

Comment changer de vie, demande le Un. Après le pouvoir, Platini rit dans l’Equipe. Nicolas Hulot inspire des réflexions graves dans Sud-Ouest, Usbek et Rica, la Croix, Libération, sur une humanité qui court au drame. Le Figaro voit une Scandinavie à cran. Science et vie raconte la molécule qui porte notre mémoire.
On parle des hommes qui ont quitté le pouvoir…
On parle d'un homme libéré du pouvoir et qui sourit à la une d'un journal, et Michel Platini dans une interview où l'on entend son rire épicurien dit dans l'Equipe qu'il préfère l'humanité des arbitres à la fausse certitude de la vidéo et lui ne défend plus que le jeu dont il fut un enfant, "moi à 19 ans, je sortais à peine du football dans la rue, MBappe a dix ans de centre de formation derrière lui"... Le football dont il n'est plus un dirigeant, chassé par un complot, et il y a dans son bonheur la note du regret.
On parle dans la presse d'un homme qui ne s'est pas guéri du pouvoir et dans le Figaro où l'on entend son adrénaline, Nicolas Sarkozy la grande crise de 2008, quand il déclenchait la bombe atomique des banques centrales contre la spéculation: « Je fais la monnaie, je n'ai pas de limites, vous êtes des incendiaires, je suis en liaison avec le bon dieu et je peux faire dix jours de pluie, voilà ce que peut dire un banquier central", et voilà ce que dit Nicolas sarkozy au Figaro...
Il est ainsi des hommes qui se consolent avec plus ou moins de grâce, comment changer de vie quand on a été le bon dieu.
Il est aussi des hommes et des femmes qui changent de vie car c'est l'ultime liberté nous dit le UN, on était à Paris, on s'en va à Katmandou ou en Corrèze, on était dans la finance et on devient boucher ou on en rêve, car la stabilité emprisonne... "Ca ne va pas ta vie" écrivait Marguerite Duras dans son Marin de Gibraltar... Il y a toujours de la littérature dans le UN...
Et on parle évidemment d'un autre homme qui a changé de vie et qui a quitté le pouvoir, hier, dans ce studio de radio, Nicolas Hulot dont le renoncement semble ce matin un roman national...
Et la crise politique domine la presse...
Et c'est Sud Ouest qui a le mot le plus juste, « Hulot dans la lumière noire du renoncement », et cette lumière de deuil nimbe toute la société dit le journal. Hulot part pour la plus absolue des raisons, « notre incapacité collective à prendre la mesure des événements qui nous submergent déjà », Hulot part, insiste Sud-Ouest, emporté par « un pessimisme noir sur la cécité de nos sociétés et une déception philosophique sur l'Homme et son avidité ontologique. »
Et vous avez ici une analyse bien plus politique que toutes les narrations sur le pouvoir et sa bulle, et ses médisances, et le parisien témoigne d'un certain sordide politique en recensant des confidences anonymes sur Hulot, qui était, lit-on, caractériel, colérique et dilettante et qui partait les vendredis midis chez lui à saint-malo, ainsi murmure-t-on en politique quand une maison brule. Il faut laisser cela et chercher dans les journaux ce qu'incarne le départ d'un ministre.
il faut lire dans Libération l'état de la planète en surchauffe quand des analystes prédisent la disparition de 80% de l'humanité d'ici la fin du siècle. "Chaque degré de réchauffement climatique qui nous échappe condamne à la submersion par les océans des centaines de millions de personnes supplémentaires" lit-on dans Usbek et Rica, qui constate navré notre incapacité collective à penser l'avenir... « Nous serions faits pour agir selon ce que reçoivent nos cinq sens à l'instant présent plutôt que pour prendre en compte le futur, le biais serait inhérent à la nature humaine. » Oui mais l'humanité va à sa perte. "Les signaux sont au rouge sang" dit dans Libération le philosophe Dominique Bourg, qui parle aussi dans la Croix. Il enrage, Bourg, que nous restions prisonnier du mythe de la croissance et du néolibéralisme, et se désole qu'Emmanuel Macron, au pouvoir, n'ait pas appliqué son "en même temps": en même temps relancer l'économie, et en même temps faire la transition écologique.
C'est, d'un philosophe, la plus rude critique contre un président que sa philosophie n'a pas porté à l'action... Il est au Danemark, Emmanuel Macron, pour relancer l'Europe. Le Figaro en profite pour décrire la politique ultra sécuritaire du gouvernement local, contre des quartiers de chômage et de violence, mais le titre du journal, et la photo qui illustre l'article, témoignent d'une autre obsession. "Le Danemark emploie la manière forte contre les ghettos musulmans" lit-on à la Une du journal, comme les prémisses des affrontements de civilisation. Dans le figaro encore, un reportage sur la passion viking qui a saisi la Suède, où l'on se déguise en guerriers et l'on mime les combats d'antan... L’extrême droite locale, qui attend avec appétit les élections législatives, voit dans les vikings le symbole de la domination nord-européenne...
Voilà à quoi pense la planète quand la fin s'annonce.
Mais nos journaux ne sont pas que des catastrophes...
Ils témoignent même parfois parfois d'une belle énergie, comme dans la Provence ces jeunes marseillais qui seront entrepreneurs demain, invités a l'université du Medef...
Ils témoignent aussi des progrès de la science, tant l'homme menacé progresse, paradoxe... . Le Monde nous annonce l'arrivée du sang universel, des chercheurs canadiens sauraient rendre compatibles les groupes A et B...
On découvre aussi, dans Science et vie, que notre mémoire, nos souvenirs, seraient transmissibles, stockée physiquement dans des molécules au coeur de nos neurones... On pensait jusque là que notre cerveau fonctionnait comme un ordinateur dans un réseau de synapses, il serait plus concret, affirme David Glanzman, neurobiologiste à UCLA. Il a réussi à manipuler la mémoire des escargots de mer. L’un d'eux a été entrainé à se rétracter sous des chocs électriques. Puis on a récupéré, par une seringue, une partie du continu de ses neurones, avant de les réinjecter dans la tête d'un de ses congénères, qui s'est mis à avoir peur à son tour des chocs électriques, il se souvenait de ce qui ne lui était pas arrivé... Sciences et vie décrit, explique, vulgarise et extrapole: pourra-t-on, conjurer Alzheimer, se réinventer un passé ou se guérir de nos traumatismes?
Mais pourrait-on consoler Nicolas Hulot, qui se souvient de la catastrophe qui nous guette.
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