"Je voyage entre les mondes", dit Tao Geogghegan Hart, poète cycliste, vainqueur du Giro. Libération, l'Equipe

France Inter
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L'Union révèle des clusters à l'hôpital de Soissons, et tient bon face au maire qui crie à la fake news. Le Monde raconte les affres des diplomates brutalises par la cellule "diplo" de l'Elysée. Porter le bébé d"'un couple pour pouvoir loger les siens: le Figaro (magazine et web) en Ukraine, dans le business de la GPA.

On parle d'un poète...

Un poète cycliste, qui pratique le vélo dit-il "comme un art mystique", il a 25 ans le poil roux et son corps "long en jambes" rappelle à Libération l'archange d'autrefois qu'on appelait Fausto Coppi: celui-là se prénomme Tao, Tom en gaélique, Tao Geogghegan Hart, prononcez "Gaygan Hart," un écossais de Londres qui vient de gagner le Tour d'Italie,  ce qui ne serait en temps ordinaire qu'une performance, mais semble ce matin, entre le site de Libération sublime et Equipe, une nouvelle ébouriffante dans nos grisailles, "un rosé frais" s'amuse l'Equipe en référence a la couleur du maillot du vainqueur du Giro, voilà donc un héros d'aujourd'hui mais pourtant paré de légende, qui sur son blog, il y a 6 ans se souvient Libé, à peine sorti de l'enfance, se décrivait ainsi.

«Je voyage entre les mondes. Parfois sombre et humide, trempé comme la rosée calme du matin. Parfois vieux et familier, gravé dans mon esprit comme les lignes de ma main. Je traverse des ombres profondes et l"air froid pénètre profond dans mes poumons. J"éprouve mon chemin, l'étendue de la route résonne entre mes mains, ébranle mes articulations et me noircit la peau. De temps en temps, une lueur s"échappe à travers la cime des arbres,  je ne fais que traverser, le monde s'évanouissant au-delà de ma ligne d'horizon."

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Ainsi Tao décrivait-il la sensation des cols au matin; il a remporté un Tour d'Italie traversé par le Covid , il semble dit Libé un vainqueur adéquat de cette épreuve de sanatorium avec sa "peau de cire qui luit de bleu, les cheveux dans des rougeoiements de braises"... Que Libération est beau quand il parle de sport... 

L'Equipe nous évoque Tao comme une légende britannique sans cesse renouvelée un enfant du Nord de Londres, qui voyait son père ouvrier en bâtiment boucler des journées de 16 heures, l'ainé de cinq enfants qui était footballeur du dimanche et nageur dans une traversée de la Manche en relais quand il avait treize ans, et puis cycliste enfin pour ne plus dépendre des autres... Il appartient à une équipe cycliste, Ineos, qui triomphe blessée, dans cette saison endeuillée par la mort de son directeur sportif sportif Nicolas Portal, mort en Andorre en mars, la Dépêche se souvient de Tao en imper noir qui fixait le cercueil de Portal dans la cathédrale Sainte-Marie d'Auch, le voici désormais à l'orée de sa puissance... 

Le sport nous en dit beaucoup sur nos crises et nos forces, notre étrange monde. On célèbre un surhomme à la Une de l'Equipe, Lewis Hamilton aux 92 victoires désormais en grand prix, une de plus que Schumacher, Hamilton qui semble un "Tarass Boulba du paddock" mais est en réalité un être d'émotion, et "délicat avec sa monture, capable de comprendre ses gommes, de les chérir et d'en tirer le meilleur" -qui avait déjà dit la beauté de l'union de l'homme et du pneu? 

On se souvient aussi dans l'Equipe de pionniers aux destins poignants, trois basketteurs noirs et un autre d'origine japonaise qui il ya 70 ans pénétraient le basket encore réservé aux bancs... On me dit enfin dans l'Equipe une multinationale du football, organisée autour de Manchester city, qui possède dix clubs sur cette planète dont chez nous l'Estac de Troyes, et tous devraient joueur à l'identique un football d'attaque... La Croix nous dit pourquoi  notre football est une terre de conquête pour les capitaux étrangers, 13 clubs professionnels sur 40sont possédés par des investisseurs, même notre doyen le vieux Havre athletic club appartient à un américain mais tout de même français de coeur, marié à une normande et havrais depuis trente ans, allons... 

La Dépêche encore et la Nouvelle république se désolent du sport amateur brimé par les règlements liés au covid, et cette interdiction de vestiaire notamment, l'hiver arrive pourtant, de beaux bébés du rugby se douchent en plein air sous des tuyaux à Bracieux, Loir-et-Cher, la presse porte le drapeau des quantités négligeables de la lutte sanitaire.

Et on parle d'un hôpital ce matin...

De Soissons dans l'Aisne, où deux foyers de covid ont été découverts, le premier dans un service de gériatrie, le second aux cuisines, l'affaire a été révélée depuis vendredi, au fil de ses parutions et de sa page web par le journal l'Union, elle ne serait qu'une des sidérations de la crise du Covid si le maire de Soissons, Alain Cerémont n'avait pas voulu démentir sur Facebook avec un gros "fake news" en lettres rouges... Alors l'Union a répliqué, maintenu et développé ses informations, soutenu par des agents outrés... C'est sur le site de l'Union, allez voir, on est fier parfois d'être de ce métier...

Ce matin, la Dépêche  est fière de son histoire, elle publie sur son site la fameuse lettre de Jaurès aux instituteurs ET  aux institutrices qui doit être le viatique de notre résistance républicaine, et que le grand Jaurès avait publiée dans ce journal en 1888... La Dépêche peut être fière aussi de donner la parole à un homme au deuil impossible, Jean-Pierre Fraisse, papa de Rémi, ce jeune militant écologiste mort en 2014 de la grenade d'un gendarme qui en janvier dernier a bénéficié d'un non-lieu, c'était dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014 déjà à Sivens où l'on s'affrontait sur un projet de barrage destiné à l'agriculture. Jean-Pierre Fraisse parle de Rémi qui était tourné vers les autres, s'était battu contre un dealer au collège pour défendre un copain, qui criait avant de mourir "arrêtez la violence" devant les gendarmes... Et l'image ne passe pas. 

Je lis dans le Monde un long article trempé dans un malheur surprenant, celui des diplomates français mis à rude épreuve par les exigences de la cellule diplomatique de l'Elysée, l'affaire avait été révélée par le magazine Elle, mais le Monde la développe dans des portraits qui laissent rêveurs, je découvre une femme brillante, Alice Rufo, numéro deux de la cellule élyséenne, dont les exigences pousseraient à bout ceux qu'elle côtoie, elle fut poussée à l'excellence jeune par son père Marcel Rufo, grand pédopsychiatre... Au-delà d'une affaire dans l'Etat, je rêve à l'étrangeté des filiations, des vocations...  

Et on parle de mamans pour finir...

Dans un article publié vendredi dans le Figaro magazine, mais que vous pouvez lire en ligne sur le site du Figaro, allez-y, il raconte ces fabriques à bébés d'Ukraine, où des femmes rémunérées quelques onze mille euros parfois, cinq années de travail ordinaire, laissent grandir en elles des enfants dont elles accoucheront derrière un rideau, pour des familles d'ailleurs, forcément hétérosexuelles et stériles, je précise, c'est la loi. Vous n'oublierez pas le regard de Louba 28 ans, une fille à elle, de huit ans, qui va pouvoir enfin loger sa famille par sa grossesse, et se dit qu'elle refera ensuite un enfant, à elle, et puis plus tard un autre pour un autre couple, que sommes nous. 

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