L’Allemagne inquiète les journaux ce matin…

France Inter
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L’Allemagne qui vote dans une semaine et qui concentre une attention caustique.

Le Figaro nous révèle une infiltration d’extrême droite dans la Bundeswehr, l’armée allemande… Les ombres de l'extrême droite...que la ministre de la Défense Ursula Von Der Leyen n’arrive pas à chasser…

«La Bundeswehr doit dire clairement qu’elle n’est pas dans la tradition de la wehrmacht » avait--elle dit, en vain…

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Les soldats du 91e bataillon chasseur de la Bundeswehr n'ont pas voulu que l’on débaptise leur caserne, Helmuth Lent, du nom d’un as de la chasse nazie… et l’armée n’aime plus sa ministre !

Le Figaro montre la dialectique qui est à l’oeuvre… La camaraderie des casernes contre l’autorité civile, le besoin d’honorer des soldats disparus…

Et aussi la transmutation de l’extrême droite…

C’est la haine de l’immigration qui déclenche la radicalisation…

Ainsi, ce lieutenant Franco A, officier de la brigade franco allemande arrêté au printemps dernier, qui s’inquiétait du génocide du peuple occidental… et qui préparait un attentat en voulant le faire attribuer aux migrants…

Tout ceci arrive quand le parti d’extrême droite AFD Alllianz fur Deutschland, va rentrer au parlement… Gros dossier dans Mediapart sur « une campagne publicitaire douce et haineuse à la fois. « Les nouveaux Allemands ? Nous les produisons nous-mêmes », explique un slogan au-dessus du ventre d’une femme enceinte. »

L’opinion (un numéro complet sur toutes les contradictions allemandes à lire !) et Mediapart encore orientent la focale vers Aleksander Gauland… le co chef de file de l’AFD… « doit on se méfier d’un homme adepte de cravates dotées de petits chiens de chasse dorés » ? » . C’est ce septuagénaire qui, au début du mois, a expliqué que les allemands ont le droit d’être fiers des performances des soldats allemands pendant les deux guerres mondiales »

Et cela nous ramène aux soucis de la bundeswehr…

La haine des immigrés et la nostalgie de la wehrmacht. Il n’est pas inintéressant de voir Le Figaro, l’Opinion et Mediapart analyser notre voisin exactement dans les mêmes termes.

Et on parle aussi de l’économie allemande ce matin…

L’économie qui va bien et le social qui inquiète.

Le Figaro encore… explique que l’’Allemagne connait son âge d’or et en même temps…

complète le tableau avec les retraités pauvres de Furth, dans le sud du pays, qui vont travailler jusqu’à tomber… et décrit ainsi un paysage du Nord : « L'A1 de Cologne à Lübeck sur la mer Baltique n'a d'autoroute que le nom. Les travaux s'y enchaînent sur des centaines de kilomètres, révélant l'entretien médiocre des infrastructures en Allemagne de l'Ouest. Sur le pont du Rhin à Leverkusen, les poids lourds ne peuvent plus circuler depuis cinq ans. »

C’est l’ambiance.

C’est intéressant en soi. Et parce que c’est le Figaro donc le grand quotidien de droite … Même des journaux libéraux focalisent sur les failles du voisin prospère. « La ville va tellement bien qu’une partie de la population ne peut plus se permettre d’y vivre », on lit ça dans les Echos ! sur Francfort, la capitale financière allemande…

Tout ceci témoigne aussi bien de l’Allemagne que de la France… Nous sommes battus économiquement par KO nous dit l’opinion… mais nous sommes lucides sur notre vainqueur vieillissant et qui doit apprendre à écouter les autres en europe… la figure de Merkel est égratignée dans l’opinion « Elle a une conviction, se maintenir au pouvoir… » Et cette lucidité âpre survient quand nous sommes politiquement tentés, happés par ce qui s’est construit outre rhin…

« Au moment où certains voudraient copier le modèle allemand... » c’était samedi sur twitter le teaser du directeur de la rédaction du monde pour un autre (bon) dossier sur l’Allemagne…

Ce n’est pas simplement un débat national mais politique… Le Monde diplomatique a publié une enquête sur l’enfer du miracle allemand… et il s’agit moins ici de la pauvreté que de la description idéologique des réformes sociales des années 2000, et de leurs conséquences…

On est dans un journal, le diplo, hostile dès l’origine à l’utopie social libérale..

« La transformation du filet de sécurité des acquis sociaux en un tremplin vers la responsabilité individuelle… » comme disaient Tony Blair et gerhard Schroeder…

Et à coups de citation, le journal encercle l’adversaire. Celle-là, terrible, d’une brochure ministérielle de 2005 contre la fraude aux services sociaux.

«Les biologistes s’accordent à utiliser le terme parasites pour désigner les organismes qui subviennent à leurs besoins alimentaires au détriments d’autres êtres vivants. Bien entendu il serait totalement déplacé d’étendre des notions issues du monde animal aux être humains. »

Bien entendu mais on a selon le diplo une Allemagne ayant imposé un contrôle social tatillon, cruel parfois aux plus fragiles soupçonnés de ne pas vouloir vraiment travailler… Ainsi ce job center demandant à une chomeuse le nom et la date de naissance de ses partenaires sexuels… ou ce sexagénaire graphiste de son métier, convoqué du jour au lendemain à quatre heures du matin pour travailler sur un chantier muni de chaussures de sécurité… « commencer à mon âge ne me paraissait pas une bonne idée. »

Il reste l’humour… Nous en aurons aussi ?

*Pendant ce temps, en France, le prix du beurre inquiète…
*

Et nous allons payer nos viennoiseries plus chères… avertit Sud Ouest.

Nous sommes donc encore insouciants, de penser aux croissants. Mais cela n’a rien de drôle… Le beurre a augmenté de 172% cette année… Le journal décrit ce qui arrive à un artisan boulanger bordelais. « Notre boulangerie, qui emploie 15 personnes, a dû faire face à un surcoût de 25 300 euros. Cela correspond au salaire annuel d’un employé... Nous avons choisi de faire l’impasse sur notre marge pour ne pas avoir à augmenter le prix de nos viennoiseries. Mais nous ne pouvons pas continuer comme cela. »

Et on est dans l’histoire de la mondialisation. Ce sont les pays émergents et la chine, friands de beurre, qui sont la cause de tout ceci…

Nos frontières sont poreuses et les battements d’aile du papillon nus perturbent. Vous lirez dans les échos… l’irruption d’un nouvel acteur dans le marché compliqué des VTC à Paris… DIDI, le Uber chinois, arrive sous le nom de taxify… c’est une start up estonienne qui veut rafler les chauffeurs parisiens…

Vous lirez aussi en anglais dans le New York Times ; comment d’autres géants, ceux de la junk food, s’abattent sur les pays pauvres pour donner aux miséreux le gout du gras… Hameçonner, dit-on… le brésil est la cible ici…

Cela laisse rêveur, par contraste quand on découvre chez nous le marché de la viande rare, c’est dans les échos, avec le bœuf de kobé à 1000 euros le kilos…

Et on s’apaisera en contemplant, dans Libération la détresse de Marcelo Bielsa, dit le fou, entraîneur argentin de Lille qui perd et doute dans un club parti en vrille dans des paradis fiscaux… et autres fond vautour, et cette impuissance d’un génie qui n’y comprend plus rien est réconfortante, comme le désarroi humain.

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