise conclue par une "Marseillaise" que la ministre avait chanté , le hiatus a fermenté, Mediacités révèle que la ministre diligente une enquête administrative sur la fédération des centres sociaux, vieille association d'éducation populaire, organisatrice de la rencontré, qui aurait du mieux encadrer les enfants.
Est-ce un devoir que la ministre doit à la République, est-ce une raideur? Ce n'est pas de sens que nous parlent dans la presse rescapés et endeuillés des attentats de novembre 2015, simplement de peine.
Marie et Mathias sont toujours présents disent le Républicain lorrain et l'Est républicain, qui avaient 23 et 22 ans et s'aimaient et sont morts au Bataclan, le confinement n'a pas permis que se tienne cette année la marche qui relie leurs deux villages d'origine Ancy-Dornot et Saint-Julien-Lès Metz, mais une association qui porte leur nom offre des bourses à des enfants qui veulent se lancer dans la musique et la mode... C'est ainsi que la vie continue.
Et on parle de vaches enfin...
Des Montbéliardes aveuglées ensanglantées brutalisées sur un marché à bestiaux marocain, c'est cette douleur qui fait la Une de l'édition de Franche-Comté de l'Est républicain car ces vaches viennent de chez nous, une campagne veut empêcher que l'on vende des bêtes en Algérie et au Maroc où la loi ne protège pas les animaux, après le port de Sète, l'enfer commencerait pour les bovins... Sommes-nous innocents?
Nous voilà donc avec des peines de France. Des commerçants posent nus sur les réseaux sociaux pour protester contre le confinement, et je vois des corps dans le Journal de Saône et Loire ou Nice-Matin... Piem splendide dessinateur nous a quitté hier chez lui en Touraine le jour de ses 97 ans, la Nouvelle république dresse de lui un portrait aimant.
Au Sénégal, me dit le Parisien, on pleure un enfant surnommé Doudou, qui jouait si bien au football que son père a cru des passeurs qui promettaient l'Europe et un grand club, Doudou est mort pendant la traversée, malade, les passeurs l'ont jeté par-dessus bord...
Allons. Dans So Foot j'aperçois un footballeur français celui-là, peut-être notre meilleur, Teji Savanier dont la finesse et la vitesse de pied font un être unique et rare, il joue à Montpellier sa ville, et vit encore dans la cité HLM de Gely qui est son village, où des guetteurs protègent le trafic et où l'on élève des coqs pour le combat, mais la boulangerie d'un cousin est décorée d'une fresque à la gloire de Teji aux joues rondes, qui est gitan et chante du Kenji Girac et que ses coéquipiers surnomment "couille". Oui couille, nous y revoila.
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