Le Progrès et des timbres honorent la N7. Le Dauphiné a vu un herbier de Jean-Jacques Rousseau! Le Monde raconte la survie d'un escargot polynésien qui échappe au soleil à son prédateur.
On parle de sainteté!
La sainteté possible qu'un homme politique recevrait de l'Eglise. C'est rare, depuis Saint-Louis, et c'est dans la Croix, qui accompagne Robert Schuman sur son chemin vers la béatification, on avance car samedi le Pape François par décret a fait de Robert Schuman un "vénérable" et proclamé « l'héroïcité des vertus » de cet homme qui fut président du Conseil (on dit aujourd'hui premier ministre) et ministre des Affaires étrangères entre 1948 et 1952, qui nous réconcilia avec l’Allemagne et entrepris de construire l’Europe... Est-ce que cette réconciliation sera actée comme un miracle, car il faut un miracle dans la vie d'un être pour que de vénérable, il devienne bienheureux et saint. Mais on peut lire d'ores et déjà le souvenir d'un homme d'un autre temps, qui était né allemand et qui devint français après la première guerre mondiale, député de Moselle dans l'entre-deux guerre, votant les pleins pouvoirs à Pétain et le regrettant aussitôt, arrêté par la gestapo, évadé résistant et après-guerre couronnant son parcours en inventant l’Europe... Schumann était profondément catholique et chaque jour lis-je se demandait ce que l'évangile l'engageait à faire, mais c'est dans le monde laïque qu'il agit, réalisant sa vocation d'homme et de chrétien pour le bien commun, l'action politique aurait été pour lui « le sommet de l'action de la charité »...
Je vous laisse poursuivre l'exégèse, mais cet éloge d'un homme de la politique impressionne, quand la politique dans des scrutins boudés et des journaux caustiques subit un revers cinglant, quand en Moselle, la terre de Schumann, l'abstention a a atteint 73%, « une marée basse démocratique » dit le Républicain lorrain, « l'abstention écrase tout » titre en une l'Yonne républicaine, « les français décrochent » dit Libération, l'éditorialiste de la dépêche Jean-Claude Soulery parle d'une grève historique des urnes, et d'une démocratie en peau de chagrin, le Figaro dans l'éditorial de son directeur Alexis Brezet proclame une « sécession démocratique » et affirme que la colère est telle qu'elle n'épargne même plus le Rassemblement national, "tous les pouvoirs, tous les partis, sont accusés pêle-mêle d'impuissance et d'indifférence au malheur des français »... Mais à l'opposé de ce discours crépusculaire, l'éditorialiste de la voix du Nord Patrick Jankielewicz nous regarde avec tendresse, comme un pays non pas en colère mais « engourdi », « pas si révolté que ça », mais hier des français étaient « à la pêche, à la plage, en famille pour célébrer les papas, autour d’un barbecue avec des amis », et ont donné procuration à ceux qui votaient pour les représenter, et ce consentement serait « le vrai visage de la France »... Dans Sud-Ouest l'éditorialiste Jean-Pierre Dorian affirme que la prime aux sortants montrerait l'attachement des français à la proximité et à la décentralisation, dans le même Sud-Ouest, Ludovic Renard de sciences-po Bordeaux dit que la crise sanitaire a éloigné les français du vote parce que la Covid a installé l'idée que seule la gestion compte, amener les masques, les lits dans les hôpitaux, et les débats d'idées semblent vains... En Corse où l'idéologie n'est pas morte, pratiquement deux électeurs sur trois ont voté nationaliste, dit Corse Matin, on se distingue du reste de la France puisque l'abstention n'est que de 42,92%...
Et on parle aussi de chaleur...
Celle qui envahit les crèches d’Angoulême nous dit la Charente libre, qui la semaine dernières semblaient parfois des saunas où la température dépassait les trente degrés, elles ne sont pas climatisées les crèches angoumoisines, ce n'est pas prévu, il n'y a pas assez d'épisodes caniculaires en France pour qu'on s'en préoccupe, et la règlementation anti-covid, interdit encore que l'on lance les ventilateurs... Et voilà un sujet platement concret quotidien, la politique peut-elle y répondre?
La vie quotidienne se déroule dans la presse... Nice-Matin et l'Equipe racontent comment nos joueuses de rugby à VII se sont qualifiées pour les Jeux olympiques mais pas nos garçons, l'Equipe encore et la Montagne célèbrent les joueuses de rugby à XV de Romagnat, championnes de France; l'indépendant dit les rugbymen à XIII de Lézignan, champions eux aussi...
On nous raconte dans le Progrès qu'une série de timbres est mise en vente aujourd'hui, qui célèbrent la nationale 7, leur auteur le dessinateur de BD Thierry Dubois est dingue de cette nationale qu'il parcourt dans de vieilles voitures, une 404, une 2CV, une Ami 6... Un de ses timbres rend hommage à un col, le pin Bouchain, célèbre parce que Napoléon y passa, y mangea une omelette, et la trouva chère, et demanda, « les œufs sont rares ici », et on lui aurait répondu... « Les œufs non sire, mais les empereurs oui ! » Nous aimons à nous souvenir de nous comme d'un peuple insolent...
On parle enfin d'un philosophe...
Qui aimait la marche et la nature et c'est une émotion rare que nous dit le Dauphiné, celle d'un jardinier qui en restaurant les herbiers du jardin botanique de Lyon, a découvert l'écriture de Jean-Jacques Rousseau, elle est reconnaissable, qui avait ramassé une festuca ovina (petite herbe à graines étoilées) mais n’était pas sûr de sa nomenclature et avait pris conseil auprès d'un ami botaniste, Claret de la Tourette, un point d'interrogation dit les échanges de deux hommes sur une herbe il y a trois siècles de nous...
Le Monde lui nous raconte l'émotion de savants qui ont percé le mystère de la survie d'un escargot, le Partula Hyalina, une des rares espèces à ne pas avoir été éradiquées par un autre escargot, américain, le loup rosé, maladroitement introduit dans les iles du vent à Tahiti en 1974... Et bien, notre Partula Hyalina a échappé au prédateur en allant au soleil, car sa coquille blanche le préserve des rayons lumineux qui assèchent autrement les gastéropodes, le loup rosé n'a pas osé s'aventurer après lui...
Excuses... Avoir justement expliqué à l'antenne que Robert Schuman était mosellan, tout en le naturalisant alsacien, est une aberration et un lapsus que je veux croire soufflé par l'histoire commune de ces provinces perdues, le Reichsland de l'Empire allemand où Schuman grandit. Pardon à sa mémoire, et à tous. C.A.
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