Ces officiers français qui aiment Poutine, un homme d’ordre et de valeurs, l’Obs.

France Inter
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Les pigeons voyageurs, autrefois passion des corons, sont un sport millionnaire en Chine, la Croix. Jean-Pierre Chevènement va chercher Freud pour justifier l’autorité et l’Etat, le Point. Charleville a peur de perdre Rimbaud, l’Ardennais. Cycliste philosophe, Guillaume Martin joue aussi de la tractopelle, Libération.

On parle de vieilles passions ce matin...

Et d'abord d'une passion française et prolétaire, la course  de pigeons, que ranime la Croix en voyage au Nord de la France où 5000 colombophiles prolongent le temps où pour se distraire de la dureté de l'existence, ouvriers du textile et mineurs de charbon élevaient ces pigeons voyageurs dont le bec cache un radar qui les fait se retrouver dans le champ magnétique terrestre, on trouvait un pigeonnier à chaque porte dans les corons, le dimanche on lâchait au loin les oiseaux, aujourd'hui on découvre des témoins magnifiques tel titi d’Escaudain qui n'est jamais parti en vacances à cause des bestioles, ou Jean-Louis, instite à la retraite qui ajoute à l'eau de ses oiseaux du thym macéré dans le vinaigre...  

Bref, on nous parle d'oiseaux, ce jour où à la une du Parisien, on contemple par un rapport du WWF, la catastrophe de la disparition des espèces animales, c'est donc de circonstance si on évoque les pigeons en tendresse nostalgie et cheveux blancs. Mais la Croix estun journal au présent, et nous dit aussi un champion de 24 ans Tanguy et nous dit surtout qu'en Chine, ce pays qui veut tout, les colombophiles sont 400.000 et des enragés capables d'acheter sur le marché un pigeon male 1 millions 250000 euros.... Que sont les pigeons prolétaires devenus?

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Les journaux nous tentent de nostalgie, mais le passé que l'on croit retrouver est poreux à l'époque... Le Point nous raconte pétition qui veut amener au panthéon Rimbaud, et avec lui Verlaine,  l'idée vient d'une conjuration de trois rimbaldien, un éditeur Jean-Luc Barré, un écrivain Nicolas Idier, un journaliste Frédéric Martel venus pèleriner sur la tombe de Rimbaud à Charleville et qui l'avaient trouvé bien laide, et comme le cimetière des Batignolles, où repose Verlaine n'est pas folichon, pourquoi ne pas réunir les amants de Bruxelles dans une reconnaissance commune! Mais ce qui était drôle est devenu sérieux, Mme Bachelot est de la pétition, et même grave, puisqu'il s'agit moins de littérature que d'une réparation identitaire, c'est un couple homosexuel qu'il faut honorer, Verlaine et Rimbaud seraient les Oscar Wilde français -du nom de ce prince des lettres britanniques qui fut emprisonné et détruit socialement pour avoir aimé le fils d'un marquis... 

Et voilà donc Rimbaud et Verlaine pris dans un de nos combats mémoriels, nos symboles d'aujourd'hui, et pris dans les bruit de nos disputes, les dira-ton parisiennes? Dans les Ardennes l'Ardennais plaide pour Charleville, va-t-elle être dépossédée de son enfant terrible, des gens viennent ici pour lui et lui écrivent des lettres, et est-on certain qu'il l'aimait si peu, sa vieille ville natale? Et après tout, aimerait-il le panthéon, serait-il indigné d'être asservi à l'édification des foules ? Etienne de Montety dans le Figaro ironise sur cette respectabilité républicaine qu'on veut imposer à des poètes maudits, on  ne savait pas le Figaro ami de la marginalité. L'Express nous invite à lire une biographie de Rimbaud rééditée et préfacée par deux des conjurés du panthéon, mais c'est le biographe, Jean-Jacques Lefrere, un médecin barbu tel Zola, à l'accent tarbais, qui dirigeait à sa mort l'Institut national de transfusion sanguine, mais que le passé les lettres habitait. Son Rimbaud semble un voyage immanquable. L'Express nous invite aussi à lire la biographie littéraire signé David le Bailly du frère de Rimbaud, Frédéric, l'autre Rimbaud » au destin triste de cocher alcoolique, que l’on cachait pour ne pas abimer la légende. Lire, oui, c'est une bonne idée, une vieille passion aussi.

On parle d'un homme d'Etat...

Qui est dans le Point encore, Jean-Pierre Chevènement très beau en photo dans la vérité de son âge, il publie ses mémoires animé de la même passion ancienne , la République, l'autorité,  et porteur aussi de cette espièglerie qui consiste à citer le père de la psychanalyse pour défendre l'Etat et sa force: "Comme l’a énoncé Sigmund Freud, il n’y a pas de civilisation sans répression". Le  Point prend Chevènement une semaine après que l'Obs nous ait rendu Lionel Jospin, tous deux se connurent et tous deux maintiennent sans faillir, est-ce rassurant.  

L'Obs cette semaine choisit d'inquiéter et raconte comment des officiers de 'l’armée française, nombreux, sont poutiniens; ils trouvent que Monsieur Poutine est un homme d'ordre, de valeurs familiales et défenseur de la chrétienté ;  cette dilection se greffe sur un sentiment pro-Russe hérité de l'histoire, et au-delà pro-slave. Le journaliste Jean-Baptiste Naudet se souvient que pendant la guerre de Bosnie, des officiers étaient réticents à protéger les bosniaques, qu'ils surnommaient les bosnioules, et préféraient les serbes. C'est dans ce contexte qu'un ancien capitaine français est parti se battre aux cotés des ukrainiens pro-russe de Donetsk, et qu'un autre officier, lieutenant-colonel, a choisi de travailler avec les services russes

La vie évoque une belle figure chrétienne, le père Alexandre Men, un religieux et philosophe orthodoxe dont la foi était la liberté, qui fut assassiné à coup de hache en 1990, sans doute par les services de l'Union soviétique en déclin, on le redécouvre alors dans nos temps de doute, il disait cet homme, « le christianisme ne fait que commencer », il avait ce refus du déclin qui rend libre  au-delà de la mort...

On parle aussi d'une femme libre...

Qui pour sa liberté croupit depuis deux ans en prison, en Arabie saoudite où elle portait la cause des femmes, vous voyez dans Ouest France la figure forte et belle de Louajin Al Ahtloul, que la région Normandie va honorer pour briser le silence... 

Dans Match, une autre femme prétend à notre compassion, Nafissatou Diallo, qui a pleuré en racontant à l'hebdomadaire,  sa vie de femme violée chez elle et puis  excisée, qui croyait être heureuse à New York jusqu'à l'accident, comme elle dit, quand elle vit un homme nu, Dominique Strauss Kahn, dans la chambre d'hôtel qu'elle allait nettoyer. Elle a été Nafissatou Diallo une circonstance de notre vie politique, peut-on la regarder par elle-même et l'entendre sans méfiance, même si elle prépare un livre, même si elle semble en promotion?

Libération nous invite à suivre un immense penseur, Gunther Anders, né allemand  puis exilé, qui toute sa vie fut habité par les horreurs du nazisme et de la bomba atomique, des impensables qu'il fallait penser, il écrivit aussi sur la musique que la technique percutait on le republie... 

Dans l'Equipe, qui dresse un parallèle passionnant entre vélo et courses automobile, porté le champion Indy car Simon Pagenaud, on me parle aussi de Guillaume Martin dont je me demande s'il a lu Anders, lui qui est cycliste et philosophe et troisième du Tour et dans un moment d'amour, il nous montre dans Libération qu'il est aussi paysan, qu'il adoré pendant le confinement jouer de la tractopelle à la maison et il est en pleine forme parce qu'au printemps, il n'a pas pédalé, hédoniste en plus.

Libé encore me dit que les œufs bios, parfois, viennent d’élevages gigantesques et ont peu en commun avec le mythe de la fermette. Pourquoi la fermette d'autrefois survivrait-elle au temps? 

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