Débat présidentiel, pour la forme ou sur le fond?

France Inter
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débat Macron/le Pen, décisif ou pas? ce que chacun joue...

La revue de presse, bonjour hélène Jouan

A la Une de la presse ce matin, le débat ce soir Macron/le Pen

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« En ce soir du 10 mai 1974, raconte ce matin le quotidien Sud-Ouest, EDF enregistre une soudaine et spectaculaire chute de tension sur son réseau. Comme un seul homme, 25 millions de Français viennent d’éteindre leur téléviseur après y avoir vu Valéry Giscard d’Estaing ruiner les espoirs de François Mitterrand, en dégainant l’argument du « monopole du coeur ». Même si cette punchline, comme on dirait aujourd’hui, cette phrase choc ne fut aucunement reprise par la presse au lendemain de la joute nous rappelle ce matin l’historien des médias Christian Delporte dans Aujorud’hui en France/le Parisien, elle a participé à la légende de ces face-à-face qui constituent depuis, l’acmé de toute campagne présidentielle, à l’exception de 2002.

« Choc frontal » affirme la Charente libre à sa Une, « La grande explication » pour La Presse de la Manche, « Décisif » pronostique la Provence.

Décisif ? « en réalité, souligne Philippe Marcacci dans l’est républicain, les bons mots qu’on retient de chaque crû présidentiel, ont plus accompagné le destin du scrutin qu’ils ne l’ont dessiné ». Mais ce soir estime-t-il, « il pourrait en être autrement ».

Le Parisien juge carrément qu’il s’agit d’un « débat pour l’histoire », et insiste sur les nouveautés : pour la première fois, ce sont des « novices » qui vont s’affronter, pour la première fois, une candidate FN va y participer, et pour la première fois aussi dans doute, les projets sont radicalement divergents.

2H20 d’affrontement donc, avec UN spectateur assidu, parmi d’autres évidemment: François Xavier Bourmaud du Figaro nous révèle que « François Hollande a annulé son aller/retour à berlin où il devait rencontrer Angela Merkel, afin de ne pas rater le duel inédit entre prétendants à sa succession ». « T’es sûre qu’il ne va pas regarder le foot, Monaco contre la Juve ? » m’a-t-on demandé ce matin à France Inter. Sûre de rien, mais le Figaro assure que « le président est soucieux de ne pas donner l’impression de se désintéresser de ce débat, comme il avait pu le faire au moment des primaires du ps. »

Alors quelle stratégie pour l’un et l’autre des candidats ce soir Hélène ?

« Macron veut la démasquer » affirme le Parisien, « Le Pen veut le faire craquer ». En gros, le candidat d’en Marche souhaiterait ramener la candidate du Fn dans le concret dit Sud-Ouest, notamment sur les conséquences d’une sortie de l’euro, monnaie commune ou monnaie unique, on ne sait plus très bien, embrouillamini résumé par un dessin de Pétillon à la Une du Canard Enchainé ce matin : « vous voulez rester dans l’euro sans y rester » tente d’expliquer un journaliste, à qui marine le Pen rétorque « ce n’est pas exact, nous quittons l’euro sans le quitter » . « La chercher sur le fond » donc, quand elle insisterait sur «l’arrogance » de Macron, «banquier froid aux ordres des lobbys ». A charge pour elle de ne pas se montrer trop agressive, le Figaro nous informe que son entourage l’aurait encouragée à exploiter sa « féminité », à savoir explique un conseiller,une forme de « douceur » et « d’empathie naturelle » avec les gens. La féminité pour le FN, concept immuable…

Reste que 1, Marine le Pen n’a pas l’intention de se laisser enfermer dans un débat éco, son point faible avoue un de ses proches aux Echos. 2, invoquer le rationnel n’est pas sans risque. Sur Médiapart.fr, François Bonnet et Mathieu Magnaudeix estiment qu’Emmanuel Macron serait bien inspiré de tirer les leçons de l’affrontement à l’automne dernier entre Hillary Clinton et Donald Trump. Dans un livre paru aux Etats-unis sur la campagne ratée de la démocrate, les auteurs relèvent: « les arguments très nuancés de Clinton en matière de politique étaient ennuyeux et faciles à démonter avec une réplique tranchante. Sa force était sa faiblesse, elle maitrisait trop bien le fond ». Héritière de la morgue pamphlétaire de son père écrivent les journalistes de Mediapart, elle sait jouer aussi de l’odieux, du disruptif, de la provocation, du faux balayé par un « Et alors ? » pour faire dérailler le discours de son adversaire. »

Débat pour la forme ou sur le fond ? Guillaume Goubert à la Une de la Croix espère qu’on ne retiendra pas que les « faits de jeu » comme on dit au football, de la confrontation, ces incidents qui perturbent l’exposition des programmes et des visions de l’un et de l’autre, et influent parfois sur le résultat final ». Alain Rémond, dans le même journal se prépare comme nous tous, à être un spectateur aussi stressé que les duellistes « quelle épreuve, mon dieu quelle épreuve. Si mon favori manque de répartie, s’il bafouille, s’il se fait balader, je vais être malade encore plus que lui. Je vais en sortir lessivé, essoré. Ca devrait être remboursé par la sécu ! »

A 3 jours de la fin de la campagne, derniers engagements Hélène derrière l’un ou l’autre des candidats

La Une de Charlie hebdo, iconoclaste car exceptionnellement privée de dessin, avec cette simple question pour dire l’engagement de l’Hebdo : « faut-il vraiment vous faire un dessin ? ». Pas nécessaire effectivement. « Ni Marine, ni le Pen » plaide également le Canard Enchainé à sa Une

A l’inverse, l’appel de Brigitte Bardot dont on connait le compagnonnage de cœur avec le Front national, pour faire battre Emmanuel Macron. Communiqué à retrouver sur le site du Huffington post : « si Macron passe, les animaux trépassent », accusant le candidat de mépris devant la souffrance animale.

A lire enfin, « le craquement par le haut » de ceux qui refusent de choisir : article d’Alain Beuve-Méry dans le Monde daté d’aujourd’hui sur ces intellectuels pour qui « bloquer le FN ne va plus de soi ». De Michel Onfray qui le dit en termes injurieux, voire orduriers, à Emmanuel Todd qui sera dimanche « abstentionniste dans la joie » affirme-t-il. Dans l’Express, Régis Debray, qui a soutenu Jean-Luc Mélenchon au premier tour affirme « qu’il se demande encore s’il ira voter » refusant dit-il au Monde cet après-midi, la « culpabilisation des hésitants », et « le coté obscène qu’il y a à vouloir faire porter le chapeau à celui qui a enlevé au FN le monopole du vote populaire ». Le philosophe précise tout de même « je peux distinguer entre un danger immédiat et un danger à moyen terme. Je me contenterai donc d’aller dans l’isoloir, en citoyen content d’habiter une république où le vote est secret, et la vie privée, privée »

On termine par une précision…

Lundi, je vous racontais que l’Arabie Saoudite allait de façon bien incongrue intégrer la Commission des droits de la femme des Nations unies. Grâce au vote positif, mais à bulletin secret de 47 états. Et je précisais qu’on ne savait rien de l’attitude de la France. Et bien désormais, on sait : « la France a voté selon les principes qu’elle défend, elle a voté NON » révèle, revendique ce matin au Canard Enchainé une conseillère du ministre des affaires étrangères Jean-Marc Ayrault. OUF, conclut le Canard, « un noble sursaut, vu le partenaire privilégié que l’Arabie saoudite est devenu pour la France ». OUF, c’est le bon mot

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