EN 2040, Megan sera thérapeute pour robots, examinera ses selles et prendra son dej par catheter. Les Echos.

France Inter
Publicité

A Strasbourg, les Winstubs doivent s'adapter aux demandes des vegans, les DNA. le Figaro annonce le dopage génétique, dont n'a pas besoin un boxeur anglais de 2 mètres qui illumine l'Equipe. Dans un long texte sur Medium, le journaliste Vincent Glad revient sur l'affaire de la Ligue du Lol où sa carrière fut brisée.

On parle du futur ce matin...

Et on en a besoin quand les Unes des journaux disent l'actualité triste du procès Fillon et méchante d'une épidémie, quand les masques vénitiens aux unes de Libération et du Financial times disent le périlleux brouillard du coronavirus qui a pris l'Italie, et quand dans son éditorial la Provence s'inquiète d'un février trop doux, témoin de la terre qui se réchauffe...

Alors il est bon alors de savoir que demain existera. Mais sera-t-elle jolie la vie dans 20 ans que nous disent les Echos... Le journal me raconte la vie de Megan qui aura 24 ans en 2040,  elle sera lis-je thérapeute en intelligence artificielle, chargée d'apaiser les relations entre humains et robots... Mais c'est des habitudes alimentaires de Megan que les Echos veulent parler. Megan sera flexitarienne, comme les trois-quart des français,-: pour elle la nourriture sera moins un plaisir qu'un passeport pour la santé. Megan commencera ses journées en analysant son microbiote, comprenez ses selles matinales. Un assistant personnel lui donnera des nouvelles de sa flore intestinale, et en fonction d'icelle, à l'heure du déjeuner, elle sera nourrie par injection de nutriments adaptés: galettes d'algues, lentilles vertes, hachis Parmentier de viandes végétales et crumble aux pommes avec chapelure de lombric, mais tout ceci injecté par catheter, l'affaire de 5 minutes sur le pouce. Le soir avec son amoureux, Megan dinera de sushis imprimés en 3 D

Publicité

Le grand chambardement culinaire a déjà commencé. Je lis dans les DNA que les végétariens prennent d'assaut les winstubs de Strasbourg, car dans chaque famille, un convive ,souvent une jeune fille, ne veut ni viande ni poisson. Alors au Cruchon rue des Pucelles, on propose à la vegan des gratins de spaetzle au munster, des galettes de pommes de terre, des quenelles aussi, des dampfnudle, comme jadis dans les campagnes quand la viande ne se mangeait qu'une fois par semaine. Mais au Fink’Stuebel , rue Finkwiller, on s'arcboute  sur la tourte briochée au foie gras : « On a une identité culinaire en Alsace. La vegan braquée qui ne trouve rien qui lui plaît, je suis content qu’elle sorte de mon restaurant. »

Résister disent-ils.  

Il faudrait résister à tant de choses. Sur deux pages, le Figaro me fait redouter un avenir bien sale où le sport se donnera au dopage génétique, car les tricheurs détourneront la recherche médicale. Il y a quelques années, en tripotant leurs gènes, des scientifiques américains avaient fabriqué des souris Schwarzenneger, hypermusclées. Des dizaines de sportifs avaient contacté les chercheurs, comment inhiber ce futur?

On se prend alors à aimer notre présent imparfait même ses brutes. Et je trouve douce une photo de pure violence que je vois dans l'Equipe: un géant chauve aux gants verts écrase de sa masse un autre boxeur au visage déformé par l'impact des coups, le géant s'appelle Tyson Fury, il est anglais et a pris la couronne de champion du monde des lourds au puncheur américain Deontay Wilder réduit à l'état de victime à l'oreille déchirée. "Je fais 2 m 06, et 120 kilos si je tape quelqu'un il recule", dit l'anglais dont le corps ne doit rien aux manipulations génétiques, c'est rassurant.

On parle de châtiment ce matin.

Qui il y a un an a saisi des jeunes journalistes jusque-là insouciants et parfois brillants méchants rassemblés sous le nom désormais honteux de ligue du Lol, le LOL étant le rire, un groupe d'amis facebook, de beaux merles moqueurs qui pratiquaient a-t-on lu le harcèlement en ligne. La punition a été à la hauteur de l'offense, des carrières ont été brisées. 

Mais dans le journal en ligne Medium, l'un de ces journalistes, le plus connu, il s'appelle Vincent Glad, publie  un très long texte qui tient aussi bien du plaidoyer  et de l'enquête. Car Glad est connu  pour être l'un des meilleurs enquêteurs de notre métier dans un champ d'investigation souvent opaque: ce qui se fabrique et se développe sur internet. Et il raconte comment soudain de vieilles mauvaises blagues qui étaient l'habitude sur twitter à ses balbutiements devinrent un scandale mondial, comment lui prit peur devant le tsunami de vengeances et comment il subit...  Glad a le sentiment d'avoir été soumis à la peine d'exposition publique que le droit français avait aboli en 1848. Il s'agissait autrefois d'exposer un condamné sur un échafaud avec son nom, son adresse et le motif de sa condamnation, le bon citoyen venait lui cracher dessus. Désormais, c'est sur internet que l'on est exposé, fustigé et finalement sommé de cesser d'exister...

Il y a un an, un membre de la ligue du Lol nommé Guillaume Ledit était licencié de l'excellente revue Usbek et Rica sans qu'aucun témoignage n'ait été produit contre lui -c'est bien raconté en ligne sur Arrêt sur images, et sur le site l'ADN... Il vient de publier un livre sur Julian Assange, le fondateur de Wikileaks dont une juge britannique doit décider s'il sera extradé aux Etats-Unis. On en parle dans Libération et sur le site du Monde, le livre de Guillaume Ledit, "Dans la tête de Julian Assange", est cité comme une bonne source sur le hacker Assange devenu justicier, quasi-journaliste, menacé.  

Sur le site du New York Times, vous pourrez lire une enquête sur le grand nettoyage de la maison Google, qui a chassé ou fait partir des employés devenus dissidents, qui avaient cru aux prétentions de la firme à la morale et à l'idéalisme... On se trompe parfois de monstres dans nos grands emballements.

Et on parle enfin d'obscurité...

Et non pas d'obscurantisme, le noir bienfaisant de nos nuits que l'éclairage nocturne déchire, mais à lille et à douai me dit la Voix du Nord, on tamise on colorie les éclairages publics pour recréer des trames sombres et rendre aux chauve-souris, et aux vers de vase leurs territoires protégés, sommes nous doux finalement.

Hier à Menton, en face de cette Italie qui s'enfonçait dans le coronavirus, on inaugurait me dit Nice-Matin, dans un beau défilé et des couleurs vives, la 87e fête du citron. Cela durera jusqu'en mars, nous serons encore là.    

L'équipe