8H30 la revue de presse, bonjour hélène jouan
On commence par un témoignage
On croyait s’y être habituée. Habituée, tristement, à ces témoignages de rescapés des attentats de Paris. Et puis parfois, comme ce matin, certains vous prennent aux tripes. Aristide Barraud est un rugbyman formé au stade français. Le 13 novembre il était avec sa sœur devant le restaurant le Petit Cambodge. Il raconte ce matin dans l’Equipe : « j’ai entendu 3 coups de feu, il m’a mis en joue en me regardant. J’ai réagi. Comme sur un terrain où on prend des décisions dans le dixième de seconde. Mon réflexe, mettre ma sœur derrière moi, et puis Aristide s’est mis de profil .On travaille tout le temps pour que des gestes deviennent instinctifs, là ça m’a sauvé ». Ce mental de sportif, c’est ce qui le fait tenir, quand touché au pied et surtout au poumon, il se sent partir, « le moment le plus dur à accepter dit il, c’est l’agonie, j’ai senti la frontière raconte t il, dans l’ambulance, soit tu lâches et c’est facile, mais j’ai dit non, je me suis réveillé », c’est ce qui lui a permis de surmonter l’opération, les chirurgiens ont même réussi à garder son poumon « oh putain, venez voir, il a un cœur de bœuf » se sont-ils écriés , c’est ce qui lui a permis de toujours envisager le match d’après, d’abord sûr d’être amputé, il s’est dit, « waouh, j’suis vivant, pas grave je ferai des marathons avec une prothèse », c’est ce qui lui permet aujourd’hui d’affirmer « ce que je vis est un moment de construction intense, je ne vois que le positif dans tout ça ». Pas de haine, pas de colère, après sa dernière opération aujourd’hui même, Aristide Barraud commencera sa rééducation le 10 mars à 8H. Objectif : dans 2 ans, porter le maillot italien pour lequel il était pressenti avant l’attentat. Impressionnant de force vitale Aristide Barraud
Hommage également dans la presse ce matin, à une autre victime des attentats, une femme
Son expo est toujours visible à la maison européenne de la photo à Paris, mais POLKA rend hommage à la photographe franco marocaine, Leila Alaoui, tuée dans l’attentat de Ouagadougou en janvier dernier en publiant quelques uns de ces clichés, Les Marocains. Fiers, dignes, beaux dans toute leur diversité ethnique. Leila Alaoui soucieuse de travailler sur l’identité culturelle, ne leur demandait qu’une chose : « regardez moi en face ». « Droit dans les yeux de Leila », à admirer dans Polka
Femmes encore : Télérama nous donne envie de regarder cette semaine un documentaire télé, vous me direz ça tombe bien pour un magazine qui sert à ça ! Un documentaire consacré aux combattantes kurdes… « Kalach à l’épaule, treillis joliment accessoirisés de foulard bariolés, ces combattantes sont devenues le visage de la lutte contre Daech, et ont fait fantasmer les média » dit l’article, oui, mais ces médias ont souvent réduit leur action à la lutte armée. Ce que la documentariste est allée chercher, en allant filmer au Rojava, dans le kurdistan syrien, c’est la révolution démocratique que ces femmes tentent de mener, en pleine guerre civile. Révolution démocratique, laique et féministe, dans des pays musulmans. Une utopie qui doit aujorud’hui résister aux bombes turques et à l’indifférence des occidentaux regrette Mylène Sauloy…Kurdistan, la guerre des filles, mardi prochain sur Arte
Une femme également à la Une en politique
Le projet de loi El Khomri est t il trop à droite ou pas assez à gauche ? Ne cherchez pas, ce n’est plus la question ce matin ! Ce projet de loi a en effet la particularité d’être portée par une femme, et ça change tout !
Hier matin, ici même, Jean Marie le Guen accusait les « gens de gauche », « y compris les femmes » disait il, suivez son regard en direction de la mairie de Lille, d’être responsables et coupables de la brève hospitalisation de la ministre. Un député socialiste renchérissait en se demandant « si elle était vraiment taillée » pour le job. Pour Laure Brettton dans Libération qui en fait son coup de sang, cette façon de « genriser pour mieux discréditer est une ficelle aussi vieille que le combat des femmes en politique ». Et bien elle ne va pas être déçue Laure Bretton quand elle va lire le journal l’Opinion ce matin, qui dans le « genre », affiche la couleur. Nicolas Beytout, patron et éditorialiste du journal prend pour état de fait que « myriam EL Khomri est indisposée et qu’elle semble frêle pour porter le boulet de la réforme du code du travail ». « Indisposée »…vous noterez la subtile allusion. Dans le même journal, 2 consoeurs, Nathalie Segaunes et Caroline Vigoureux renchérissent en listant tous les petits incidents qui donnent du poids à l’accusation de « fragilité physique » portée contre la ministre, et pour bien montrer que cette fragilité est ô combien féminine, elles rappellent le précédent Taubira, l’ex garde des sceaux qui avait dû être hospitalisée elle aussi au premier jour des débats sur le mariage pour tous.
Qu’importe que la réalité du malaise soit devenue entretemps, un banal incident de savonnette au sortir de la douche…Même la façon dont François Hollande l’a qualifié , parlant hier « d’accident domestique », montre selon Yann Marec dans le Midi Libre que « la politique est décidément moche et misogyne...Le président de la république aurait il sorti le même mot d’excuse pour Jean Marc Ayrault souffrant d’une coupure en se rasant ? s’interroge t il. Myriam El Khomri est touchée par la violence de la testostérone gouvernementale »
Une testostérone gouvernementale, ou pour le dire plus simplement une ingérence trop forte de Matignon dans le texte final qui aurait en tout cas conduit à la démission l’un des conseillers de la ministre Pierre Jacquemain, qui se fend d’une tribune au vitriol dans le Monde, sur ce projet de loi « qui nous emmène dans le mur dit il, qui déshonore et atomise la gauche ». Et puis aucun soutien à attendre du côté des femmes, la pétition, « Loi travail, non merci » a été lancée vous le savez, par la militante féministe Caroline de Haas, le site Les Nouvelles News nous apprend que Osez le féminisme publiera le 8 mars, journée des droits des femmes, un décryptage complet de tout ce qui nuit particulièrement aux femmes dans cette loi ». Myriam EL Khomri n’a pas fini d’être « indisposée » comme dirait Nicolas Beytout
La crise de l’agriculture française également à la Une ce matin, interview croisée…
Affaire d’hommes ce matin, Nicolas Sarkozy dans Aujorud’hui en France/le Parisien et Stéphane le Foll dans Libération se répondent sur le sujet : le premier accuse le second « d’être un ministre à mi temps qui n’obtient jamais rien à Bruxelles », et propose « puisque l’alternance aura lieu dans un an », il s’en félicite déjà, « la fin de l’embargo russe et un plan Marshall pour l’agriculture, un euro pour la ville, un euro pour la ruralité » promet il, soit plusieurs milliards d’euros pour tout le monde ; le second, le ministre de l’agriculture à mi temps donc lui rétorque « la fin des quotas laitiers, énorme erreur, c’était en 2008, sous présidence française » rappelle t il, quant au commissaire européen à l’agriculture, en visite aujourd’hui au salon parisien, Stéphane Le Foll ne désespère pas de le convaincre de la nécessité d’une régulation.
On termine par un accident de voiture
Loin de moi l’idée de remplacer l’irremplaçable Michel Berga parti à la retraite il y a quelques jours. Mais je tenais à vous signaler un accident de la circulation relevé par le Figaro éco: Première collision pour une google car à Mountain Valley en Californie, qui n’a pas anticipé que le bus arrivant derrière elle n’allait pas ralentir pour la laisser passer. Google affirme avoir modifié le logiciel pour que la voiture comprenne que les gros véhicules sont moins susceptibles que les autres de laisser la place à plus petits que soi. Apprendre les réflexes beaufs aux logiciels, tout un programme
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