Il y avait hier une autre marche blanche, à Montélimar, pour un enfant qui n'a pas eu le temps de devenir un héros.

France Inter
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Quand la France se recueille, quand Obama célébrait une Pâque juive où l'on citait Martin Luther King, quand nous étalonnons notre intelligence aux robots, et quand nous écoutons le cri inaudible d'un enfant autiste...

Les journaux prolongent ce matin les hommages rendus à Arnaud Beltrame et Mireille Knoll... 

Et on lit comme on communie, et nos journaux qui semblent tous raconter la même histoire, et un cercueil drapé de tricolore et les mots "héros français" décorent  les unes... Plus tard, les journaux devenus archives, témoigneront d'un moment de notre conscience... "Ne jamais l'oublier" dit la Voix du Nord, ni lui, ni elle, Mireille Knoll dont la photo devenue un badge "nous ne t'oublierons pas", est à la Une de libération... 

On raconte la même histoire, mais l'unanimité est aussi une illusion, qui masque l'infinie variété des peines et des colères... 

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Il y avait hier une autre marche blanche, à Montélimar, pour un enfant qui n'a pas eu le temps de devenir un héros. Mohamed avait 16 ans et est mort d'un coup de fusil tué par son cousin de 17 ans le 18 mars dernier. On a donc marché, rose à la main,  du 15 boulevard Gambetta dans le quartier Pracomtal au lycée Alain Borne, on a parlé, « Nous avons le cœur déchiré mais il y a toujours sa lumière que l’on garde avec nous » et on s'est promis "plus jamais ça" comme dans l'actualité dominante... C'est dans le Dauphiné et c'est la une de sa seule édition de Montélimar... La douleur là-bas s'est incarnée autrement. Elle n'est pas moins vraie...

Il y a d'autres disruptions dans nos journaux... parfois glaçantes. On trouve ainsi dans le FigaroVox  le texte d'un homme dont on oublie l'audience,  le journaliste Eric Zemmour, qui a partir de l'assassinat de Mme Knoll, développe une théorie implacable de la guerre civile: les islamistes tueraient pour chasser les français de leurs quartiers... 

"On dit souvent que l'antisémitisme est un signal d'alarme. Faux: les violences ont commencé dès la fin des années 1970, après les premières arrivées du regroupement familial. Vols, viols, agressions touchaient alors les banlieusards si tranquilles. Mais, quand ceux-ci voulurent se défendre, les médias, les élites, les pouvoirs publics dénoncèrent le racisme des «Dupont Lajoie». Ces crimes ont une fonction: ils vident les quartiers où ils sont commis de leurs populations juives et chrétiennes, c'est-à-dire françaises qui s'enfuient, laissant la cité pure de toute «impureté» non islamique."

Il est toujours compliqué de réfuter un texte que l'on cite, mais les assassinats d'immigrés dans les années 70  étaient réels  Marseille, par exemple, a gardé la trace des ratonnades de 1973, auxquelles avaient appelé d'autres journalistes. Zemmour y voit aujourd'hui une résistance... Le révisionnisme a ses adeptes quand la mémoire disparait.

Dans l'hebdomadaire protestant Réforme, qui est aussi apaisé que le FigaroVox prend feu, vous verrez une photo étonnante d'un office religieux... C'était à la Maison Blanche, et Barack Obama, fêtait la Pâque juive, qui raconte la sortie d'Egypte... Et il accomplissait une tradition venue du mouvement civique, quand des rabbins progressistes et des militants des droits civiques ont enrichi le texte juif,  avec des textes de Gandhi ou de Martin Luther King, dans des pâques judéo-noires et pour tous les hommes de liberté. On peut lire Réforme, consacré au pasteur King, il ressemble à ce que nous avons ressenti hier... 

Le cerveau d'une femme dans Libération…

Ce cerveau palpite sous les doigts d'une journaliste voyeuse, c'est le portrait de dernière page de Libération, qui raconte Katie Hopkins, une vedette du débat britannique qui "crache son fiel contre l’élite libérale, les musulmans, les gros, les roux, les gays, les pas-blancs, les pauvres, les bons sentiments "... Bref une star comme nous en avons, mais ce n'est pas le sujet de Libération... Katie Hopkins est aussi une femme poursuivie par des crises d'épilepsie depuis l'adolescence, on l'a opérée du cerveau il y a deux ans... et Hopkins prend la main de la journaliste de Libération et la plaque sur ses cheveux blonds. « Et là, on sent. Sous nos doigts, l’absence de calotte crânienne et le battement de quelque chose. Son cerveau, ses pensées, sa haine ? »

Le cerveau palpite, qu'il soit d'amour ou de haine et c'est notre mystère... 

On en parle, du cerveau ce matin et de l'intelligence artificielle, dans l'Opinion et les Echos, puisque Cédric Villani présente son rapport...

Il faut lire Philosophie magazine qui étalonne notre intelligence, l'intelligence naturelle, nos doutes et nos morales, face aux robots qui nous serviront un jour de modèle... 

Il faut lire aussi, dans le Figaro, cette réhabilitation de l'homme de Néandertal, cousin de Sapiens, dont nous partageons les gênes, et nous voyons Kinga, mannequin reconstituée au Musée de l'homme, une ado de néandertal, mignonne blonde au nez épaté et au menton fuyant, et alors?  Dans Vraiment, numéro deux, vous apprendrez que les américains se passionnent pour les tests ADN et parfois se découvrent des gênes néandertaliens... La science rend tolérant...

Et une colère pour finir...

Elle est dans le UN, un texte du comédien et écrivain Hugo Horiot, qui raconte l'enfant qu'il était qui ne parlait pas et faisait tourner des roues en classe et dans sa tête, et il criait à l'intérieur... « Je dissimule ma souffrance au plus profond de moi-même, si vous deviniez ma colère elle pourrait vous tuer... » 

C'est un numéro magnifique et tenu, consacré à l'intelligence et  àson désarroi... un numéro consacré à l'autisme, ce handicap qui enferme ses victimes en elles-mêmes, puisqu'elles souffrent d'un déficit de communication et de relation à autrui, et la France apprend à peine à aborder cette douleur...

Et ce que je dis est un résumé simpliste et il faut alors lire le Un, et prolonger au-delà... Lire, modestement. 

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