Un tchatcheur fou... Un rock, un cap, une péninsule... Et un martyr saint et pêcheur à la fois... Trois personnages aimés et médiatisés de la France 2005-2006 : Jamel Debbouze, Lilian Thuram et Zinédine Zidane ont les honneurs de la presse magazine cette semaine... C'est une façon de revenir, et plus sereinement en ce mois de juillet, sur les émeutes de novembre en banlieues... Honneur au tchatcheur Jamel... Longue interview dans "Télérama"... La banlieue, il n'y habite plus... Il préfère les quartiers chics, et il assume... "Je me suis installé dans le 6ème arrondissement de Paris, rue de Sèvres... A Trappes, il fallait trop jouer à l'assistante sociale, s'occuper de tout le monde... Je n'en pouvais plus... J'ai encore une grosse voiture avec chauffeur... J'ai bousillé trop de Ferrari... Conduire avec un bras n'est pas facile, et je n'ai plus de points sur mon permis"... Jamel assume aussi sa discrétion pendant la crise des banlieues... "Je ne voulais pas être l'alibi, le signe que tout peut s'arranger quand on a la tchatche et l'énergie... Je suis hélas une exception... Je veux juste être un trait d'union entre la rue et la télé... Je cherche à ce que ma notoriété soit utile... Contribuer à changer les mentalités, quel kiff !... Ouvrir la brèche pour les autres, pour qu'ils s'expriment, c'est le kiff du kiff !"... Cet été, le samedi sur "Canal", Jamel donne l'antenne à des humoristes des cités... Quand à l'Olympia, je vois une salle pleine de Noirs, de Jaunes, de vieux, de jeunes, qui rient ensemble, ça me redonne l'espoir... Un soir, l'un d'entre eux m'a même dit : 'vous m'avez envie de ne plus voter pour Le Pen'... J'avais l'impression d'être un héros"... On parle de la "lepénisation des esprits", mais il y a aussi une "sarkoïzation" des esprits... Là, c'est Lilian Thuram qui parle... Longue interview également dans "Les Inrockuptibles"... Et si Jamel distribue ses coups à droite et à gauche : "quand les banlieues flambaient, dit Jamel, il valait mieux appeler les pompiers que les socialiste"... Thuram, lui, est en train de devenir l'un des adversaires les plus constants du ministre de l'Intérieur dans la société civile... "C'est quelqu'un qui ne connaît pas la vie des banlieues, qui ne connaît pas les gens ni leurs aspirations, leurs sentiments ou leurs difficultés... Il s'en moque... Lui, il ne parle que de numéros et de chiffres... Mais ce n'est pas ça, la vie... Malheureusement, la majorité des gens ne s'y connaît pas non plus, et il y a de la peur... Du coup, il passe pour un sauveur"... L'engagement de Thuram, c'est sa place au Haut Conseil à l'intégration... Et il reconnaît qu'il y a du boulot... "La France black-blanc-beur, c'était un leurre... Le fait qu'on ait gagné la Coupe du Monde, et que l'équipe ait été multiculturelle, ça n'a facilité la vie de personne en dehors, dit-il"... Et Zidane ?... Que va-t-il faire maintenant que sa carrière se termine ?... Aujourd'hui, il passe devant les juges de la Fédération internationale de foot, pour son coup de boule à l'Italien Materazzi en finale de la Coupe du Monde... Il a le soutien de "France Soir"... "Pour nous, tu es le meilleur", titre le quotidien... Et puis dans "Paris Match", Raphaëlle Leyris s'interroge sur l'après-foot du capitaine de l'équipe de France... Pas de retour prévu à la cité de la Castellane à Marseille, mais beaucoup de temps consacré aux enfants : il est président ou ambassadeur d'associations et de programmes qui aident les enfants pauvres... Dans les mois à venir, il voyagera beaucoup pour la bonne cause... Mais pour l'instant, il veut profiter de ses proches, sa femme, ses quatre garçons... Zidane a le temps : il n'a que 34 ans, rappelle Raphaëlle Leyris... Plus d'une semaine de guerre au Liban, et chaque jour un peu plus, l'image du gouvernement et de l'armée israélienne en est ternie dans la presse... "La guerre n'est jamais belle, écrit Antoine de Gaudemar dans "Libération", et la riposte de l'Etat hébreu a beau être intervenue après une agression du Hezbollah, elle paraît disproportionnée, et surtout de plus en plus susceptible, par son ampleur, de provoquer de tragiques bavures... Devant le nombre de victimes civiles, la Croix-Rouge et l'ONU parlent de violation du droit international, et même de possible crime de guerre, d'un côté comme de l'autre"... Dans "L'Yonne Républicaine", Philippe Noiraud enfonce le clou... "La réaction israélienne n'est pas acceptable, sauf à prétendre qu'une vie israélienne vaut plus qu'une vie libanaise ou palestinienne... Ce qu'est devenu Israël, c'est un régime enfermé dans une logique de guerre et de vengeance"... Dans "L'Indépendant du Midi", Bernard Revel ajoute un élément à l'analyse... "Cette guerre, écrit-il, a lieu dans un mouchoir de poche... Il y a, entre Tel Aviv et Beyrouth, le même nombre de kilomètres qu'entre Perpignan et Montpellier... Dans un espace aussi réduit, quel pays peut imaginer garantir son avenir en exerçant sur ses voisins un droit de vie et de mort ?"... Il n'y a guère que Jean Daniel pour défendre l'Etat hébreu, ce matin dans "Le Nouvel Observateur"... Son hebdomadaire fait sa couverture sur "la guerre des fous"... "Je veux bien qu'on parle de 'guerre des fous', écrit-il, mais à la condition que l'on fasse un sort particulier à la démence du Hezbollah... Ses forces savaient ce qu'elles provoqueraient en enlevant deux soldats israéliens : à savoir tout simplement la dévastation du Liban, leur pays... Voilà des forces qui ont voulu la destruction de leur propre pays"... En tout cas, à l'occasion de cette guerre, Jacques Chirac et Dominique de Villepin retrouvent un semblant de popularité dans la presse... Jacques Chirac a demandé hier l'ouverture de corridors humanitaires... Dominique de Villepin était lundi à Beyrouth... "Là où l'ensemble de la communauté internationale joue les autruches, la France, qui refuse de voir sa politique étrangère passer à la moulinette américaine, se comporte en aiguillon de l'ONU, estime Pierre Taribo dans "L'Est Républicain"... Dans "La Provence", Gilles Dauxerre est sur la même ligne : "Le chef de l'Etat et son Premier ministre retrouvent le registre dans lequel ils avaient brillé au moment du refus de la France de s'engager en Irak aux côtés des Etats-Unis"... Encore un été décidément très actif pour Dominique de Villepin... Il est mobilisé aussi par la canicule... Pas question de faire la même erreur que le gouvernement Raffarin, il y a trois ans... Cela fait sourire Thierry de Cabarrus dans "'L'Union" : "Passés les 35 degrés, le Premier ministre visite les maisons de retraite, et son collègue de la Santé dort aux urgences... Il s'agit de montrer aux Français que, cette fois, on ne laissera pas tomber nos personnes âgées"... Tout de même : "Canicule : déjà 9 morts", titre "La Voix du Nord"... Et parmi ces 9 morts, au moins 2 personnes qui travaillaient en pleine chaleur, précise "Le Parisien" : un ouvrier à Mâcon et un chauffeur-routier à Dax... "Les Echos" le reconnaît : les travailleurs sont peu protégés face à la canicule... En France, il n'existe pas de seuil limite de température au-delà duquel une entreprise ne pourrait plus faire travailler un salarié... Les mesures à mettre en oeuvre sont à l'appréciation de l'employeur, qui doit protéger la santé des travailleurs... C'est la mise à disposition d'eau potable et fraîche, 3 litres par jour dans le BTP... Et puis tout de même, il a été demandé aux inspecteurs du Travail de renforcer les contrôles face au risque canicule... "Le Parisien" donne la parole à un avocat spécialisé dans la gestion des risques de l'entreprise... Depuis une semaine, il reçoit environ 10 messages par jour de personnes qui ont l'impression de travailler dans un sauna ou dans un hammam... En cas d'accident, précise-t-il, l'employeur peut voir sa responsabilité engagée... Les peines vont de 3.700 euros d'amende à 9.000 euros et un an de prison en cas de récidive... "Comité d'entreprise d'EDF : Thibault sur la sellette"... "Le Figaro" est le seul à faire une large place ce matin à l'audition du patron de la CGT par la justice, hier... Question : une secrétaire de son syndicat a-t-elle bénéficié d'un emploi fictif entre 99 et 2002 ?... Aurait-elle travaillé pour la CGT tout en étant payée par EDF ?... C'est l'enquête sur le comité d'entreprise d'EDF-GDF... Il est contrôlé, depuis l'après-guerre, par la CGT... La Brigade financière enquête sur le sujet depuis février 2004... Selon "Le Figaro", il y aurait beaucoup d'anomalies comptables : des sous-traitants choisis pour leur proximité avec les mairies communistes de la banlieue nord de Paris, où la CGT facturait au prix fort leurs services... une dizaine d'emplois suspects, l'absence de contrôles, etc... Dans l'éditorial du "Figaro", Nicolas Barré s'exclame : "Enfin, la justice s'attaque à l'un des plus grands scandales français... Après les partis politiques dans les années 90, voilà donc la plus puissante organisation syndicale du pays soupçonnée d'avoir bénéficié d'emplois fictifs..." Immigration... Intégration... Dans "Les Inrock", Lilian Thuram accuse Nicolas Sarkozy de ne voir les choses qu'à travers les chiffres... Le problème, c'est que sur l'immigration, le gouvernement ne dispose d'aucune statistique fiable... C'est une enquête de Julie Joly, dans "L'Express"... "Avec le solde migratoire, écrit-elle, tout est possible..." Mais en pratique, c'est le flou total... Sur les mouvements de Français entrés ou sortis, on ne sait rien, ou presque... Quant aux étrangers, ce n'est pas beaucoup mieux : seules les sorties déclarées du territoire sont connues... Les intra-Européens, les enfants d'immigrés, les étudiants étrangers, et par définition les clandestins, ne sont pas tous, loin s'en faut, enregistrés par l'administration... Allez... Il n'y a pas que le foot ou la tchatche "Canal+" qui permette d'avoir une jolie vie quand on est né en banlieue... "Le Monde" fait aujourd'hui le portrait de Samia Ben Ram-Dane... C'est une libraire parisienne... "Samia, sauvée par les livres"... C'est le titre de l'article... Née en 63, elle a grandi dans les bidonvilles de Nanterre... "Son père, Algérien, ne parlait pas français... Sa mère était illettrée"... Et pourtant, de petits boulots en plan social, elle a réussi à monter sa librairie, près de la gare du Nord à Paris... Le déclic est venu au collège, à Nanterre, quand un professeur a demandé aux élèves de travailler un thème en s'aidant des ouvrages de la bibliothèque... La passion de la lecture la prend : Dostoïevski, le Marquis de Sade, Carson McCullers... Les livres m'ont donné l'amour de la langue... Ils m'ont sauvée de la pauvreté, de l'ennui, de tout ce malheur qui pointait déjà et qui s'est répandu en même temps que les barres HLM et la drogue"... Aujourd'hui, comme Jamel avec les comiques, Samia tente de transmettre la passion de son métier à des stagiaires de banlieue... "Elle exerce sa profession comme un combat contre l'exclusion, et contre la connerie, dit l'une des fidèles de sa librairie, la comédienne Dominique Blanc... Elle fait entrer les gens en lecture"... Comme dirait Jamel : " Dostoïevski, le Marquis de Sade et Carson McCullers, c'est le kiff du kiff"... Bonne journée...
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