La revue de presse de Pascal Dervieux du samedi 13 août

France Inter
Publicité

Les journaux cèdent ce matin avec un bel ensemble à la RINER MANIA …

Il est rare qu’un sportif monopolise à ce point la Une de la presse.

Les journaux cèdent ce matin avec un bel ensemble à la RINER MANIA …

Publicité

Il prend toute la place, Teddy Riner, sacré champion olympique de judo pour la 2e fois consécutive, hier à Rio.

Alors son impressionnante carrure et son sourire irrésistible occupent la Une de pratiquement tous les journaux, avec des titres plus encenseurs les uns que les autres :

La Montagne à Clermont Ferrand ou les Dernières Nouvelles d’Alsace à Strasbourg saluent, tout simplement « le plus grand. »

La Dépêche du Midi ajoute un peu de lyrisme pour s’incliner façon judo devant Magic Teddy pendant que la Voix du Nord immortalise le champion : "Teddy Riner pour l’éternité."

L’Equipe, elle, ne pouvait faire moins : le quotidien du sport consacre 5 pages entières à un champion qui est aussi un garçon bien, visiblement.

En tout cas si l’on en croit le témoignage de Cyril Maret, son copain de l’Equipe de France de judo, qui partage sa chambre au village olympique.

« FABULEUX » titre donc l_’ Equipe_ qui élargit l’éloge aux autres médailles d’or françaises du jour :

Celle d’Emilie Andeol. L’Equipe qualifie la judokate d’impériale.

Et celle du duo Jérémie Azou - Pierre Houin en aviron.

Chacun revendique son champion d’ailleurs dans la presse régionale :

L’Est républicain nous apprend que Pierre Houin, médaille d’or d’aviron, originaire de Toul, rapporte en Meurthe-et-Moselle une médaille olympique que le département attendait depuis… 32 ans.

Quant à Sud-Ouest, sous le titre « Une France en Or », se fait un plaisir de rappeler que la judokate Emilie Andeol est une girondine.

L’édition weekend du Monde s’intéresse, elle, au « Business » Riner.

Le journal nous apprend qu’un titre olympique rapporte directement au champion une prime de 50 000 Euros.

Pour tout autre judoka français, ce serait une fortune…

Pas pour Riner : le journal, citant une estimation faite par l’Equipe, nous apprend que les revenus cumulés du judoka étaient estimés l’an passé à 3 millions d’Euros.

Une grosse partie grâce aux contrats publicitaires.

Mais pas seulement.

Le Monde nous rappelle que le champion est aussi payé, et bien payé, par son club actuel : le Levallois Sporting Club : 24 000 Euros bruts par mois en 2013.

Patrick Balkany, maire de la ville, sait récompenser les talents à leur juste mesure, comme chacun sait.

Les Jeux Olympiques et la gloire. Les Jeux Olympiques et l’argent… Et puis, il y a aussi les Jeux Olympiques et la politique.

Le magazine Humanité Dimanche retrace dans un numéro spécial ces jeux de la honte qui se déroulèrent à Berlin sous les oriflammes nazis en 1936.

Un athlète noir américain Jesse Owens avait un peu gâché la fête du Führer, en remportant les titres au saut en longueur et au sprint.

L’Humanité Dimanche nous rappelle en passant les nombreuses compromissions auxquelles s’est livré le comité international olympique avec les dictatures : Mussolini d’abord, Hitler ensuite, sans oublier Franco, dont Juan Antonio Samaranch, président du CIO pendant deux décennies avait été le ministre des sports et demeurait le fidèle admirateur.

JO et Politique encore:

Alain Dussart, dans l’Est Républicain nous rappelle ce matin que la discrimination - bannie en principe par la charte olympique - parvient à s’immiscer régulièrement dans ce grand rendez-vous sportif.

Ce fut encore le cas à Rio hier, lorsqu’on a vu un judoka égyptien refuser de serrer la main de son adversaire israélien qui venait de le battre.

Mais Alain Dussart rappelle aussitôt que l’on a vu aussi , le même jour, une gymnaste sud-coréenne se faire prendre en photo toute souriante avec une gymnaste nord-coréenne.

Ne désespérons de rien, pas même des J.O.

C’est aussi à un champion, dans son genre, que s’intéresse ce matin la presse nationale : Fidel Castro.

Un champion de la longévité.

Longévité politique tout d’abord : un demi-siècle à la tête de Cuba.

Champion de la longévité tout court aussi puisque c’est aujourd’hui son 90e anniversaire.

Bon pied, et mauvais œil, titre Libération ce matin.

François Xavier Gomez relève un discours de plus en plus creux du régime castriste face aux réalités du pays.

Le Figaro rappelle d’ailleurs ce paradoxe, qui s’applique aux hommes politiques qui ont quitté le pouvoir plus souvent qu’à ceux qui continuent de l’assumer : Fidel Castro jouit aujourd’hui d’une popularité qui ferait presque oublier son passé.

Du passé ne faisons surtout pas table rase…

L’édition du Monde du weekend nous invite au contraire à un exercice de mémoire.

Le Monde poursuit une série baptisée « temps retrouvé »…

Et cette semaine, cette page temps retrouvé est consacrée au Front Populaire.

En cet été 36, les salariés du privé profitent de leurs premiers congés payés.

Le Monde retrace cette page de notre histoire à travers une photo qui figure dans le livre de Didier Daeninck « un parfum de bonheur » consacré au Front Populaire.

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais l’été est souvent l’occasion pour la presse d’étaler un peu de nostalgie dans ses colonnes.

Paris-Match par exemple cette semaine se penche sur les mérites des années 80…

Une époque, écrit le chroniqueur et cinéaste Yann Moix, où la France n’était pas encore ce cloaque où chacun se demande qui est juif, qui est arabe, qui est français ou qui ne l’est pas…

Cette mode du retour en arrière, à laquelle France Inter n’échappe pas dans sa grille d’été, avec l’excellente émission de Michka Assayas « Very Good trip » interpelle Jean-Claude Guillebaud dans son billet du supplément média de l’Obs.

Ne doit-on pas s’alarmer de voir notre époque faire de la nostalgie une valeur avérée, interroge mon confrère…

Il n’est jamais bon signe de vivre à reculons.

Et il analyse :

Sans nous en rendre compte nous avons pris l’habitude de chercher notre bonheur non plus devant, mais derrière.

Quand on préfère le regret au projet, conclut Guillebaud, les Occidentaux que nous sommes redeviennent des hommes du couchant, le passé se substituant à l’avenir comme l’ultime ambition.

L'équipe