Etre un homme, c'est reconnaître sa fragilité

France Inter
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Jean Vanier, fondateur de la communauté de l'Arche pour les handicapés, est désormais commandeur de la Légion d'honneur. Il se livre dans Le Figaro ce matin.

Dans la presse ce matin, la métaphore Vanier.

Jean Vanier, fondateur de la communauté de l'Arche pour les handicapés, est désormais commandeur de la Légion d'honneur. Il se livre dans LE FIGARO. La place des handicapés dans notre société, la peur de la différence. L'être humain dit-il, recherche toujours plus de pouvoir, plus d'argent, plus de connaissance. Notre quête permanente de l'infini est à la fois notre plus grande beauté et notre plus grande pauvreté. Car on ne l'atteint jamais ! Etre un homme selon Jean Vanier, c'est reconnaître sa fragilité. Comment ne pas y voir une métaphore avec l'actualité du jour.

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La fragilité de l'homme qui arrive en terre inconnue.

LE FIGARO toujours, relève ce matin, que face aux demandeurs d'asile, la France est sous pression. Près de 90.000 dossiers ont été officiellement déposés cette année. C'est 10% de plusse qu'en 2015. Mais derrière ce chiffre se cache une autre donnée : un quart des demandeurs d'asile qui se présentent en préfecture sont réorientés vers le pays du premier accueil. Le problème ? Le taux de renvoi vers l'Italie ou la Grèce, principales porte d'entrée en Europe pour les migrants, est dérisoire. Même pas un sur 10. En Allemagne, les demandeurs d'asile sont passés de 890.000 l'an dernier à 300.000 en 2016. Pour les migrants, l'Allemagne apparaît comme un eldorado. Mais tous n'auront pas le droit d'y rester. Ceux qui viennent des Balkans par exemple, ou du Maghreb. 168.000 personnes seraient actuellement en attente d'expulsion. DIE SÜD-DEUTSCHE-ZEITUNG affirme pourtant ce matin, que certains rentrent malgré tout, volontairement dans leur pays. 55.000 cette année... mais contre une somme d'argent. Ce retour a ses avantages dit le journal. Il est plus humain qu'une expulsion. Qui plus est, les migrants ne sont pas interdits de territoire en Allemagne ad vitam eternam. Revient alors comme un refrain, cette phrase de Jean Vanier. Etre un homme, c'est reconnaître sa fragilité.

Autre fragilité, celle de l'homme face au dopage.

Elle est à lire dans LE NEW YORK TIMES ce matin. Pour la première fois, des responsables russes chargés de la lutte antidopage reconnaissent l'existence d'un système à grande échelle en Russie. C'était une conspiration institutionnelle affirme même Anna Antseliovich, la directrice générale de l'agence russe antidopage. Tout en prenant soin de dire aussi que les dirigeants du pays n'étaient pas au courant. Pourquoi ce changement radical de ton ? La Russie veut se réconcilier avant d'obtenir le droit de mener de nouveaux tests et à terme d'accueillir à nouveau les Jeux Olympiques.

Et revient le refrain lancinant, de Jean Vanier dans LE FIGARO. Pour s'accomplir, l'être humain recherche toujours plus de pouvoir.

Le pouvoir. Si l'on en croit l'éditorialiste de L'OPINION, François Hollande laisse courir la rumeur qu'il pourrait revenir en sauveur si la primaire du PS tournait au fiasco. On ne sait pas combien iront voter en janvier. Mais "l'élection présidentielle dope le civisme" titre LE MIDI LIBRE à sa Une. Il faut y voir un effet Trump, les élections en Autriche, et la primaire de la droite ... LES ECHOS ont fait leur tour de France : quatre fois plus à Limoges par rapport à 2011, plus 30% à Lyon. A Paris, il faut remonter aux années 1970 pour retrouver une telle vigueur électorale.

Mais voter pour qui ? Pour quoi ? L'OPINION regarde ce que font les politiques sur les plateformes vidéos et les réseaux sociaux. Un vrai défi quand on sait que seuls 24% des 18-24 ans consultent des sites d'information. Sur ce dossier là, Jean-Luc Mélenchon est paraît-il en pointe. Sa chaîne sur YouTube a dépassé les 130.000 abonnés selon LA MATINALE DU MONDE. "Il ne prend pas les gens pour des cons" reprend dans L'OPINION, le jeune youtubeur Hugo Travers. Il ne faut pas la jouer jeune. Bruno Le Maire en a souffert. Lors de la campagne pour la primaire des Républicains, Hugo Travers l'avait interviewé. Il avait expliqué que ce qu'il aimerait entendre dans la bouche d'un jeune Français c'est : "Putain j'suis Français. La classe!" Moqueries et caricatures sur les réseaux sociaux. Bruno Le Maire a fait la preuve qu'il ne maîtrisait pas bien les codes de la nouvelle génération. Et vous l'entendez à présent, la phrase de Jean Vanier ? Etre un homme, c'est reconnaître qu'on est fragile.

Certains le reconnaissent pourtant.

A lire dans LE MONDE, les catholiques qui veulent rendre à l'Eglise sa virilité. Des stages sont organisés pour aider les hommes à se réconcilier avec leur masculinité. Philippe en a suivi un. "J'ai découvert qu'on ne devient pas un homme grâce à une femme, mais par son père et ses références masculines". A l'origine de cette démarche, on retrouve des laïcs parfois insatisfaits de leur place dans l'Eglise. Trop de femmes dans la vie paroissiale ! Ce mouvement s'est accentué au moment de La Manif pour Tous, aidé par les milieux évangéliques américains. "Il y a une animalité dans l'homme, dit Clément Lescat qui organise des camps pour hommes. Une force qui le pousse à aller vers l'extérieur. Les garçons ont besoin de grandeur."

Les femmes sont aussi formidables !

Dans les pages sports du FIGARO, on se réjouira de l'interview croisée de trois médaillé-es olympiques. Estelle Mossely en boxe, Haby Niaré en taekwondo et Clarisse Agbégnénou en judo. Ecoutez bien cette dernière, messieurs. "_Il n'y a que mon frère qui m'a demandé pourquoi je faisais un sport de garçon. Je lui ai demandé de venir avec moi. Il m'a dit non. Du coup, c'est qui l'homme ? On est des guerrières c'est tout. Les femmes ont un mental supérieur. C'est elle qui ont le pouvoir. Sans nous les hommes sont perdus."_Et des hommes aujourd'hui, il y en a beaucoup de perdus.

Parce que Carrie Fisher est morte.

Sans faire d'ombre à Claude Gensac, morte hier elle aussi, et qui fut une actrice et une comédienne formidable, c'est bien Carrie Fisher alias Princesse Leïa que la presse et les fans de Star Wars pleurent ce matin, à l'unisson. Pour preuve : Nous ne l'oublierons jamais, titre SLATE. Et pourtant, Carrie Fisher était le reflet inversé de la princesse Leïa peut-on lire sur le site du POINT. A la fois archétype du conte de fées et en même temps son fossoyeur. Elle a des généraux sous ses ordres, tire au pistolet et se comporte comme un soldat. Comme un homme quoi.

Parfois sur le tournage, Carrie Fisher disait "que diriez vous d'une scène de cuisine spatiale ou une séance de shopping ?" Pas de doute elle était faite pour le rôle. Témoin la vidéo du casting sur le site de THE INDEPENDANT. Carrie Fisher sera d'ailleurs la première à mesurer l'impact de Star Wars et à en payer le prix. J'ai l'impression que lorsque je tends mas carte bleue, il faudrait qu'elle soit au nom de la princesse Leïa. Il y a trois ans, Carrie Fisher avait écrit une lettre à la princesse Leïa que l'on peut découvrir toujours sur le site du POINT, drôle et émouvante : "J'ai passé deux tiers de ma vie à traverser des galaxies dans ces putains de bottes en cuir blanc. On se souviendra éternellement de vous, alors que moi je végète dans le triste placard des célébrités, à grossir à prendre des rides. Vous agissez en héroïne. Moi je la sniffe. Cela prendra t-il fin un jour ? Probablement pas. Mais moi si. J'en suis certaine." Jean Vanier aurait aussi pu dire ce matin qu'être une femme... c'est reconnaître sa fragilité.

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