Le Figaro croit au diable, c'est un rappeur qui, chantant la pendaison des blancs, dévoilerait un "bréviaire de la haine"... Mais nul ne connaissait cet homme avant que le vice ne le révèle, corrige Le Monde. Kamel Daoud fantasme chez Picasso dans le Point. L'Humanité n'oublie pas les autres Maurice Audin...
La trottinette à la une de Libération...
Libération qui s'accroche à son époque et à une régression ludique et technologique, puisque la trottinette électrique est la nouvelle conquérantes des rues, elle fout le bazar, mais elle est, nous assure Laurent Joffrin, tout le contraire d'un rêve de bobo, elle humanisera les villes et solutionnera le mal de la bagnole, elle est dit Joffrin « dans le sens de l'histoire urbaine »...
Et le vétéran de la gauche journalistique n'emploie pas le mot au hasard, le sens de l'histoire jadis était le mantra des gauches... Et il s'agit de cela, retrouver sa certitude. Libé cherche sa gauche dans la jeune technologie urbaine, mais aussi et c'est passionnant, en allant chercher un vieux sage qui sait les origines de l'humanité. Maurice Godelier, anthrolopologue, passé par le marxisme et des tribus de Papouasie Nouvelle Guinée, auteurs de sommes sur la famille, la religion, la sexualité, qui ne sont pas les fruits de la nature mais des constructions des hommes.
Godelier à Libération dit ceci: "Jamais et nulle part les rapports de parenté et la famille n’ont été le fondement de la société humaine. Mais ce qui fait la société, ce sont ce sont les rapports politico-religieux." On a compris. Godelier répond aux courants réactionnaires qui au nom d'un ordre naturel combattent la PMA, la GPA ou les couples homosexuels. Et Godelier inscrit notre moment dans la longue histoire, nos mères porteuses ressemblent à telle tribu africaine où une femme veuve sans enfant peut épouser une autre femme et puis choisir un homme pour faire l’amour à son épouse, et ainsi procréer...
L'histoire a un sens et ainsi Libération est de gauche, en ce jour où un homme de droite, Edouard Philippe, dont l'opinion se demande de quel bois il est fait, et rapporte une citation chère au premier ministre, d’un vieux boxeur : « Je définis la peur comme me retrouver face à Joe louis et savoir qu'il veut rentrer tôt chez lui », Edouard Philippe sera ce soir testé à la télévision par Laura Salamé et un autre homme de droite, Laurent Wauquiez, ces deux-là se détestent dit Le Figaro... L'irrationnel s'ajoute aux idéologies, mais c'est important l'irrationnel!
Il en parle aussi, Godelier, de notre vieux besoin d'imaginaire, puisque l'homme se dit qu'une âme existe indépendamment de nos corps. "Pour ceux qui y croient tous les dieux sont vrais."
Belle phrase que l'on complète ce matin... car les diables aussi existent pour ceux qui les agitent..
Et on parle d'un rappeur qui fait scandale...
Qui est devenu le diable hier, ce jeune homme qui dans un clip inverse les narrations du lynchage et chante la pendaison des blancs et d'autres laideurs. Le bruit vaut au rappeur une interview dans le Parisien, mais c'est le Figaro qui croit vraiment en ce diable et en fait une preuve. "Pendez les blancs" serait le "bréviaire de la haine qui imprègne une partie significative de la jeunesse dite racisée", dit l’essayiste Barbara Lefebvre, qui est au Figaro ce que Godelier est à Libération, comprenez des jeunes noirs et arabes de banlieue...
Une partie significative de la jeunesse?
Sur le site du Monde, rubrique les décodeurs, vous lirez l'enchainement fascinant d'une polémique, et découvrirez que quasiment personne ne connaissait ni n'entendait ce rappeur que 186 personnes suivaient sur youtube, avant que le vice ne lui tende la main, Dieudonné d'abord, et ensuite, hier au petit matin, des internautes d'extrême droite qui ont essaimé jusqu'au sommet de l'Etat, et jusqu'à notre matinale?
Le rappeur existe désormais dans nos ambiances délétères. L'express titre sur la fin du vivre ensemble, le Parisien titre sur les violences, le Point nous dit encerclé des incivilités. Tous les désordres inventent le diable, il suffit d'en parler...
Dans le Progrès, on me raconte depuis hier le tournage d'un clip de rap, encore, qui a tourné à l'émeute mardi à Vénissieux, Yl, rappeur marseillais qui bloquait la circulation, s'est fait dépouiller par des jeunes gens du quartier qui lui ont volé sa carte bleue, il aurait eu la peur de sa vie lis-je dans Lyon capitale. Je lis ce matin dans le Progrès que dans la foulée, des jeunes gens de douze à dix-sept ans ont attaqué une supérette Casino, ils ont fait peur aux personnes âgées et ont été repoussés par deux vigiles.
On parle livres enfin ce matin
Et nous sommes heureux jeudi, quand viennent les suppléments littéraires, car il faut des livres pour transcender le mal. La Croix me présente Fawzia Zouari, romancière de Tunisie, ce pays où l'on se bat pour que les femmes aient accès à l'héritage à l'égal des hommes, c'est dans l'Obs... Elle organise à Orléans le parlement des écrivaines francophones.
Le Figaro rassemble des écrivains algériens, qui sont l'Algérie libre, Boualem Sansal, Adlène Meddi qui raconte dans 1994 la décennie noire du terrorisme, Sarah haidar dont les Virgules en trombe sortent en octobre en france, qu'attend-on pour publier ici l'effacement de Samir Toumi?
Ces livres d'Algérie brûlent, venus d'un pays où nous avons vécu et combattu... Et l'Humanité poursuit son combat sur notre passé colonial, car au-delà de Maurice Audin , il y a des centaines de disparus et d'oubliés de notre sale guerre qui attendent la vérité, un site internet, 1000autres.org, le rappelle depuis le 19 septembre...
Ils brulent, les livres d'Algérie, aussi de nos passions . Kamel Daoud est en bonnes feuilles dans le Point pour un livre de désir né d'une nuit de fantasmes, « le peintre dévorant la femme ». Daoud s'est fait enfermer une nuit d'octobre dans le musée Picasso, au milieu de tableaux du maitre et Daoud écrit devant le « nu couché à la mèche blonde »... "Une femme se repose, pleine, comblée, et écoute les bruits de sa peau, dans son ventre un homme enroule son sexe, se confond, redevient courbes..."
Le livre est une consolation, il en est d'autres, paillardes, et d'autant plus émouvantes. Vous trouvez ce matin, dans le Figaro une fête de la bière à Taybeh, sur les hauteurs de Cisjordanie, dans cette Palestine interdite d'espérance, il reste des années de paix une brasserie qui chaque année se célèbre comme si la Palestine était la tranquille Bavière, grillades de porc, fans de hard rock, barbe à papa et concerts de rap... Le rap, ce jeu d'enfant...
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