8H30 la revue de presse, bonjour Hélène Jouan
On commence par un journaliste qui vient d’annoncer qu’il quitte la presse…Et il ne s’agit pas de n’importe quel journaliste
Prix du meilleur journaliste de l’année décerné la semaine dernière, Kamel Daoud, arrête. Dans une « lettre à un mai étranger » publiée par le Quotidien d’Oran, auquel il collaborait, il s’en explique. « cher ami écrit il, longtemps j’ai taquiné les radicalités, et essayé de défendre ma liberté face aux clichés dont j’avais horreur. J’ai aussi essayé de penser, j’avais la terreur de vivre une vie sans sens. .J’ai dit ce que je pensais du sort de la femme dans mon pays, l’algérie, de la liberté, de la religion et d’autres grandes questions qui peuvent nous mener à la conscience, ou à l’abdication et l’intégrisme. Sauf qu’aujourdh’ui, avec le succès médiatique, j’ai fini par comprendre 2 ou 3 choses »
Pour comprendre la suite de cette lettre et sa décision, il faut revenir sur ce qu’a vécu Kamel Daoud ces dernières semaines. Le 31 janvier dernier, il publie dans le Monde, une tribune intitulée « Cologne, lieu de fantasmes », il y pointe comme ressort principal des agressions, le tabou du rapport à la femme dans les sociétés arabes, lié à la montée de l’islamisme. Quelques jours plus tard, le Monde publie une autre tribune, celle d’un collectif de sociologues, anthropologues et politistes ( !) qui l’accuse de véhiculer des clichés orientalistes et d’alimenter les fantasmes xénophobes. C’en est trop.en décembre dernier, un dirigeant salafiste avait demandé sa condamnation à mort sur Facebook
« Nous vivons une période de sommations poursuit Daoud dans sa lettre, si on n’est pas d’un côté, on est de l’autre. Je trouve illégitime sinon scandaleux que certains me servent le verdict d’islamophobie à partir de la sécurité de leur capitale d’occident, le tout servi en forme de procès stalinien. Un verdict d’islamophobie qui sert aujorud’hui d’inquisition ».Dans le Point, dans lequel écrivait également Kamel Daoud, son directeur Etienne Gernelle fustige la meute et les lâches, « en algérie ces fanatiques de la religion, et en France, dit il, les imbéciles gaucho régressifs qui tentent de l’enfermer dans une case »
Quelques mots encore de Kamel Daoud confiés hier au journal « Le Temps d’Algérie »
« Ce n’est pas une démission, une lâcheté, une abdication, mais j’ai juste envie de changer de mode d’expression..j’exerce mon droit d’être libre » Kamel Daoud retourne à la littérature, son dernier roman « Meursault contre attaque » a obtenu l’an dernier le prix du meilleur premier roman. La littérature a sans doute tout à y gagner. Mais il manquera sans doute la parole forte d’un homme libre, et d’un journaliste algérien, courageux.
Questions ce matin dans la presse, sur l’éventuel Brexit britannique
Avec des journaux britanniques sceptiques sur les chances du premier ministre David Cameron de parvenir aujorudh’ui à imposer ses vues à l’europe, The Telegraph affirme en Une « Aucune garantie de réussite pour Cameron », The independent « Encore beaucoup de boulot pour trouver un accord »…
Au delà évidemment des points de négociations en cours, les Echos en résume clairement les enjeux, immigration, gouvernance économique ou risque d’une europe à la carte, on retiendra ce matin dans la presse française ceux qui se réjouissent à l’avance d’un éventuel brexit. Par exemple, Jean Quatremer dans Libération, énumérant les bonnes raisons de laisser filer les Anglais retient comme argument : « revenir au français, langue unique » ! Oui explique t il, « le plus rageant dans l’évolution de l’europe est le basculement des institutions vers le tout anglais alors même que l’éloignement des britanniques se confirmait jour après jour » « une fois les britanniques partis se réjouit il, il n’y aurait plus que les irlandais et les maltais à parler anglais. Le Brexit, un espoir pour la francophonie, et pourquoi pas pour l’esperanto, fallait y penser !Jean Quatremer développe aussi quelques arguments plus sérieux Sérieux aussi l’essayiste Edouard Tétreau qui dans une tribune au Figaro explique qu’une sortie de la Grande Bretagne serait une chance pour l’Europe, et la France : fin de l’élargissement à marche forcée de l’Union encouragé par la grande bretagne qui y voyait un bon moyen de dilution, l’europe y gagnerait aussi en cohérence diplomatique, enfin last but not least écrit il, ce sera une chance historique pour la place financière de Paris de redevenir une place forte, quand la City ne sera plus qu’un paradis fiscal offshore. Pour paraphraser le maire de Londres Boris JOhnsson conclut il « welcome to Paris my friends »
En attendant que la bourse de Paris prenne la place de la City, c’est le projet de loi de réforme du travail qui pourrait faire grincer des dents en France…
Avant goût dans la presse du débat que vont immanquablement susciter, la fin objective des 35H ou la simplification du licenciement économique. La Figaro se réjouit dans son édito de constater que s’il reste des « contorsions sur ce sujet des 35H, elles sonnent néanmoins comme un aveu, aveu qu’elles sont considérées en haut lieu comme une calamité économique pour la France », le Figaro qui espère que le grand détricotage ira jusqu’au bout.
Position évidemment diamétralement opposée pour l’Humanité. Patrick Appel Muller estime que c’est une « véritable bombe placée au cœur du monde du travail ». Une loi que le journal communiste décrit comme inventant les « tâcherons du XXIème siècle ». Même point de vue défendu dans Politis, qui estime que cette « simplification » du code du travail va contribuer à accentuer encore le déséquilibre entre les salariés et les patrons.
Si la gauche de la gauche, et la gauche du ps vont sans doute monter au créneau sur le texte, au sein du nouveau gouvernement, normalement ça ne devrait pas moufter. Le Parisien nous raconte la séance « cadrage » de François Hollande et Manuel Valls hier pour le premier conseil des ministres des petits nouveaux . « Etre ministre, ça veut dire être membre d’un collectif politique, le gouvernement » a dit Manuel Valls, sans doute à l’attention particulière de vos amis écologistes José Bové…Emmanuelle Cosse notamment. Qui savait nous apprend l’Obs ce matin, qu’elle serait accusée d’être la « besson » des verts, du nom de l’ancien socialiste devenu ministre de nicolas Sarkozy… « besson » des verts,pour appartenir au gouvernement de François Hollande, rien que ça
Mais évidemment les consignes ne valent pas pour les virés, résultat Fleur Pellerin se lâche, toujours dans l’OBs. L’ex ministre de la culture dénonce le lobby du « petit milieu parisien, auto centré » qui aurait eu sa peau. Celui qui entre autre s’est moqué de son aveu sur le dernier livre de Modiano, quand elle défend son honnêteté à ne pas vouloir recracher des fiches de lecture « c’était l’aveu d’une frustration dit elle, mais je n’allais pas dire, j’ai lu Ulysse en anglais et tout Musil en Allemand » .attention, elle promet une intitiatve dans les semaines qui viennent !
On termine Hélène par un mort, et une cafetière !
L’objet aurait pu être traité dans les Mythologies de Roland Barthes, tellement il est devenu icônique. La cafetière en alu italienne, dite cafetière à Moka, symbole de l’art de vivre made in italy, » l’entendre glouglouter sur le gaz est en soi la promesse d’une matinée qui démarre bien » écrit philippe Ridet dans le Monde
Sur la photo illustrant l’article, cette cafetière trône dans une église, autour d’elle une famille en deuil. Il s’agit de la famille de Renato Bialetti, 93 ans, il vient de mourir, c’est lui qui a vendu à toute l’Italie cette cafetière toute simple inventée par son père en 1933. Et ses cendres sont…dans cette cafetière ! Il avait fait de sa vie une légendre écrit Philippe Ridet, il a fait de sa mort un clin d’œil. Les enfants de Bialetti ont en effet semble t il hérité, outre de la fortune du père, de son sens de la dérision. « pensez désormais à renato en entendant glouglouter votre Bialetti » conclut Ridet…
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