(Patrick Cohen) Dans la presse ce matin : bras de fer et doigts de fée
(Bruno Duvic) On peut comprendre la lassitude de ceux qui n'aiment pas le feuilleton, mais la lecture de la presse ce matin à propos de l'UMP est une nouvelle fois assez sidérante.
Dans le premier parti de France, dans un pays qui se pique de donner des leçons de démocratie au monde entier, on parle désormais de « fraude industrielle ». L'expression est à la Une du jdd.fr . « Les fillonistes dénoncent une fraude industrielle, ils accusent leurs adversaires d'avoir bourré les urnes avec 30.000 procurations. »
30.000 procurations pour Jean-François Copé contre 10.000 pour eux, ce qui est déjà pas mal soit dit en passant. Si elles étaient avérées, elles représenteraient plus du tiers des voix en faveur du secrétaire général. Précision : qui dit procuration ne dit pas forcément fraude.
Mais tout de même, les proches de l'ancien Premier Ministre font circuler ce qu'ils ont en leur possession. Libération s'est donc procuré, tiens donc, une liste de fraude selon le clan Fillon. Il y en a une page entière. Un exemple parmi d'autres. 100 habitants d'Istres ont été rattachés au bureau de vote d'Arles, à 45 km de chez eux. Pour leur éviter de se déplacer, on leur a fourni des procurations. Procurations un peu particulières, il était proposé d'écrire sur un post-it le nom de candidat choisi. Mais à Arles, une partisane de Jean François Copé aurait été vue en train de modifier les noms sur les post-it.
La presse reprend encore les propos de Dominique Dord, trésorier démissionnaire et qui accuse le secrétaire général de l'UMP d'avoir mis le parti à son service, finances comprises, tout au long de la campagne.
"Comment Copé a tout manigancé", dossier à charge dans Le Nouvel Observateur .
La solution est-elle à la Une du Parisien : « Revoter ? ». « C'est ce que Sarkozy a évoqué avec les deux adversaires hier », écrit le journal en Une.
Un dernier mot sur cette affaire : quand les journaux se regardent entre eux. Article du Monde , qui relève que Le Figaro est la caisse de résonnance de la colère des électeurs UMP. Xavier Ternisien mentionne la Une dont on parlait ici hier : « UMP suicide en direct ». Et cette fois pas de choix entre les deux concurrents. Jeudi, le directeur des rédactions du Figaro Alexis Brezet parlait « des branquignols de la droite ».
Autre bras de fer, celui qui oppose le gouvernement à Mittal.
« Florange, l'Etat aux fourneaux », titre Libération avant la rencontre entre François Hollande et Lakshmi Mittal cet après-midi à l'Elysée. Nationaliser le site Mittal de Florange, l'idée fait hurler l'éditorialiste du Figaro . Et pourtant, elle a le soutien de proches de Nicolas Sarkozy. Henri Guaino dans Les Echos . « Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas l'envisager. Arnaud Montebourg a tort d'utiliser une forme polémique mais sur le fond il a raison. L'Etat ne peut pas rester indifférent au sort de la sidérurgie. » Et Henri Guaino va plus loin : « L’Etat doit étudier s'il est économiquement plus viable de prendre le contrôle du seul site de Florange ou de l'ensemble des actifs sidérurgiques de Mittal en France. »
Des bras de fer aux doigts de fée...
A la Une de Ouest France ce matin : une opération chirurgicale. Elle a été réalisée hier par le professeur Boudjema du CHU de Rennes. Il est l'un des seuls au monde à réaliser des opérations du foie ex vivo.
De quoi s'agit-il ? Réponse très claire en titre : il retire le foie cancéreux, le soigne et le replace.
L'opération a duré 8 heures sur une patiente dont l'espérance de vie n'était plus que de quelques mois. Le récit est de Samuel Nohra.
On ne retire par un foie comme ça. Il faut d'abord repérer les artères et les veines qui l’alimentent et les ligaturer pour éviter toute hémorragie. Cela prend déjà deux heures.
Ensuite il faut faire un peu de tuyauterie : mettre en place une circulation sanguine extracorporelle, le temps de s'occuper du foie.
C'est bon, le foie est prélevé et mis dans la glace, le chirurgien peut travailler directement dessus. Il opère avec un bistouri à micro ondes. On retire la partie du foie malade. 2h30 de travail.
L’organe est remis en place. Il n’en reste plus que 30% mais il va se reconstituer en 3 semaines. On remet en place la circulation sanguine.
A 16h30, l'opération entamée à 8h30 est achevée.
Et la journée du chirurgien n'est pas terminée.
Quoi d'autre dans la presse ?
La France va-t-elle dire Oui à la reconnaissance de la Palestine à l'ONU ? Selon Mediapart , on se dirige plutôt vers un Oui. Assemblée générale des Nations Unies après-demain.
« Silence on tue ». C'est la Une de La Provence ce matin sur fond noir après le nouveau meurtre hier dans la ville. Un homme de 47 ans tué dans un bar du quartier de Mazargues pour le vol de sa sacoche. Même désespoir à la Une de La Marseillaise : « Une histoire sans fin ? »
Une traduction très concrète de la crise : le conseil général de l'Aveyron n'a plus les moyens d'offrir le transport scolaire aux familles du département. Il redeviendra payant à partir de la rentrée prochaine. C'est la Une de Centre Presse
Plus de bus en soirée à partir d'aujourd'hui dans le quartier sensible d'Amiens Nord. C'est la manchette du Courrier Picard .
Et dans l'édition Paris du Parisien , cette petite polémique qui monte boulevard Haussmann. Les vitrines de Noël des grands magasins, (Printemps et Galeries Lafayette) présentent de moins en moins de quoi faire rêver les enfants (père Noël, jouets animés et autres nounours) et de plus en plus d'articles de luxe. Louis Vuitton et Dior se partagent le boulevard Haussmann.
« Ils ont tout donné aux marques », peste une élue CGT des Galeries Lafayette, le plus critiqué des deux magasins dans l'article du Parisien .
Moins d'estrade aussi pour que les enfants puissent coller leur nez aux vitres.
Une autre syndicaliste, CFDT, des Galeries, fait un petit historique. Dans les années 2000, il y avait encore un directeur artistique et une cellule spéciale vitrines de Noël avec douze personnes. Cela s'appelait « Décorations, étalage ». Le directeur artistique est parti. Seulement quatre personnes travaillent sur les vitrines avec des stagiaires et cela s'appelle "merchandising visuel". Le directeur général des Galeries se défend : « Nous n'avons pas diminué le nombre d'automates, les vitrines sont plus belles que l'année dernière. » Le mot de la fin pour une grand-mère, un peu dépitée : « Mon petit fils n'a rien vu de sa liste au père Noël. »
A demain
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