La presse entre Munich, JMJ et Donald Trump.
Grand Flou
Nos quotidiens ont bouclé vers minuit : on n'en savait pas beaucoup, à ce moment-là sur ce qui s'était passé à Munich en fin de journée.
Ce matin dans vos journaux vous lirez des récits évoquant trois tireurs toujours en fuite. (au lieu d'un seul, qui s'est suicidé depuis)
Depuis la police munichoise a fait le point sur la situation, et les informations se sont précisées. Seul, il s'est donné la mort non loin du centre commercial où il a donc tué 9 personnes et fait 16 blessés. Sur les motivations de son geste c'est le grand flou : forcené ou terroriste ; terroriste ou forcené, l'incertitude demeure. C'est pourtant bien ce mot, Terrorisme, qui barre la Une du Figaro... lequel décrit une Munich "frappée au coeur... par le terrorisme".
Depuis Berlin, Nicolas Barotte rappelle que l'Allemagne " se savait dans le viseur des terroristes", même si jusqu'à présent elle avait été épargnée. Les allemands voulaient croire que le plein-emploi, la forte influence de la communauté turque... et la faible rancoeur sociale laissaient peu d'espace aux islamistes et à la tentation de la radicalisation.
Mais "l'hypothèse d'un acte djihadiste n'est qu'une hypothèse parmi d'autres"... écrivait Le Parisien/Aujourd'hui en France, au moment de mettre sous presse cette nuit.
Le quotidien rappelle tout de même que l'Allemagne "reste une cible privilégiée des terroristes islamistes" parce qu'elle fait partie de la coalition internationale contre Daesh en Irak et en Syrie.
Le Parisien évoque, tout de même, ces récits de témoins de la tuerie de Munich... qui ont entendu le tireur crier "je suis allemand, putains d'étrangers". Le journal nous indique aussi qu'hier c'était les 5 ans de la tuerie d'extrême-droite perpétrée par Anders Beiring Breivik en Norvège.
La presse allemande prudente
Une presse beaucoup plus prudente, elle, au moment d'évoquer un possible mobile terroriste. Elle rappelle, bien sûr, le précédent, l'attaque à la hache qui avait fait 4 blessés lundi dans un train de Bavière, attaque menée par un jeune étranger de 17 ans, et qui avait été revendiquée par Daesh. Mais pour le moment, il n'y a aucun lien établi, aucun parallèle, confirme Die Welt de source policière.
Sur le site réactualisé du Suddeutsche Zeitung, on trouve ce titre "Attaque au Mc Donalds", et cet article centré sur une vidéo: postée sur internet, juste après la fusillade, elle montre le tueur présumé : un jeune homme qui porte un jean sombre, un tee-shirt noir.
Il semble maladroit, il vacille un peu et sans crier gare, il sort une arme, et commence à tirer sur les passants et les clients du fast-food.
9 personnes vont donc mourir sous ses balles : A la fin de cette fameuse vidéo, on entend le jeune homme crier "Je suis allemand, je suis né ici". D'autres phrases aussi, inaudibles, que la police est en train d'analyser. C'est à ce stade le seul élément qui pourrait permettre de connaître les motivations du tueur.
En attendant, la psychose s'est bien installée en Allemagne : die Welt nous apprend que la fête de la bière qui devait durer tout le week-end à Munich a été annulée.
Et les JMJ ?
C'est La Croix, qui s'enthousiasme ce matin pour les Journées Mondiales de la Jeunesse, les JMJ qui vont débuter à Cracovie mardi, et c'est vrai qu'on souffle en peu en lisant ces articles sur un rassemblement mondial où il n'est pas question de menace, d'ombre de Daesh ou de dispositif de sécurité ultra-renforcé.
Non, La Croix a choisi de mettre l'accent sur la rencontre, entre les chrétiens polonais et ces milliers de pelerins qui arrivent de partout sur la planète. Dans la plus grande paroisse de Cracovie, pas moins de 600 jeunes vont être accueillis chez des habitants volontaires. Agnieszka, par exemple, reçoit des Nigérians, et elle a pris soin de se renseigner sur leurs habitudes alimentaires : on apprendra donc que le petit-déjeuner au Nigéria est beaucoup plus copieux qu'en Pologne...
La Pologne et la religion catholique, c'est aussi cette proximité gênante, rappelle La Croix, entre l'Eglise polonaise et le gouvernement ultra-conservateur d'Andreiyj Duda. Lire l'interview de l'éditeur chrétien Henryk Wozniakowsky pour qui la collusion entre l'Eglise et le gouvernement éloigne beaucoup de jeunes polonais. L'identité catholique, trop souvent récupérée par le nationalisme ambiant, doit se libérer, de ce facteur politique, mais ça prendra du temps, assure Wozniakowsky.
"Cent jours pour l'arrêter" (Libération)
Lui, photo boudeuse à l'appui, c'est... Donald Trump : candidat officiel des républicains à la Maison Blanche, il a réussi son pari, après des primaires plus clivantes que jamais, de se faire investir dans une quasi-unité. "Pour mettre les républicains en ordre de bataille, Trump dispose d'un argument hors-pair: Hillary Clinton, brandie comme un repoussoir ultime, figure diabolique qui doit mettre tout le monde d'accord".
Même analyse dans l'édito du Figaro pour qui "Trump promet l'ordre à l'Amérique". Dans le genre pari pas gagné d'avance mais bel et bien réussi, le milliardaire fantasque et démago a réussi à faire accepter l'idée qu'il sera "le porte-parole, le combattant du peuple américain".
Pas très populo, pourtant, l'aspirante first-lady, Mélania Trump telle que nous la portraitise Vanity Fair dans son numéro du mois d'août.
On n'est pas à un paradoxe près : la femme du candidat anti-immigration est née en Slovénie, ou plutôt dans ce qui s'appelait encore en 1970 la Yougoslavie, elle est ensuite venue à New-York pour y être top-model.
Et la journaliste Lauren Collins s'amuse de la situation : "Si Trump s'inquiête autant qu'il le dit... de tous ces gens qui viennent de partout et qui sont des meurtriers et des violeurs qui envahissent le pays, alors... il ferait mieux d'envisager de construire un mur... autour de son slip".
Casserole
Pendant que la presse française revient sur l'investiture de Donald Trump, les quotidiens américains ont un coup d'avance: ils nous présentent le candidat à la vice-présidence d'Hillary Clinton.
Timothy Kaine a été investi la nuit dernière par le camp démocrate : Dans le New York Times, on apprend de lui qu'il a 58 ans, c'est un ancien sénateur de l'Etat de Virginie, il a de bonnes joues et un sourire qui lui fait des yeux malicieux. Et les démocrates louent sa grande expérience et son sens du dévouement à la cause publique.
Mais Timothy Kaine a aussi quelques casseroles, dans son sillage:
C'est le Washington Post qui a exhumé le dossier : ça remonte à 2005, la campagne pour le poste de gouverneur de Virginie où Kaine avait rencontré l'homme d'affaire James Murray qui lui avait confessé que le rythme de la campagne était exténuant et le milliardaire lui avait proposé, pour se remettre de ses émotions, de lui confier les clés, tous frais compris, de sa luxueuse villa sur l'île Moustique, en Mer des Caraïbes.
Le sénateur Kaine ne s'était pas fait prier. Mais comme la loi l'exige, il avait inscrit le montant de ce petit cadeau, 18 000 dollars, dans le relevé des dons reçus pendant sa campagne.
Les républicains ne vont pas se priver d'exploiter l'affaire dans les jours qui viennent.
Un homme politique à peine élu, qui part se détendre aux frais d'un grand patron : impossible en France, évidemment.
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