La peur de Jesur, Ouighour exilé, qui a reçu un colis de Chine, l'absolu d'un Etat totalitaire dans Libération

France Inter
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La mort d'un jeune journaliste, Jan Kuciak, a fait tomber le mafieux slovaque Marian Kocner, le Monde. Adèle Haenel fut une petite fille de 12 ans, 13 ans, 15 ans, pourchassée par un homme mur qui se disait amoureux, grande enquête dans Mediapart. La Joconde cachait ses dents noircies de mercure, l'Echo Républicain.

On parle de peur dans Libération.

La peur qui a pris Jesur le jour où il a reçu un gros colis en provenance de chine dont il s'était enfui, le colis semblait venir de l'adresse de ses parents, mais sur le bon d'expédition, il y avait son propre numéro de téléphone mobile que sa famille ne pouvait pas connaitre; alors Jesur a eu peur et pour protéger sa famille il est descendu dans la cave de son immeuble parisien pour ouvrir le paquet...  A l'intérieur, il y avait «des sacs remplis de fruits secs, des amandes, des raisins, des abricots», 17,70 kilos, sans un mot, et Jesur a compris que la Chine lui envoyait simplement un signal, nous savons où tu es.

Jesur est un Ouighour, un membre de ce peuple musulman du Xinjiang victime d'un génocide culturel, surveillé, rééduqué par un Etat jaloux qui a déjà fait passer un million de personnes dans des camps... Si vous voulez comprendre  la perfection d'un régime totalitaire, lisez Libération qui décrit ce subissent aussi les ouighours exilés, repérés par les services chinois, tracés et chez nous, au Canada, en Belgique, en Norvège, aux Etats-Unis en Nouvelle-Zélande, harcelés de messages et de manipulations vicieuses. Subhi, lui aussi réfugié en France a reçu un colis contenant un message de son père, «Tu nous manques beaucoup, nous allons bien et sommes très heureux», et avec le message une robe bien pliée pour sa fille ainée. Mais le message sonnait faux, écrit en mandarin, le papa de Subhi n'écrit pas dans cette langue, et Subhi a compris que la Chine pouvait s'immiscer dans toutes les strates de sa vie.

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Ce contrôle nous rappelle des souvenirs, quand nos journaux, vous venez d'en parler, montent en puissance pour commémorer la chute du mur de Berlin, quand les peuples furent plus fort que leur peur. Il est intéressant  de lire dans le Figaro la version soviétique de l'histoire, quand les maitres de Moscou eurent peur d'une nouvelle guerre au coeur de l'Europe et renoncèrent à la force. Mais l'histoire n'est pas seulement grandiose. Quand le mur tomba, Saskia alla à l’Ouest acheter deux albums d’Asterix ; elle vit à Morlaix en Bretagne ne renie pas son pays disparu; oui c'était une dictature et elle n'a nul regret mais il existait aussi dit-elle à Ouest-France "des logements pour tous, des soins gratuits, le plein emploi", tout ceci fut balayé: Saskia a écrit un livre qui devient un spectacle, dimanche prochain, 10 novembre, 30 ans et un jour après la chute du mur, elle sera sur scène pour défendre la RDA à Morlaix...

Le Monde raconte un des monstres nés de la chute du communisme, quand des aventuriers des mafieux firent fortune et sur les débris du système. Le milliardaire Marian Kocner garait sa Bentley sur les places pour handicapés de Bratislava, et faisait peur et à toute la Slovaquie, dirigeants compris auxquels il donnait des ordres mais il est tombé, pour avoir dit la justice commandité l'assassinat d'un jeune journaliste et de sa compagne, Jan Kuciak avait 27 ans, un campagnard qui savait enquêter sur les données en ligne et n'avait pas peur de Kocner, au pire disait-il on me crèvera les pneus de ma voiture; Kocner faisait enquêter sur les journalistes qui le gênaient, il n'avait rien pu trouver sur Jan que seule la mort pouvait faire taire, mais de sa mort la peur, en Slovaquie s'est dissipée.

Et on parle de la peur d'une adolescente...

Qui est aujourd'hui vedette du cinéma français, mais qui fut une petite fille de douze ans, treize ans, quatorze quinze ans, paralysée de peur et de honte devant un homme mur qui la pourchassait, amoureux disait-il, qui l'invitait chez elle, voulait la toucher, qu'elle repoussait de ruses... C'est dans Mediapart l'histoire que raconte Adèle Haenel, qui à douze ans avait tourné son premier film, les diables, sous la direction du réalisateur Christophe Roggia, qui sur le tournage semblait fasciné par sa jeune actrice, et qui après, accuse Mediapart, s'égara. Adèle Haenel avait raconté son histoire par bribes dans le monde du cinéma auquel elle faillit renoncer, certains savaient, d'autres ne voulaient, d'autres ne savaient pas, et en avril dernier, l'actrice rencontra la journaliste Marine Turchi, et lui dit ses colères accumulées: cette confession a donné le départ d'une enquête de sept mois auprès de ceux qui savaient  se doutaient, n'avaient rien dit tombaient des nues, Mediapart publie un document sur le murmure que masquent la honte et la peur ou l'embarras, Christophe Roggia, qui nie tout par écrit ,est une figure, une conscience du cinéma indépendant...

Aussi lourd le destin de Adèle, aussi légère et entêtante comme l'époque est l'ambition d'Alexandre Benalla, qui voudrait partir à l'assaut du communisme municipal à Saint-Denis aux municipales et il dit au Figaro qu'il fut accueilli au marché de la ville des rois tel Johnny Hallyday au milieu du Stade de France. Benalla et sa légèreté fiévreuse sont aussi dans Vanity Fair dans un texte curieux, de l'écrivain Quentin Lafay, qui connut Benalla dans la campagne d'Emmanuel Macron et à l'Elysée avant de s'en aller écrire pour vivre normalement, ils se sont revus cet été dans bar que Benalla affectionne. A Lafay, Benalla avait raconté les selfies de Saint-Denis, et des projets de business et l'écrivain regardait Benalla lutter contre sa déchéance, c'est son talent de nous rendre triste pour un aventurier.

Et d'autres aventures pour finir.

Et commencer la semaine avec l'énergie de ceux qui accomplissent et y croient, tel le Télégramme qui pour le Goncourt souhaite Coatalem le Breton…  Marchons dans le Bien Public avec Guillaume Charbonneau de Dijon qui en 25 jours a marché de Porspoder (Finistère) à Menton (Alpes-Maritimes), accompagnons toujours dans le Bien public Aurélie Gonet qui après avoir pédalé 12000 kilomètres est arrivée à Pékin où malgré les inscriptions closes ET une pharyngite, elle a participé au marathon de la ville -pour elle la Chine est cette victoire...  Marchons aussi, dans la Voix du Nord, avec Samuel Courtin, parti de Ruminghem  pour rejoindre à pied La Mecque et accomplir son pèlerinage, sur le trajet  il demandera l’hospitalité dans des églises, des synagogues et des mosquées, il marche pour son frère Elie, autiste, il déjà fait Compostelle... 

Et puis écoutons dans l'Echo républicain Dominique Jagu, autrefois chirurgien-dentiste à Maintenon, qui était samedi  aux rencontres archéologiques d’Eure-et Loir et qui, en dentiste, a enquêté sur le sourire de la Joconde, partant d'une hypothèse : Léonard aurait eu plusieurs modèles et parmi elles Isabelle d’Aragon, duchesse de Milan, dont la sépulture a été retrouvée à Naples, et qui, pour soigner sa syphilis, pardon, avait traité ses dents au mercure qui les avait noircies : Mona Lisa donc sourit bouche fermée de peur qu'on ne voit ses dents noires, « derrière les plus beaux sourires se cachent souvent les plus grandes peines ! »

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