Ce matin Mediapart nous emmène sur les traces des "Enfants disparus de Roissy"
Illustré par une photo de l'aéroport vu du ciel, entre les nuages, l'article nous fait traverser l'écran de fumée derrière lequel de nombreux mineurs vietnamiens "s'évaporent". "Le scénario semble toujours le même" écrit Mediapart. Un enfant atterrit à Roissy avec ses papiers, accompagné d’un adulte. Passé la douane il est abandonné sans son passeport. Quand la police aux frontières le remarque finalement errant dans l'aéroport : il réclame l’asile politique. "Si la justice l’autorise à entrer sur le territoire", c'est un éducateur de l’Aide Sociale à l’Enfance, l'ASE, service départemental, qui doit venir s'en occuper. Sauf qu'à Roissy, explique Mediapart : "personne ne semble venir récupérer ces enfants."
"C’est effectivement à nous d’aller les chercher, mais nous n’y allons pas", confirme un employé anonyme de l’ASE. "La police nous appelle, raconte cette source_, mais comme nous n’avons plus de standardiste, il n’y a personne pour décrocher.” _Service défaillant, débordés par le nombre de dossiers et en manque d'effectifs. Les enfants sont déposés à l'hôtel directement par la police. Le lendemain ils disparaissent. Récupérés par des réseaux criminels, qui ont organisé leur voyage depuis le Vietnam, ils sont réduits en esclavage et forcés à travailler, ou à se prostituer. Selon l'enquête publiée par Mediapart le problème est européen, des cas similaires sont signalés en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas.
La presse parle aussi beaucoup de nos aînés et de leur santé
"Les personnes âgées ont-elles été écartées de l’hôpital faute de place ?" pendant l'épidémie de coronavirus. Oui, répond Le Monde. Le quotidien publie des chiffres encore provisoires de la direction générale de l’offre de soins, et les mets en perspective sous forme de graphiques éloquents. Début mars, on compte encore un quart de patients de plus de 75 ans dans les services de réanimation français, c'est la moyenne en période normale ces dernières années.
Mais la semaine du 30 mars au 5 avril dernier, au pic de l'épidémie, ces personnes âgées ne représentent plus que 14 % des malades admis dans ces unités. En Ile-de-France, cette part s'effondre même à 6 % cette semaine-là. Le Monde cite la conclusion qu'en tire Éric Ciotti, député LR et rapporteur de la commission d’enquête sur le Covid à l’Assemblée nationale : « Notre système de santé, contrairement à ce qui a été dit, a été débordé ».
Mais qu'en disent les professionnels de santé ? Devant la commission parlementaire, Marc Léone, le secrétaire général adjoint de la société française d’anesthésie et de réanimation reconnait des_ « blocages », _dans des hôpitaux franciliens débordés. Mais il jure qu’aucune « consigne » ne circulait concernant le refus de patients âgés. Aurélien Rousseau, directeur de l’agence régionale de santé d’Ile-de-France, évoque une autre piste pour interpréter ces chiffres : l'annulation de toutes les opérations de chirurgie non-urgentes, dès mars.
Les récits sont différents du côté des résidences pour personnes âgées dépendantes. Le Monde rapporte celui de Nathalie Maubourguet - de la Fédération française des associations de médecins coordonnateurs en Ehpad. « Certains ont assisté aux décès de personnes âgées qui n’avaient pas pu être transférées » aux urgences raconte-t-elle. Des médecins « se sont entendu dire qu’au-delà de 68 ans, on ne pouvait plus prendre personne » dans des hôpitaux « submergés ».
Le Monde se préoccupe aussi de la reprise des contaminations dans les Ephad
Même si les chiffres restent faibles et sont incomparables avec ceux de mars et d'avril. Ici et là on remet en place des mesures strictes sur les visites, et on glisse vers le reconfinement. Comme depuis samedi dernier à l’Ehpad La Riviera à Mougins, dans les Alpes-Maritimes. Là où quarante résidents sur 109 sont décédés au printemps. Une dame âgée - déjà malade en mars - a été à nouveau infectée. Nice Matin, rassurant, nous apprend que tout le monde a été testé, et que les résultats sont tous négatifs. Cet Ephad est géré par le groupe Korian, précise le Monde, "dont plus de 600 des 23 000 résidents en France ont été victimes" du coronavirus, donnant lieu à "de nombreuses plaintes de familles."
En plus de la maladie, une courte canicule s'annonce
Ouest France titre : "Ephad affronter Covid et chaleur.” Le Reportage de Maïté Charles dans un établissement de Laval en Mayenne, débute par une scène banale d'une fin juillet. Une infirmière s'adresse à une résidente : "Vous voulez boire un petit verre d'eau Madame ? Il fait chaud ça va vous faire du bien". C'était à l'heure de la sieste hier, il faisait 26 degrés. Aujourd'hui et demain la température va monter jusqu'à 35 degrés à Laval. En raison de l'épidémie de coronavirus, le dispositif pour les périodes de fortes chaleurs doit changer explique Ouest France. Le circuit de la climatisation a été repensé pour ne pas brasser l'air à l'intérieur. Les brumisateurs sont proscrits. Les ventilateurs individuels autorisés uniquement quand le résident est seul dans sa chambre.
Nos journaux consacrent donc toujours une large part de leurs colonnes au coronavirus. L'Humanité revient sur l'obtention difficile du statut de maladie professionnelle pour les travailleurs atteint par le coronavirus. Dans le journal Sabrina Boumaza témoigne. Déléguée CGT au supermarché carrefour de Stains, dans le 93, elle a passé une semaine sous respirateur. Elle liste les séquelles qu'elle en conserve : "Je suis sous Ventoline alors que je n'en n'avais jamais eu besoin avant. Mes reins sont touchés. J'ai des problèmes de peau. Des pertes de mémoire. Et beaucoup de mal à dormir car j'ai peur de ne plus me réveiller." Elle a immédiatement déposé un dossier auprès de l'assurance maladie mais n'a pas encore reçu la moindre réponse. Sabrina s'apprête à devoir se battre pour faire valoir ses droits.
Mais un autre sujet occupe nos journaux : la route
"La route maudite" pour L'Ardennais, la RN2 dans l'Aisne, là ou quatre enfants sont morts mardi dans un accident, "L'accident de trop" pour L'Union. Le Parisien fait sa Une sur cet "Été meurtrier sur les routes". En photo la carcasse de la voiture accidentée sur la RN2, Calcinée, complètement détruite, prend à la gorge. Nous connaissons une "série noire d'accidents mortels impliquant des enfants" écrit le quotidien. "Elle s'appelait Maryam, n'avait que 8 ans. Il s'appelait Youcef et en avait douze. Sofia ne soufflera jamais sa sixième bougie." Le journaliste Frédéric Mouchon énumère les décès et tente de comprendre pourquoi depuis la fin du confinement les comportements à risque se multiplient au volant.
Sur les lieux de l'accident de la N2 Le Parisien interroge les habitants ayant tenté de sauver la famille de son véhicule en flammes. Ils témoignent en pleurs. Leurs récits sont difficilement soutenables. Mais peut-être nécessaires, pour marquer nos consciences de conducteurs.
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