Au soir de sa vie, François Mitterrand aima et fut aimé d’une femme de 50 ans plus jeune que lui, le Monde

France Inter
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 Alain Finkielkraut le mécontemporain et Alice Coffin la féministe sont passés dans l’Obs de la guerre à la conversation. Dans Libération un vieil avocat se se souvient de son ami qu’il avait sauvé de la guillotine, mais qui ne parvint pas à vivre sa liberté retrouvée.

On parle d'une jeune femme...

Que son amoureux néglige croit-elle, sait-elle, elle l'importune papillonne lui vole des baisers lui fait des scènes 

« Quittez-moi !" lui dit-elle. 

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« Pourquoi moi », répond il. 

« Parce que j’en suis incapable, moi. Il faut qu’on arrête. C’est trop difficile. »

« C’est bien d’avoir tenté l’impossible », répond alors François Mitterrand à Claire qui l'aime et qui est son dernier secret; le Monde le dévoile sur son site dans les bonnes feuilles d'un livre signé d'une grande journaliste Solenn de Royer, et que que l'on devine pudique et malaisant. De 1988 jusqu'à sa mort en 1996, François Mitterrand aima une jeune fille de 50 ans plus jeune que lui, Claire que chaque jour pendant huit ans,  il réveilla, elle a gardé les messages qu'il laissait sur son répondeur téléphonique -les cassettes chuintent d'une voix d'autrefois... Claire que Mitterrand compartimentait et puis moquait un peu, il la surnommait la « gare de Perpignan de Dali », puisqu'elle croyait être le centre de son monde, il lui disait « Tu es obsédée par ce que je ressens pour toi… »... Claire à qui  son amoureux si vieux malade, disait la peur d'un accident et puis ceci: "S'il m'arrive quelque chose ne reste pas, tu fileras par cette porte, je ne veux pas qu'on t'accuse"...

J'ai pensé lisant ceci que Mitterrand avait peur aussi que son nom devienne une moquerie salace, comme celui de Félix Faure, président de la IIIe République mort dans les bras de son amante... Je me trompe peut-être. Mitterrand avait fait connaître à Claire les lettres de Clemenceau à son dernier amour, Marguerite, tellement plus jeune elle aussi.  « Je vous aiderai à vivre et vous m’aiderez à mourir. » 

Vous lirez dans l'Obs, les mots d'un homme déjà vieux, ils pourraient illustrer l'étrange amour de la jeune Claire 

"Il y a de l'implicite, du non-dit, du clair-obscur dans toutes les relations, l'amour est une emprise, une aliénation positive, qui nous révèle à notre corps et à notre coeur défendant que la liberté n'est pas la valeur ultime." 

Ces mots sont d'Alain Finkielkraut, dans un long dialogue, tendu avec une femme plus jeune que lui, Alice Coffin, essayiste et militante féministe, dont le livre "Le génie lesbien" fut pour Finkielkraut une souffrance, et dont les thèses le font trembler. "Je suis mort de trouille" dit l'académicien qu'Alice Coffin trouve gentil, mais elle ne comprend pas, pourquoi sur le féminisme son propos devient faible... 

La rencontre pourrait être une juxtaposition de certitudes inaliénables l'une à l'autre, elle  vaut bien plus que cela, et chacun y gagne, Finkielkraut se révèle émouvant comme celui qui défend un temps qui glisse face à la jeunesse... Coffin se montre solide, au-delà du slogan sur les structures d’une société inventée par les hommes, et puis cultivée: "La littérature n'est pas vôtre" dit-elle à Finkielkraut, et elle aussi aime l'amour, elle a lu les livres auxquels ils se réfère, mais lui connait-il la littérature féministe qui vient, qui est... On se dispute Virginia Wolf, on s’écoute, et la guerre, espère Finkielkraut, peut céder la place à la conversation, et ce n'est pas rien en nos temps de folie. 

A la Une du Berry Républicain, à propos de la vaccination des ados contre le covid, vous verrez une photo bouleversante. Contre l'épaule ronde et fraiche d'un jeune homme, les mains d'un vieux médecin, fripées, ridées tavelées presque, tiennent l'aiguille du vaccin, et c'est comme un don. 

On parle aussi d'une amitié...

Qui nous vient de jadis dans Libération, lequel Libé comme le Point  accueille Robert Badinter pour qu'il nous redise son grand combat, il y a juste 40 ans, un vote du Sénat nous libérait de la peine de mort... Le Garde des sceaux Badinter, je lis cela dans le Télégramme, avait écrit son discours contre la peine capitale dans la paix d'un été breton à Doëlan dans la maison que lui avaient prêtée les écrivains Benoite Groult et Paul Guimard...   

Mais plus que Badinter, c'est un autre avocat, chenu, qui vous accrochera dans Libération... Il se nomme Alain Fraitag, en 1972 il avait, trentenaire ému, défendu un homme devenu meurtrier dans l'Aisne, dans une bagarre de bar ayant mal tourné... Maurice Hincellin, dit «Titisse», avec lequel la vie n'avait pas été douce, son père résistant fusillé en 1944, il avait grandi comme un champignon, un psychiatre avait dit qu'il était comme une mayonnaise ayant mal tourné, et dont un journaliste écrivait: «Si c’était un chien enragé, on l’abattrait." 

Fraitag avait plaidé et sauvé la vie de Titisse qui de sa prison pendant dix-huit ans, et au-delà lui avait écrit.  «A toi l’homme d’un monde qui m’est interdit.»  Alain répondait, ils parlaient de leurs enfances et de leurs amours d'antan... Titisse sorti de prison, il épousa Claudine, ils eurent trois enfants, mais comment trouver du travail, comment vivre hanté, comment ne pas boire? En 2014, Titisse se suicida. Son ami bien après écrit un livre sur lui...

Vous lirez dans la Dépêche, qu'un groupe complotiste, One nation, veut s'installer dans une sublime demeure d'un sublime village du Quercy, Sénaillac-Lauzès, les villageois ont les jambes coupées et peur pour leurs enfants. 

Vous lirez dans la Montagne, que l'association UFC Que choisir embête des producteurs de Cantal et Saint-Nectaire qui ne respecteraient pas les cahiers des charges de l'AOP. On surveille, ce sont nos peurs d'aujourd'hui. 

Et on parle aussi d'avenir...

Et l'Indépendant, s'arrache à la ferveur qui monte autour des Dragons catalans, fierté du rugby à XIII,  qui ce soir (sans complexe nous dit l'Equipe) vont chercher une place en finale de la super ligue, pour nous dire qu'à Carcassonne l'Ecole nationale d'aviation civile forme de jeunes pilotes à bord d'avions électrique dont le moteur fait un bruit de ventilateur. On y est. 

Le Figaro nous dit qu'en Scandinavie, on construit des gratte-ciels en bois, et qu'en Italie, la légendaire piste d'essais automobiles aménagée au sommet de la quasi-centenaire usine Fiat de Lingotto, a été transformée en un jardin suspendu verdoyant et la famille Agnelli n'est pas peu fière. 

Vous lirez dans la Vie un dossier splendide et fort sur nos forêts qu'il faut sauver, et serez touchés par l'infinie pitié d'une statue de Saint-Marc qui veillait sur la forêt du Vieux Dun dans le Morvan, dévastée par la maladie et une coupe rase... Seront nous sauvés? 

Je lis dans la Provence que les sols pollués peuvent être lavés par des champignons qui absorbent les métaux lourds, fertilisés par des petits pois qui fixent l'azote, et puis régénérés par des fourmis qui le labourent, ce sont d'antiques sciences retrouvées, théorisées par des chercheurs du CNRS: le passé nous sauvera, j'entends Finkielkraut sourire, cela lui va bien.  

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