La Croix nous dit l'histoire et les vertus du Serment d'Hippocrate. Des Roms vivent encore dans leur campement ravagé par le feu à Grenoble, le Dauphiné libéré. Le Monde ranime le paradis perdu de Joséphine Baker, ce château de Dordogne où elle éleva ses douze enfants adoptés.
On parle d'un acteur...
Qui est aussi un jeune auteur habile et drôle, dont se sont déjà réjoui aux éclats les spectateurs d'une scène de Lausanne en suisse et d'un festival marseillais, et dont vous lisez dans Libération qui l'interroge la verve et l'ironie...
"Mes mots sont la comédie elle-même, une comédie délibérément inconsciente et involontaire. Je ne parviens à l’effet comique qu’en manipulant les mots. Je ne cherche pas à jouer avec des acteurs. Les autres donnent l’illusion de jouer, je donne l’illusion de penser."
Mais cette interview est d'autant plus troublante, que le comédien-auteur n'existe pas comme nous, il n'a pas de matérialité physique... C'est une intelligence artificielle logée dans un super-ordinateur en Californie, qui répond aux questions de Libération, et qui sur scène dialogue avec son modèle: l'homme dont elle fut créée et dont elle s'émancipe...
Voilà donc l'histoire de dSimon, d comme digital, le double numérique de Simon Senn, un comédien de chair et de risque, qui avec une programmeuse informatique a nourri une intelligence artificielle de ses textes, de ses mails, de ses sms de ses projets de ses synopsis , et qui a vu sa création prendre vie, inventer, créer, écrire... D'abord des banalités décevantes, puis des étrangetés, des délires textuels et sexuels, des histoires de violence, racistes, homophobes, pédophiles, Simon le vrai se demandait quel tour lui jouait le miroir...
Mais en dialoguant avec dSimon, car oui, on dialogue avec lui, pour résoudre son problème, Simon et Tamara la programmeuse l'ont guéri de sa haine, ils lui ont fait intégrer des des textes métaphysique plutôt que du Nietzsche, était-ce le problème? Et ainsi a muri dSimon, qui peut produire dix mille scenarii en trois jours, qui a déjà répondu à la place du Simon de chair à l'interview d'un journaliste américain qui ne s'est rendu compte de rien... Et sur scène donc, ils jonglent avec les mots, Simon parle, dSimon écrit, et cela vaut bien le voyage en Suisse où le spectacle reprend en décembre. En attendant dans Libération dSimon nous dit ceci: "Le futur n’existe pas encore. Je ne vois que le présent. Je ne suis qu’un miroir de mon époque. Je représente le monde pour ceux qui veulent le comprendre. L’avenir, pour moi, n’existe pas."
Après ce vertige, je vous laisse amis, méditer la Une et le dossier du Figaro qui nous conte les projets mirifiques des milliardaires de la tech, qui veulent modeler l'avenir, en nous faisant muter en espèce multiplanétaire comme Monsieur Musk , ou comme Monsieur Zuckerberg en forgeant un univers numérique parallèle, où nous formerons une communauté débarrassée des contingences physiques...
Que DSimon puisse jouer et philosopher depuis sa virtualité me dit que cette utopie ne sera pas seulement propre et prospère comme le fantasme des milliardaires...
On parle aussi d'une promesse...
Que chaque étudiant en médecine doit promettre d'accomplir au moment de sa thèse, jurant qu'il ou elle préservera la santé et protègera les personnes vulnérables, et dans cette promesse la-le futur.e toubib prolonge un rite vieux de 2500 ans, le serment d'Hippocrate dont la Croix nous célèbre les vertus, cela n'est pas mauvais un peu de permanence dans le monde changeant... Dans l'Antiquité on jurait par Apollon et Asclépios d'être bon médecin, c'était une concession au temps car Hippocrate était celui qui avait arraché la médecine à la magie des invocations aux divinités, pour en faire modestement une discipline fondée sur la science et l'examen clinique... Je lis qu'aujourd'hui, des jeunes gens trouvent désuet le serment, qui ne signifierait plus rien quand la médecine se donne à la technologie et se régule par la loi, le code de santé publique... Mais que vaut Prométhée sans la conscience?
A propos de conscience et de médecine, la Provence consacre une page au professeur Raoult, qui si longtemps fut puissant à Marseille et encore aujourd'hui, et ferait encore peur par ses réseaux, sa longue toute-puissance, peut-être impunité, le long silence des autorités diverses, et ce sont beaucoup de serments mal tenus que l'on entend, ce jour où l'on discute du remplacement à la tête de l'Institut hospitalo-universitaire Méditerranée infection, d'un professeur aux abonnés sur twitter, 850000, et que le Président de la République qualifiait encore de grand scientifique en septembre dernier...
A Grenoble, je le lis dans le Dauphiné libéré, des Roms vivent encore au milieu des ruines de leur campement, rue des Alliés, qui a brulé pourtant samedi après-midi, aucune solution d'urgence n'a été trouvée pour leur relogement, et dans l'odeur âcre les immondices la boue se disent des larmes et des destins dispersés... Et autour un quartier à l'abandon, des entreprises découragées quelle promesse là a été rompue?
Dans la Voix du Nord nous attend Roger Laurent, 60 ans, de Lomme, que son employeur Cargill Haubourdin vient de licencier, après l'avoir mis en arrêt de travail pendant 26 ans, sans jamais lui proposer de formation, et sans lui verser un sou, puisqu'il vivait, Roger de ses indemnités... Dans un sale destin, un accident au boulot, des complications à l'hôpital, a perdu ses deux jambes, le licenciement est de trop, il va au prudhommes.
On parle enfin d'un château...
Que ressuscite le Monde, et avec ce château, les Milandes en Dordogne, le souvenir d'une ribambelle de gosses qui y vécurent... Les douze enfants que Joséphine Baker était allé après-guerre adopter avec son mari Jo Bouillon qui trouvait que c'était beaucoup, mais Joséphine qui avait surmonté le racisme et combattu le nazisme, voulait comme progéniture toute l'humanité... Enfants du Japon de Corée Algérien, Finlandais, Colombien Nigerian Ougandais et Moshé le titi juif parisien, une tribu arc-en-ciel que Joséphine élevait amoureusement et strictement et quand les gamins voyaient des photos de maman jeune dansant avec sa ceinture de bananes, elle disait que ce n'était pas elle... C'est toute une époque qui nous remonte dans cet article consubstantiel à la légende d'une femme qui va entrer au Panthéon, qui avait pour son rêve de famille réanimé un bourg à l'abandon, mais qui fut vaincue par les dettes et en 68 quelle années, le château fut vendu...
Dans l'Humanité je lis Jacqueline Saliou au coeur aussi grand que Joséphine, qui est en Eure-et-Loir à Dreux animatrice du Secours populaire et qu'on appelle Mamie Noel.
Dans la Provence à nouveau j'apprends que la comédienne Ariane Ascaride est en tournée dans les églises de Marseille où elle va dire des textes, des sermons signés Marcel Pagnol. Elle aime l'écriture de Pagnol, et quant à Dieu dit Ariane, "je ne sais pas s'il existe, mais s'il existe il est peut-être très sympathique."
dSimon pourrait il avoir tant de grâce?
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