Vingt bébés issus de GPA pour des couples étrangers dorment dans un bunker à Kiev, le Figaro

Les petits sont surveillés par des sages-femmes au quotidien, elles aussi présentes dans ce bunker
Les petits sont surveillés par des sages-femmes au quotidien, elles aussi présentes dans ce bunker ©Getty - MARCUS YAM / LOS ANGELES TIMES
Les petits sont surveillés par des sages-femmes au quotidien, elles aussi présentes dans ce bunker ©Getty - MARCUS YAM / LOS ANGELES TIMES
Les petits sont surveillés par des sages-femmes au quotidien, elles aussi présentes dans ce bunker ©Getty - MARCUS YAM / LOS ANGELES TIMES
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Le Monde décrit la langue de Poutine comme celle des voyous, Libération brosse les portraits parallèles de Zelensky et Schwarzenegger. Une femme née "polymalformée" raconte au Maine libre comment par trente opérations et un livre, elle est devant nous, forte comme elle est devenue.

On parle de bébés…

Vingt bébés qui n'ont jamais vu la lumière du jour et qui dorment dans un sous-sol de Kiev, sous une télévision allumée sur un discours du Président Zelenski, incroyable photo, dans le Figaro, pour un incroyable reportage, ces bébés sont veillés par six puéricultrices qui leur ont inventé des prénoms, Remma ou Anton, Yvan, Yachka, afin de leur parler quand elles les câlinent mais ce sont des noms provisoires dans une existence en sursis à peine entamée : juridiquement, ces bébés n'ont pas d'état-civil - leurs parents ne peuvent pas venir les reconnaitre et les récupérer, dans ce pays fermé par la guerre…

Ces bébés sont le fruit d'une exception ukrainienne : la gestation pour autrui pour des couples étrangers. Les mères porteuses y gagnent 13 500 euros par grossesse, des entreprises organisent cette industrie des ventres, mais quand la guerre est venue, le centre de reproduction humaine Bio Tech Com a rencontré une responsabilité inédite : protéger des bombardements ces enfants qu'il avait inventés… Les bébés et les puéricultrices ont été transférés dans ce bunker de 20 mètres carrés par une milice d'extrême droite, nous dit le Figaro, et un malaise nous prend devant cette autre étrangeté… Mais il se dissipe ce malaise quand on entend Ludmila, une des puéricultrices, dont le mari et les deux fils se battent contre les Russes, ils la supplient de partir à l'étranger, mais elle reste pour bercer, nourrir et protéger les enfants, et la vie est plus forte que son commerce…

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Voilà donc des bébés, des enfants dans la guerre, nous en parlions dans le journal de 8 heures… Le Figaro encore et Libération sont allés à l'hôpital pédiatrique de Zaporijia, nous dire les blessures des âmes et des corps d'enfants. Un enfant de deux ans et dix mois, Libération l'appelle Artem et le Figaro Artiom, a été touché par des éclats d'obus dans le convoi qui l'évacuait de Marioupol, il est endormi mais conscient, sa main gauche emprisonne un jouet. Le Monde, sur son site nous raconte les doudous des enfants dans les guerres et se souvient d'un fillette française assise sur sa valise et tenant sa poupée de chiffon dans notre débâcle de 40, elle est la sœur lointaine des enfant ukrainiens. Sur les réseaux sociaux a couru ce mot d'une fillette française d'aujourd'hui. “Maman, tu imagines, t’es un enfant et tu traverses ton pays sous les bombes sans doudou ?” Alors de nos pays en pays, on envoie des doudous vers les enfants de la guerre, l'Obs raconte qu'à Przemysl, en Pologne dans le chaos des réfugiés, tous les enfants ont des peluches dans les bras, on leur en distribue par dizaines.

On parle aussi de gaz…

Et c'est dans les Echos qu'on lit cette étrangeté, qui raconte notre monde de commerce que la guerre déchire… L'Ukraine que la Russie dévaste est encore chauffée au gaz russe, et son bourreau lui paye même des royalties, car les gazoducs russes traversent l'Ukraine pour venir chez nous… Et en même temps, les russes bombardent les centrales thermiques ukrainiennes, mais celles-ci résistent, à Kherson, les employés de la centrale se sont enfermés avec deux de leurs collèges tués par l'occupant pour que la population soit encore chauffée… L'homme qui raconte cela, aux Echos, se nomme Yuriy Vitrenko, il est le patron de Naftogaz, l'entreprise nationale du gaz ukrainienne, il dit que ses employés sont des héros, il dit aussi qu'il comprend que l'Europe ne puisse pas facilement se passer du gaz russe, - mais au moins les Européens, dit-il, devraient placer sur des comptes séquestres, l'argent qu'ils doivent à la Russie pour son gaz, elle ne toucherait ses sous qu'à la fin de la guerre.

Il est impressionnant, Vitrenko, et impressionnant aussi, son portrait est dans Ouest-France Olksandr Kamyshin, le patron du réseau ferroviaire ukrainien,, qui se bat pour que les trains circulent encore en dépit de la guerre, qui a installé ses bureaux provisoires dans des wagons, sans cesse en mouvement, pour échapper aux Russes qui le visent…

Dans Libération, vous lirez les portraits parallèles de deux hommes entrés en politique en jouant des codes du spectacle et en promettant d'éradiquer la corruption, Volodymyr Zelensky et Arnold Schwarzenegger, qui, sur les réseaux sociaux a soutenu l'Ukraine, ils ont aussi en partage les tragédies du monde, et ce n'est pas rien d'entendre Schwarzy, fils d'un soldat nazi autrichien, raconter son émancipation et apporter son appui à un juif ukrainien dont la famille fut décimée par les nazis…

Dans le Monde, en contrepoint, vous lisez un texte de Yves Hamant, premier traducteur de "L’Archipel du Goulag" de Soljenitsyne en 1974 ; il décrypte le langage de Vladimir Poutine qui est imprégné d'un argot mafieux qui l'assimile, lis-je au monde des malfrats… En février dernier, devant le président français Macron, Poutine avait cité une chanson pornographique pour menacer Zelensky, "Que cela te plaise ou non, à toi de l’supporter ma belle". La chanson évoque un viol.

Dans les camps que racontaient Soljenitsyne, les caïds les parrains avaient déjà la part belle, ce seraient les bandits qui auraient rééduqué les KGBistes, dont Poutine est issu.

On parle enfin d'une autre bravoure

Dans le Maine libre, celle d'une femme elle aussi née dans le malheur, mais ce n'était pas la guerre, juste la maladie. Clémence Bellanger a un visage un peu de travers, dissymétrique, déphasé, reconstruit et drôle et vivant, tant ses yeux pétillent, elle est atteinte de la maladie des brides amniotiques : dans le ventre de sa mère, des bandes fibreuses se sont greffées sur ses chevilles, ses mains et son visage, elle est née "polymalformée" et de ses 11 mois jusqu'à ses 23 ans, elle en a 27, elle a subi une trentaine d'opérations de chirurgie reconstructrice, mais la voilà devant nous, vivante épanouie belles études et elle a écrit un livre, "Née comme ça", qui lui a fait du bien, et fait du bien aux autres.

Dans le Progrès, vous lisez la fatigue des habitants du quartier de la Duchère à Lyon où ce week-end cinq adolescents ont été blessés par balles dans les affrontements de la drogue ; la dernière fusillade a eu lieu avenue Andreï Sakharov qui avait été un savant, un dissident, un homme de la liberté en Union soviétique et ici, le vertige vient vraiment.

Je lis dans les DNA, une interview tonique d'un universitaire Marcel Hibert, spécialiste de l'ocytocine, qui est l'arme de construction massive de la vie et de l'amour, cette hormone ferait de Poutine lui un Gorbatchev, dit-il, mais plus sérieusement, il dit aussi que la guerre a du être une décharge d'ocytocine pour les Ukrainiens…

Je lis dans la Montagne que les producteurs de vins d'auvergne réfléchissent sérieusement à vendre leur vin en canette de métal pour répondre à une curiosité, disent-ils… Un jour, en parlera-t-on, comme d'un cubi, on se remet de tout.

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