l'expo Tchoukine bis à...téhéran! les observateurs sont dans le brouillard à un peu plusde 40 jours de la pdlle, les syndicats à la rue, et les entreprises continuent le bizness
La revue de presse, bonjour Hélène Jouan
On commence ce matin par une expo
« C’est un événement qui a pris la planète arty par surprise…La fabuleuse collection Chtoukine venait à peine de fermer ses portes à Paris, que circulaient sur twitter mardi 7 mars, des images d’une exposition tout aussi extraordinaire. Sur les cimaises, Pollock, gauguin, warhol, picasso, Bacon». Roxana Azimi nous raconte dans M, le magazine du Monde, l’histoire de cette expo qui vient donc de s’ouvrir au Musée d’art contemporain de Téhéran ! Et c’est l’histoire contemporaine de l’Iran qui défile. Ce musée ouvre la même année que le centre Georges Pompidou à Paris : nous sommes en 77, le chah est au pouvoir, et c’est sa femme Farah Pahlavi qui a l’idée de ce musée. A l’époque la monarchie iranienne, riche de sa manne pétrolière, joue à fond ce que pratiquent aujourd’hui les pays du golfe, la carte du soft power culturel. L’impératrice aujourd’hui déchue, pousse à l’achat de quelques 200 œuvres, dont quelques chefs d’œuvre, ceux-là mêmes qui sortent des réserves ces jours-ci. La crème de l’avant-garde se presse alors dans l’ancienne Perse, de Peter Brook à Arthur Rubinstein en passant par le pape du pop art Andy Warhol en personne, qui se rend à Téhéran en 1976 pour faire le portrait de la chabannouh. L’homme à la perruque blanche et au teint d’aspirine n’aime guère la chaleur, or c’est l’été en iran, et le démocrate qui sommeille en lui réprouve le régime du chah et sa police politique. Mais Warhol apprécie le caviar à la louche, le confort du Hilton et les égards, raconte la journaliste, bref, ça vaut bien un portrait ! Le musée d’art contemporain est donc inauguré en 77, dans un faste hallucinant, mais déjà la colère gronde dans ce pays aux inégalités criantes où règne la censure et la violence contre les opposants politiques. Quand survient la révolution islamique de 79, le personnel du musée veille à cacher les toiles de crainte de les voir vandalisées par des révolutionnaires qui brûlent tous les jours la bannière étoilée, et pendant 30 ans, la collection d’art occidental sommeille dans les réserves… et puis au gré des ouvertures et fermetures successives du régime, on dévoile certaines de ses toiles, ou on les recache illico. Le réformateur Rohani élu en 2013, le pays s’ouvre à nouveau au monde. Une expo itinérante de ces chefs d’œuvre est même prévue en Europe, mais finalement suspendue, Rohani qui brigue un 2ème mandat craint de s’attirer les foudres les plus conservateurs. « Le voyage en Italie des Pollock, Rothko, Bacon et compagnie se jouera peut être dans les urnes iraniennes en mai prochain, en attendant, les œuvres ont été rendues aux Iraniens » conclut la journaliste. Article qui permet de comprendre que c’est parfois à l’aune de son ouverture culturelle, un peu, beaucoup, pas du tout, qu’on mesure la volonté d’ouverture politique d’un pays…
On poursuit dans le domaine de la culture
Grâce à l’édito ce matin de Cécile Cornudet dans les Echos qui nous offre la transition : « Mais où est donc passé Stendhal ? » se demande t elle. Rien à voir avec les programmes culturels des candidats, non, Cécile Cornudet souligne l’absence de « cristallisation » de cette présidentielle à un peu plus de 40 jours du premier tour, Stendhal parlait lui de cristallisation pour le sentiment amoureux. « Indécision, désintérêt, nausée », » aujourd’hui dit elle, s’appuyant sur l’étude parue hier dans le Monde, 32% des électeurs envisageraient de s’abstenir…mais comment cela va-t-il tourner s’interroge t elle ? personne ne le sait. Alors les débats télévisés qui se tiendront avant le premier tour, sur TF1, sur France 2 mais aussi sur BFM et Cnews nous dit le Parisien ce matin, vont-ils aider à cette cristallisation, ou au contraire susciter un nivellement par le bas, comme le défend François Hollande en privé ? et bien ça non plus, on ne le sait pas….c’est vous dire si on est dans le brouillard ce matin.
Et si nous sommes nous, électeurs et observateurs dans le brouillard, les syndicats eux, « sont à la rue » nous dit le journal l’Opinion. A la rue, car ils ne savent pas eux-mêmes à quel candidat se vouer explique Fanny Guinochet. Depuis l’an dernier, ils s’étaient tous préparés à l’alternance. Sauf qu’ils croyaient à la victoire de Juppé. Raté. Alors une fois Fillon intronisé, ils ont commencé à discuter avec le médiateur du candidat, Gérard Larcher ex ministre du travail, afin d’essayer d’infléchir la purge libérale. Encore raté, le président du sénat ayant pris ses distances avec François Fillon suite aux affaires, ce n’est plus forcément le bon interlocuteur. Ils sont tout aussi déboussolés par le camp d’en face, personne parait il ne croit à la mesure phare défendue par Benoit Hamon, le revenu universel, d’ailleurs le candidat socialiste a pris peu de contact avec eux pour établir son programme, aucune chance qu’il bénéficie d’une consigne de vote de la cgt par exemple, ce qui avait été le cas en 2012 de la part de Bernard Thibault appelant à voter Hollande face à un Nicolas Sarkozy fustigeant les corps intermédiaires. Quant à l’invité surprise de cette présidentielle, Emmanuel Macron, il s’attire les foudres de la CGT et de FO, et divise les réformistes. Mais en fait le vrai problème des syndicats, mais aussi du patronat, c’est le FN. Ils constatent avec une forme d’impuissance écrit la journaliste, l’intérêt de leurs troupes pour les thèses de Marine Le Pen. Retraite à 60 ans, embauche de fonctionnaires ou encore défense des services publics, « que répondre aux camarades qui nous disent que 80% de nos revendications sont aujourd’hui portées par le FN ? Objectivement, c’est vrai » se désole un membre de Force ouvrière. Alors, si marine le pen était présente au second tour, les syndicats manifesteraient ils comme ils l’avaient fait en 2002 ? à l’exception de FO…tout le monde cette année, est gêné aux entournures par la question…Le Medef semble prendre les devants, au moins de la « normalisation », en invitant pour la première fois Marine le Pen à venir à la fin du mois, lui dérouler son programme
Morale, politique et bizness…sujet de réflexion ce matin avec un cas concret
Il y a quelques jours, Lafarge Holcim, accusé depuis des mois d’avoir financé des djihadistes pour pouvoir continuer ses activités en Syrie, se couvrait la tête de cendres, reconnaissant avoir agi de manière « inacceptable ». Promis, le groupe cimenterait désormais plus blanc que blanc raconte Denis Cosnard dans le Monde de cet après midi. Patratras poursuit il, une semaine ne s’est pas écoulée que le champion européen du ciment se retrouve au cœur d’une nouvelle affaire où il semble sacrifier de nouveau la morale sur l’autel de ses bénéfices. Ses dirigeants viennent en effet d’annoncer qu’ils étaient prêts à fournir leurs matériaux de construction pour le fameux mur anti clandestin de Trump, que certains nomment le mur de la honte. S’attirant aussitôt les foudres de l’exécutif français, le ministre des affaires étrangères jean marc Ayrault a appelé le cimentier à « bien réfléchir », évoquant la responsabilité sociale des entreprises, François Hollande a renchéri appelant à la « prudence ». Chez LafargeHolcim, on avance que le projet est légal, qu’il peut ouvrir la voie à d’autres chantiers d’infrastructures lancés par Trump qui parle d’un plan à 1000 milliards de dollars, que tous les concurrents sont déjà sur le coup, et puis quoi « c’est un mur, pas un camp de concentration » relativise un proche de la direction. Lafarge a été pendant plus d’un siècle dit Denis Cosnard, l’un des groupes français les plus épris de morale, ses patrons catholiques sociaux revendiqués avaient foi en l’homme et le progrès. Depuis son rachat par le groupe suisse Holcim cet héritage part en lambeaux. Désormais bizness is bizness. L’effet Trump booste le moral parait il des entreprises du Cac 40, dont LafargeHolcim fait partie, le moral et les bénéfices de ces entreprises qui ont bondi à près de 76 milliards l’an dernier. C’est la Une des Echos de ce matin.
Si c’est à la culture qu’on mesure un peu l’ouverture d’un pays, la morale est rarement semble t il, l’étalon dans le monde des affaires
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