Georges Soros admoneste le géant Black Rock, qui investit en Chine et minerait les démocraties, les Echos.

France Inter
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Finkielkraut pleure la littérature qui n'éduque plus les âmes: les idéologies triomphent, le Figaro. Badinter s'en prend aux féministes qui auraient persécuté Hugo, Télérama. L'esclavage fut le compagnon de la modernité, Libération, les petits chinois sont éduqués à la pensée Xi Jinping, le Point.

On parle d'un prophète...  

Qui a fait un long chemin avant de prophétiser, devenu milliardaire dans la spéculation, ayant inventé les hedge funds les fonds spéculatifs... Mais du haut de ses milliards Georges Soros a muté en combattant de la démocratie - détesté par et détestant les régimes ilibéraux, les dictatures...   Et dans les Echos ce matin le revoici Soros nonagénaire qui admoneste une firme rivale, Black Rock, premier gérant d'actifs boursiers au monde, qui pèse 9000 milliards de dollars, et que Soros accuse de porter atteinte à la démocratie en investissant en Chine... Car Black Rock, c'est une première, a lancé en aout des produits financiers à destination des consommateurs chinois, et encourage ses clients occidentaux à doubler, tripler leurs investissements dans l'Empire qui lui ouvre les bras...  "Erreur tragique" a écrit Soros dans une tribune publiée par le Wall Street Journal, les clients de Black Rock vont y perdre des sous, mais surtout, investir en Chine "va porter atteinte à la sécurité nationale des Etats-Unis et des autres démocraties".

Le prophète sera-t-il entendu? Black Rock a fait savoir hier, c'est dans le Financial Times, que ses produit chinois ont déjà levé un milliard de dollars...   

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Cette histoire nous vient quand les Echos et le Figaro racontent une crise financière qui menace la Chine où le géant de l'immobilier Evergrande croule sous les dettes, menace de faire défaut et son effondrement entrainerait les marchés chinois -est elle une bonne affaire la Chine? Elle nous vient surtout le site du Point, nous décrit et décrypte ce que le régime chinois fait aux enfants, qui dans leurs écoles sont éduqués à la pensée Xi Jinping... Un nationalisme imprégné de morale, exaltant la volonté et tutoyant aussi bien le communisme que les fascismes d'antan, qui place le leader omniscient au cœur de la patrie assiégée et qui subordonne tout à un impératif, la sécurité nationale, qui se confond avec la sécurité du régime... « Protéger la sécurité nationale est le devoir de tout citoyen », instruisent les manuels de primaire.   

Est ce une raison pour ne plus commercer? L'économie la croissance la civilisation même ne sont pas des histoires morales, et dans Libération l'historien, Paulin Ismard, qui dirige un livre collectif, "les mondes de l'esclavage", raconte comment depuis l'Antiquité, la servitude a accompagné la construction de la modernité... L'esclavage dessina les routes commerciales, une mondialisation, et les plantations esclavagistes furent un lieu d'expérimentation de techniques de managements. Sur le site de l'Obs, une autre historienne, Cécile Vidal, décrit l'universalité de l'esclavage, qui s'est poursuivi sous forme de travail forcé après les abolitions et qui aura suscité historiquement peu de réprobation -on se disputait jadis sur le fait de savoir qui pouvait être réduit en esclavage, le principe en lui-même fut tardivement contesté.  

 On parle aussi de pénurie ce matin...  

Qui est la première de deux peurs françaises dans nos journaux, qui nous montrent traversés d'inquiétudes matérielles et de doute spirituels...  Concrètement, les pénuries dominent, les matières premières manquent à l'appel et ces manques freinent la reprise, la Dépêche, le Berry Républicain le Maine Libre en font des Unes, les composants électroniques font défaut à l'automobile et le bois manque au BTP dans la Sarthe, en Midi Pyrénées, et l'on décrit les économies prédatrices l'Amérique la Chine qui se servent en premier, est-on étonné, mais la Chine si puissante elle aussi ne parvient plus à produire assez, à exporter vers nous, et nos magasins de jouets attendent les joujoux chinois, nous disent les Echos...   

Dans le Figaro nous attend un prophète familier qui lui aussi dit un manque, une disparition mais ce que regrette et déplore Alain Finkielkraut ne se quantifie pas, c'est la littérature qui manque à Finkielkraut, elle n'a pas disparu, il nous reste de beaux livres, mais ces livres, ce qu'ils portent, l'art d'écrire ne participent plus de notre vision du monde, "la littérature a cessé d'éduquer les sensibilités et de façonner les âmes", elle était l'individu la complexité la nuance, l'"exploration inlassable de la pluralité humaine", l'adversaire des concepts de l'idéologie de l'ordre moral, mais l'idéologie triomphe, et Finkielkraut dans son nouveau livre, "l'après-littérature", et dans le Figaro conquis, porte la posture du vaincu, splendide de constance, chérissant des mots, citant Proust et citant Péguy qui défendait Homère jadis contre des censures, et au nom de ses trésors de mots, poursuit, sans surprise ni nuance, sa guerre contre ses ennemis idéologiques, progressistes, néo féministes, nouveaux antiracistes, qui seraient, dans leurs passions du bien, les fossoyeurs des livres...   

Finkielkraut dans ce combat est rejoint par Rober Badinter, qui parle dans Télérama de ses combats, de ses archives,  et au détour de son texte dit son amour de Victor Hugo et ajoute, "Aujourd'hui Hugo serait sans doute voué aux gémonies par les ultra féministes pour avoir été toute sa vie un amateur passionné de jolies femmes!" Cette sortie nous dit quels tourments ont déchiré ce qu'on appelait autrefois le progressisme, Télérama a choisi cette phrase comme titre de l'entretien...   

Il y a deux jours, le site de Radio Canada (son accès est gratuit) révélait que dans des écoles de l'Ontario on avait détruit, brulé parfois et enterré quelques 5000 livres, qui étaient jugés offensants pour les indiens du pays, les premières nations, parmi les livres brûlés il y a "Tintin en Amérique"... Les cendres des livres ont servi à planter des arbres, pur que des méchants mots fassent naitre une belle nature, je ne vois pas dans cette histoire de quoi guérir Finkielkraut de sa douleur...  

 Mais on parle aussi d'une librairie...  

Qui réconcilie les mots et la nature et l'obstination à lire... Elle est sur le site du Monde, superbe histoire, un kiosque à journaux que fait vivre à Manaus, au cœur de l'Amazonie, L'épatant Joaquim Melo, surnommé le libraire de la forêt, qui a appris l'envoutement des mots en lisant l'écrivain du peuple de Bahia Jorge Amado, et qui a créé la plus grande bibliothèque du monde consacrée à l'Amazonie menacée, il protège la nature et chez lui, ans l'air conditionné, protège ses précieux livres de la chaleur et de l'humidité...   

Dans Ouest-France nous attend un homme d'affaire, un entrepreneur à succès qui savait compter mais ne savait pas lire, tant Claude Jean en son enfance était pauvre, anémié au point de quitter l'école sans rien avoir appris... Il est sorti de l'illettrisme à 50 ans, en déchiffrant seul un livre sur Napoléon, il a 72 ans, il dit la hargne, les humiliations, nous lisons le respect.  

Dans le Canard enchainé l'Alsace et les DNA nous apprenons qu'un jeune homme d'aujourd'hui, un apprenti de 26 ans domicilié à Rouffach, s'étant fourni sur E Bay et formé sur internet, avait fabriqué des engins explosifs radio actifs, dont il comptait se servir contre des bâtiments publics, il a été arrêté en aout, il s'intéressait au Klu klux klan et aux croix gammées, il parlait beaucoup de ses activités mais ses copains étaient partagés entre le rire et l'inquiétude, restons inquiets.

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