Eldorados de sable

France Inter
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(Patrick Cohen) Dans la presse ce matin : Eldorados de sable

(Bruno Duvic) C'était le village modèle, une réussite célébrée dans toute l'Europe.

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L'histoire moderne de Riace commence le 1er juillet 1998, il y a 17 ans. Ce jour-là, le maire de cette petite ville de Calabre roule en voiture près du rivage. Et il voit soudain des dizaines de personnes sortir de l'eau et remonter la plage de sable. Des Kurdes. 300 en tout. Qui fuient l'Irak de Saddam Hussein.

Le maire les accueille et, en quelques semaines, il tente un pari. Son village est à l'abandon, maisons laissées vides par ses habitants, Italiens du Sud partis chercher fortune au Nord. Alors il installe les Kurdes dans les maisons. La renaissance de Riace passera par eux. Les ruelles se repeuplent, les bars et les écoles rouvrent, les boutiques et les ateliers d'artisans s'animent à nouveau. Riace, 1700 habitants, dont 300 kurdes, s'est sauvé en sauvant ses réfugiés. Applaudissements… Même Wim Wenders vient tourner un film pour raconter cette belle histoire. Le maire Domenico est surnommé « Mimmo le kurde ».

Près de 20 ans plus tard, et alors que le Sud de l'Italie voit chaque jour arriver de nouveaux réfugiés - près de 6.000 le week-end dernier - le magazine Society est retourné dans la commune. Et la belle histoire a pris un coup. 2009, la crise économique passe par là. L'argent que l'Etat italien donnait à la commune se fait plus rare. Les boutiques ferment à nouveau, les jeunes refont les valises, même les enfants du maire. Quelques tensions apparaissent, y'a pas de travail, on est devenus des étrangers chez nous. Mimmo le Kurde essaie de tenir la barre, mais il peste : « Je ne peux pas donner du travail à tout le monde, je ne suis pas administrateur de la Fiat. »

Riace mais encore Rapallo en Sicile - 5.000 habitants, 5.000 migrants accueillis. L'Italie face à l'afflux des réfugiés. Une page dans Le Figaro . Le sud de la botte est fidèle à sa réputation de terre d'accueil. 61% des Italiens estiment qu'il est de leur devoir d'accueillir les réfugiés, mais l'Italie ne peut bâtir à elle seule des châteaux pour ces hommes venus de l'autre côté du sable et de la mer. 15 jours après le naufrage de 900 personnes, l'Europe a renforcé les patrouilles en mer mais la question de l'accueil, de l'examen des dossiers et du sort réservé aux migrants reste entière. « Migrants, le business est juteux pour la Mafia sicilienne ». Enquête de L'Humanité . La mafia qui s'infiltre dans les finances de certains centres d'accueil. Les immigrants réserve inépuisable pour le travail au noir dans les orangeraies du coin.

Plus de 50% des réfugiés quittent vite les centres, préférant la vie de clandestins à l'attente du traitement de leur dossier.

Ils filent au Nord. Et là aussi le climat se durcit.

Dans Libération , l'accueil plus que froid à la gendarmerie près de Calais de clandestins venus porter plainte après avoir été battu par des policiers. "Quand on a la situation qu'ils ont, faut tout accepter, ça fait partie de la chose", propos enregistrés par une juriste qui accompagnait les migrants. Les belles histoires à la Riace première époque sont rares. Le mensuel Marie-Claire en a relevé quelques-unes. Histoires d'amour entre des réfugiés et des calaisiennes. Elodie et son compagnon afghan devenu français. Une petite fille est née. Julie et Eframe, Erythréen, toujours pas de papier, mais une petite Lola, 2 ans. Noémie et Faiz, venu d'Afghanistan lui aussi. Il a attendu d'avoir sa carte de résident pour la demander en mariage.

Les Français aussi cherchent un eldorado dans le sable. Après l'Egypte et l'Inde, les Rafale se vendent maintenant au Qatar. Bravo ! Signature du contrat aujourd'hui et, dans le foulée, François Hollande invité au sommet des Royaume et Emirats des sables - le conseil de coopération du golfe : Arabie, Qatar, Oman, Barhein, Emirats. Le Rafale, avion naguère maudit, représente désormais un appareil sur trois vendu à l'exportation. Le patron de Dassault Aviation peut se laisser aller dans Le Figaro : « nous avons le meilleur avion de combat du monde ». Pourquoi un tel succès ? Analyse dans Les Echos . Oui, c'est un très bon avion. Et puis la France a fait des concessions : en échange des Rafale, Qatar Airways, aura plus de place dans les aéroports français, Lyon et Nice. Pas de quoi réjouir Air France.

Rapprochement, donc, avec les monarchies du golfe, l'Arabie en particulier. C'est ce que Sud Ouest appelle « Une partie de Golfe entre amis ». La France jugée plus fiable en ce moment que les Etats-Unis d'Obama qui regardent un peu trop vers l'Iran au goût des dirigeants en djellaba.

La France soigne ses amis dans le Golfe. A quel prix ? Conventions fiscales favorables pour les émirs qui ont quelques propriétés dans l'hexagone, précise encore Sud Ouest . Questions tout de même dans la presse sur ce rapprochement. Le Monde diplomatique y voit un signe de la confusion politique qui règne en ce moment en France. D'un côté proclamations vertueuses sur la démocratie et la laïcité. De l'autre soutien à la monarchie saoudienne où le blasphème est puni de coups de fouets. « Sur tous les dossiers régionaux ajoute Jean-Dominique Merchet dans L'Opinion , la France est en pointe aux côtés des monarchies du golfe », quitte à jeter un voile sur certaines de leurs actions, en Syrie par exemple où elles soutiennent le Front al Nostra, branche d'Al Qaida.

Quoi d'autre dans la presse ?

Le projet de loi renseignement à la Une de L'Humanité , du Figaro et de La Croix . Il devrait être adopté demain mais suscite toujours des craintes de tous bords, estime La Croix .

La nouvelle carte des régions et déjà la bataille des capitales. Rouen et Caen, Toulouse et Montpellier, Besançon et Dijon se disputent les leaderships régionaux. Dossier d'ouverture du Parisien-Aujourd’hui en France .

Le Loch Ness, pas de monstre à l'horizon depuis un moment, mais des éoliennes. 500 turbines en projet plus ou moins avancé. Les habitants de la région commencent à l'avoir saumâtre. C'est à lire sur lemonde.fr

Et puis la mort d'un des grandes danseuses du 20ème siècle, Maïa Plissetskaïa. Elle était prima ballerina assoluta au Bolchoï à Moscou. Destin unique de cette femme qui aura traversé le XXème siècle, celui de l'Union soviétique. Le Figaro retrace son histoire.

Deux scènes parallèles. 1937, elle a 12 ans, ce sont les purges staliniennes. Une nuit, des miliciens entre chez elle et emportent son père. Sa mère aussi sera déportée. Maïa est sauvée par sa tante. Le mari de la tante enseigne au Bolchoï. La jeune Maïa est vite repérée pour ses talents de danseuse. Et un jour, l'homme qui a liquidé sa famille, Staline, la fait appeler, et lui demande de danser pour lui Le lac des cygnes sur le parquet du kremlin. Le cœur a flanché, pas le corps : « Je me suis concentrée sur la danse et je voulais que mes parents soient fiers de moi »

A demain !

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