Commentaires dithyrambiques après l'investiture d'Emmanuel Macron. La revue de presse d'Hélène Jouan
La presse revient ce matin sur le jour 1 du nouveau président
Emmanuel Macron debout sur un 4/4 militaire à la Une du Wall Street Journal, « Commander in Chief » légende le site du Huffinton post, « Président ! »Point d’exclamation clame le Voix du Nord, une presse dithyrambique sur les premiers pas hier d’Emmanuel Macron. A l’exception notable de l’Humanité qui se demande « si l’état de grâce durera plus longtemps qu’un éclat de fanfare »,Grégoire Biseau dans Libération parle « d’un impeccable sans faute », jean Marie Montali dans Le Parisien avoue carrément avoir eu « des chatouillis à l’âme » hier, Olivier Mazerolle dans la Provence s’esbaudit « nous avons trouvé un président dit il, un espoir s’est levé », François-Régis Hutin dans Ouest France dit lui aussi avoir perçu, notamment dans le discours d’investiture à l’Elysée cette « énergie qui nous a révélé un jeune président ferme, déterminé et accueillant, un président qui a de l’allure, qui donnera à la France un nouveau visage ». Dans l’Opinion, le sociologue Michel Wieviorka apporte un peu de distance , non sur le spectacle d’hier, mais sur les défis qui attendent le président, qui face aux « énormes potentialités de violence qui existent dans la société française, a tout à gagner, et non à perdre à reconnaître que la conflictualité fait partie de la reconstruction du lien social, débattez, dialoguez » lui conseille t il en substance.
Le nouveau style de président
En attendant, la Provence nous détaille le nouveau style présidentiel, aux influences américaines nous dit le quotidien, qui détaille le jeu d’images inspiré d’Obama : » comme Obama avec Pete Souza, Macron a sa photographe officielle Soizig de la Moissonière pour maitriser son image, Aurore Gorius du site lesjours.fr, prédit d’ailleurs déjà une « écriture médiatique appliquée, minutieuse et sous contrôle », la Marseillaise chantée la main sur la cœur « à l’américaine », la bienveillance qui a servi de leitmotiv électoral, « ne sifflez pas marine le pen, battez là » rappelant le « don’t boo vote » d’Obama contre Trump, jusqu’à l’épouse évidemment, Brigitte largement mise en avant, comme Michelle aux côtés de Barack, un conseil parait-il dispensé par l’ex journalistes accréditée à la Maison Blanche Laurence Haim qui a rejoint le candidat Macron. Hier nous raconte Nathalie Segaunes dans l’Opinion, un long sms du nouveau service de presse de l’Elysée envoyé aux journalistes détaillait d’ailleurs la tenue de la première dame « robe bleu lavande, veste à double boutonnage, dessinés spécialement pour l’occasion par Nicolas Guesquière de chez Vuitton. Tenue et sac prêtés pour l’occasion » précisait le sms. «Rien en revanche sur le nom du premier ministre dans ce même sms…
C’est aujourd’hui que ce nom sera dévoilé
Mais la presse ce matin en retient un : Edouard Philippe 46 ans, député maire Les Républicains du Havre, sa photo est quasiment dans tous les journaux, même si le Figaro met en garde : « emmanuel macron aime les surprises, jusqu’à la dernière minute, tout peut encore changer » François Xavier Bourmaud avance néanmoins des hypothèses sur le casting gouvernemental à venir. Car si ce très proche d’Alain Juppé devait accepter Matignon, au grand dam d’ailleurs de l’ex premier ministre qui aurait tenté de l’en dissuader nous dit Marion Mourgue, il pourrait embarquer avec lui d’autres élus LR. Les noms de Benoit Apparu ou Franck Riester sont avancés, Bruno Le Maire tardivement quoique ostensiblement rallié, pourrait en être aussi. Pressenti encore, l’ex premier ministre Jean Pierre Raffarin pour les affaires étrangères. Pour la société civile, Thierry Breton, ex ministre aujourd’hui patron à l’Economie, Nathalie Loiseau directrice de l’Ena à la francophonie, ou encore Eric Orsenna à la culture. Sans compter évidemment les fidèles de sa campagne ou encore son allié François Bayrou. Objectif premier, on l’aura compris, disloquer la droite en vue des législatives
Edouard Philippe, que sait-on de lui ?
Alors du cv d’Edouard Philippe, on saura sans nul doute, Tout demain s’il est nommé ; à relever cependant, un article de Mediapart mis en ligne vendredi, sur celui qui serait un « mauvais élève de la transparence ». Mediapart affirme même qu’il aurait écopé d’un blâme de la part de la haute autorité de la transparence de la vie publique en 2014, au regard de sa déclaration de patrimoine. Il faut dire qu’il n’y avait pas mis la meilleure volonté du monde. Valeur des biens immobiliers ? « aucune idée » valeur de son appartement à paris ? « aucune idée », de ses parts dans une résidence de seine maritime ?« aucune idée ». Quant à ses honoraires dans un cabinet d’avocat, rien non plus sauf cette mention de sa main « je ne suis pas sûr de comprendre la question. Vous voulez connaitre mon taux horaire au jour de l’élection ? ». Vendredi, Edouard Philippe interrogé par Mediapart insistait sur l’absence d’infraction de ses déclarations, mais concédait aussi une « forme de mauvaise humeur » face à cette impitoyable transparence.
Premier déplacement à Berlin pour Emmanuel Macron aujourd’hui, et dans la presse ce matin, une première mise en garde
Ce week-end Der Spiegel faisait sa couverture sur « Le cher ami, Avec photo d’Emmanuel MAcron, un cher ami qui sauve l’europe, et l’Allemagne doit payer » prévenait le magazine. Wolfgang Schauble le ministre allemand des finances réitère la mise en garde ce matin dans le Figaro. Avec force convivialité, il rappelle fermement à ce « cher ami » que certaines de ses propositions comme créer un budget ou nommer un ministre des finances de la zone euro« requièrent une modification des traités, ce n’est pas réaliste assène t il. il faut être pragmatique. » Quant à l’idée que l’Allemagne fasse un effort supplémentaire au vu de ses excédents, « on ne résoudra pas les problèmes en affaiblissant l’Allemagne dit il, usant d’une comparaison footballistique compréhensible par tous « le psg avait une belle avance en quart de finale contre barcelone, mais les espagnols l’ont emporté. Il ne faut pas les en blâmer, mais espérer que Paris s’améliore. C’est une belle conclusion » dit il à la fin de son interview
On termine avec un ex candidat et une candidature qui se veut pacificatrice
Ex candidat et ex président, « Hollande, la vie devant soi » nous raconte Philippe Martinat dans le Parisien pour évoquer les premières heures de l’après pour François Hollande, son passage au parti socialiste après avoir quitté l’Elysée, « organiser cet événement a demandé quelques efforts parait-il car il ne fallait pas qu’il fasse un bide, les dirigeants se sont carapatés, heureusement les militants eux ont répondu présent ». Quelques rares anciens ministres en effet, dont vous Stéphane le Foll, les députés se comptent carrément sur les doigts d’une main a constaté Mathilde Siraud du Figaro, un couscous à la Boule rouge dans le 9ème arrondissement, et un cadeau en guise d’adieu. Mitterrand avait eu droit à une Twingo en 95, François Hollande lui a reçu un tableau de l’artiste Catherine Duchêne, au titre plein d’ironie ou de promesses, « la bonne étoile ».
La bonne étoile, c’est bien ce qu’espère la France au premier jour de visite du Comité international olympique des installations sportives destinées à accueillir les JO de 2024. Dans Libération ce matin, Pierre Carrey passe en revue les atouts que Paris a mis dans sa manche pour se mettre le CIO dans la poche, budget discount, arrogance française remisée, la preuve, on a même un slogan en anglais histoire de dire qu’on est prêt à s’asseoir sur notre langue « Made for sharing ». Pas de bol, c’est aussi le slogan de Pizza Hut parait il. En tout cas, la défense de la candidature française réunit déjà la maire de paris et le président. Et vu l’aigreur de leurs rapports, encore détectable hier dans le discours d’Anne Hidalgo à destination d’Emmanuel Macron c’est à lire dans l’OPinion, c’est au moins de ce point de vue là un plein succès
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