"Le Figaro" raconte les malheurs de Mme Merkel, qui, selon la presse allemande, ressemblent à ceux de la Mannschaft. Roland Dumas se souvient dans "Midi libre" qu'il brûla des dessins de Picasso. Le meilleur beurre du monde est orange et breton, dit "Le Télégramme".
Benjamin Pavard à l'honneur ce matin...
Et qui raconte Pavard, dans "L'Equipe", une histoire de vestiaire. Ce jour où, bien jeune, il déboulait dans le vestiaire de son papa, Frédéric, qui fut un musculeux défenseur à Maubeuge en troisième division et un entraîneur ensuite, et Benjamin parla. "Putain papa, vous avez été nuls…" "Benjamin tu sors", répondait Frédéric, et on aime cette histoire d'un père qui a guidé son fils. "Quand j'étais petit, il me disait : Tu fais cinquante jongles du droit, cinquante jongles du gauche et cinquante de la tête. Il me montrait et je réussissais au bout d'un moment."
Et voilà des choses toutes simples que nous offre ce garçon de 22 ans qui n'a pas pu retenir ses larmes hier sur TF1 en duplex avec papa et maman. Il fait la une de l'Equipe avec Kylian M’Bappe, les nouveaux héros. Mais autant M'Bappe a été conçu pour la gloire et est devenu une star planétaire, autant Pavard raconte une histoire sans cesse renouvelée du football et du peuple et du Nord de la France...
Papa encore, sur la demi-volée de son fils contre l'Argentine dans La Voix du Nord.
"Benjamin est de Jeumont, comme Jean-Pierre Papin ; alors, on peut dire que c’est une papinade ? Ou alors, une pavardinho…"
Ainsi aime-t-on le football dans la mémoire et dans des surnoms brésiliens...
Il dit ceci, Pavard, dans L'Equipe encore : "Je vais souvent voir l'ancien club de mon père. J'aime bien voir mes potes jouer à Bavay. On va boire un petit verre. J'ai des potes qui jouent en National, je regarde direct leurs résultats le week-end. Même si un jour, je gagne la Coupe du monde, j'irai voir le foot amateur."
Voilà donc une jeunesse en France. Le football nous raconte plus qu'un jeu.
Le Monde m'apprend qu'en Allemagne, le grand hebdomadaire Der Spiegel et le quotidien Suddeutsche Zeitung, prennent le football comme une métaphore de la crise politique du pays, Joachim Low le sélectionneur et la chancelière Merkel auront connu des gloires et des déclins parallèles... Le Figaro raconte avec précision comment le destin de Mme Merkel a basculé en quelques jours, quand sa droite l'a abandonnée. Et l'on entend dans la démocratie chrétienne ces mots : "Merkel muss weg". Ouest-France, nous raconte l'Autriche, qui cultive son nationalisme et vers laquelle la droite allemande regarde.
On parle de Picasso dans "Midi libre"
Picasso, qui, au crépuscule de sa vie, dessinait uniquement des sexes de femmes. C'est Roland Dumas qui raconte cela dans Midi libre, l'ancien ministre des Affaires étrangères trop souvent pris dans des polémiques depuis quelques années, mais qui fut avant... l'avocat et l'intime de Picasso, qui l'appelait Alexandre, parce que Dumas ! Et il lui confia le sort de Guernica, qui ne devait pas rentrer en Espagne avant que les libertés ne soient rétablies... Dumas raconte cela avec chaleur, et donc aussi ces derniers dessins. "On les a trouvés après sa mort, il y en avait, 30, 40. Jacqueline, sa veuve, et son fils m’ont dit : "Dumas, qu’en pensez-vous ?" Ils avaient alors le droit moral sur ses œuvres, celui de divulguer ou de détruire, et ces pièces n’étaient pas dignes du Picasso qu’on avait connu. Jacqueline a été d’accord, on les a descendues dans la cheminée, mais elle disait : "Je n’ose pas, Pablo, c’est sacré, c’est mon soleil." Elle a craqué l’allumette et me l’a donné, et je les ai brûlées."
Picasso est mort en 1973 à 91 ans. Roland Dumas, qui brûla pieusement ses derniers dessins, a 95 ans. Une femme si jeune pour toujours fête ses 90 ans, et elle est de notre patrimoine. Dans La Voix du Nord et un si beau portrait du Figaro, que ses yeux bleus illuminent, Mademoiselle from Armentières qui prend encore des cours de chant... Madame Line Renaud.
Karl Lagerfeld, lui, a 84 ans. Icône de la mode qui se confie aux Echos, il n'a pas de patron sinon sa chatte Choupette et se moque de ce qu'on retiendra de lui : "On ne fait pas crédit sur le passé", dit un proverbe allemand. Mme Merkel, entendez-vous?
Le passé, pourtant, en impose. Tous les journaux du groupe Centre France, de La Montagne à L'Echo républicain titrent "Merci madame" ; toutes les éditions du Dauphiné, titrent "À une grande dame" ; toutes les éditions des DNA affichent la photo de Simone Veil, avec ces mots, "En paix".
Dans "Le Monde", l'histoire d'un innocent…
Que nous lisons à l'ombre de la gloire sulfureuse de Redoine Faïd, ce braqueur qui s'est fait la belle en hélicoptère, et ont les portraits en truand intello et cinéphile se lisent bien dans Libération et Le Parisien, et avec sourire dans Le Courrier picard, qui l'affiche en gloire locale – "L'incroyable évasion du Picard" – puisqu'il vient de Creil, où il débuta en volant ; à six ans, un chariot rempli de bonbons.
Mais il est dans le peuple des fait-divers, des anonymes et des oubliés tels cet homme, Mourad Sadi, ancien employé d'une station-service, bipolaire, abandonné par son épouse et SDF. Il fut accusé à tort il y a trois ans d'un incendie qui fit huit morts rue Myrah, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Il était innocent, c'était un habitant de l'immeuble qui était le pyromane. Mourad Sadi a été rendu à la liberté après un an et dix-sept jours de prison, rendu à la liberté et à la rue où il se trouve encore, poli, fragile, toujours mis en examen, son allocation adulte handicapé partiellement bloquée, un homme invisible que Le Monde nous ramène.
Est-on glacé de tristesse?
Pour vous aider, trois choses.
Les conseils de Rue89, qui décrit les ruses des employés de bureau pour aller aux toilettes sans se faire voir de ses collègues…
L'hebdomadaire Le Pays consacre deux pages au bonheur artisanal du saucisson du Forez, je m'en remets à peine.
Et dans Le Télégramme, je découvre un beurre de couleur orangée et au goût de sorbet mangue. C'est le beurre fabriqué dans le Léon, du lait de vaches nourries au froment, par les époux Terlet à Maël-Pestivien. Ils sont des artisans uniques qui posent avec leurs enfants. Transmettez, comme les Pavard !
(A l’antenne, dans un lapsus venu de je ne sais où, et que seule la fatigue d’été saurait expliquer, j’ai appelé "Pascal" le superbe Frédéric Pavard. Mes excuses les plus plates ne sont pas de trop).
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