Les Roms de la butte de Montarcy posèrent leurs abris sur un sol plombé, le poison remonte dans Libération.

France Inter
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Le Figaro et la Croix racontent la perplexité de Bure, où l’on enterrera nos déchets nucléaires pour une éternité. Un ancien soldat réfractaire se souvient du bagne de la Légion, Corse-Matin. Le Parisien raconte le chantage qu’exercent les Talibans sur un jeune étudiant.

On parle de plomb... 

Le plomb qui coule dans les veines de Sofia Louisa aux joues dodues, 1 ans et 8 mois d'âge et 200 microgrammes de plomb  par litre de son sang; ce saturnisme met en danger ses fonctions cognitives son audition, sa fonction rénale et sa maturation sexuelle... Et la voilà mal partie, elle et ces autres enfants Roms que Libération nous montre dans un bidonville du Val d'Oise, courant sur un sol empoisonné... Voici la butte de Montarcy, un terrain vague de la commune de Méry-sur-Oise, dont la terre est imprégnée de nos inconsciences. Au long du XXe siècle, des plaines au large de Paris recueillaient les eaux usées de la capitale, on appelait ça des zones d'épandage, et ce n'étaient pas seulement les égouts qu’on répandait mais aussi des ordures ménagères, des piles, des jouets, du verre, on pensait que les eaux grasses et les déchets riches en matière organique allaient fertiliser des terres maraichères... Après ce n'importe quoi est venu l'oubli, ou l'aveuglement,  et quand des Roms fuyant la Roumanie sont venus sur la butte, nul ne leur a dit sur quel cloaque ils bricoleraient leurs abris...

Il a fallu attendre 2019, l'inquiétude d'une  pédiatre, pour qu'on réalise la catastrophe en cours. Depuis ce sont les dilemmes connus des évacuations, sortir du bidonville où l'hygiène est impossible, dormir dans des hôtels oui mais dans les hôtels la communauté se dissout... Mais ces Roms racontent aussi le destin de leurs voisins, autochtones habitants des cités alentours Carrières sous Poissy, Achères, Pierrelaye, qui vivent eux aussi sur des terres plombées: 84% des jardins présenteraient des risques sanitaires inacceptables, 1200 enfants pourraient être atteints de saturnisme, les autorités sanitaires sont en-deçà de l'enjeu, avec un scandale le foncier chuterait... Nous sédentaires sommes comme les Roms, victimes d'un passé enfoui, l'avenir est un péril partagé.

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On la retrouve, l'incertitude des sols et la peur du poison, dans le Figaro, la Croix, les sites de France info et celui de l'Est Républicain, qui nous ramènent le projet d'enfouissement de nos déchets nucléaires à 500 mètres sous terre à Bure aux confins de la Meuse et de la Haute-Marne:  une enquête publique s'ouvre aujourd'hui, les habitants vont s'exprimer sur un projet qui engage le sous-sol pour des centaines de milliers, voire des millions d'années, qui peut imaginer si loin. " Je ne sais pas ce qu'il ya  de mieux pour le stockage des déchets, je n'ai que le certificat d’études dit à la Croix Odile, 79 ans. Ils ont choisi un coin bien désertique , avec surtout des personnes âgées, on n'est pas grand chose pour là-haut".

Le Figaro nous dit que le projet d'enfouissement conçu par l'entreprise Cigéo, fait écho à la peur de l'effondrement de nos civilisations. Un jour, peut-être, nous ne serons plus capables de gérer en surface les déchets nucléaire et en creusant un sarcophage, nous préservons nos descendants moins évolués que nous... Mais comment dire à Odile que nous vivons déjà dans la science-fiction?

On parle aussi d'un ancien soldat...

Qui dans Corse Matin, tee-shirt blanc crâne luisant transpire au soleil du domaine Saint-Jean de Corte, et sous les souvenirs de violences enfouies. Michel Trouvain était légionnaire, un soldat réfractaire, il avait essayé de déserter à Djibouti, c'était en 1973,  il fut envoyé pour sa punition en Corse à la Section d'épreuve de la Légion étrangère, où pour redresser les mauvais soldats on les attachait au poteau de torture un poids attaché autour du cou, ou l'on jetait en hiver des seaux d’eau dans leurs cellules pour les faire vivre dans la glace... Michel Trouvain raconte ses épreuves et son copain qui se donna la mort, il fume une cigarette, dans un camp désormais en ruine dont il veut rétablir la mémoire: il entame une grève de la faim pour que nous parlions du bagne de la légion... Et c'est une étrange chose que nos mémoires collectives, car ce bagne fut révélé dans un livre en 1977, et depuis régulièrement, Corse-Matin y revient, par des témoignages d'anciens, et pourtant nous oublions, nous redécouvrons.

Chacun cherche sa vérité, sa mémoire, son courage. Vous lirez dans le Monde l'Humanité Libération comment le cinéaste israélien Nahav Lapid se confronte aux vérités de son pays, son dernier film « le Genou d’Ahed", a provoqué l'ire des nationalistes mais les larmes de spectateurs en désarroi. Vous lirez sur le site de l'Obs la chronique de l'écrivain Emmanuel Carrère, au procès des attentats de novembre 2015, Carrère qui en dépit de la jactance indécente qui sert de défense à Salah Abdeslam, rappelle que oui, les armes occidentales ont tué des innocents dans des frappes en Irak, et qu'il est étrange que l'acte d'accusation le mette en doute...

Il est aussi dans nos vérité de beaux souvenirs. Vous lirez dans le Parisien comment les villes populaires du Val d'Oise, Villiers le Bel, Garges et Sarcelles, sont depuis plus de 60 ans la terre d'asile des réfugiés, Juifs chassés d'Egypte, Pied-noirs, Vietnamiens Cambodgiens Tamouls Chaldéens et demain des Afghans, à Sarcelles savez-vous on passe son doctorat en relations internationales simplement en restant en bas de chez soi , en parlant aux voisins.

Le même Parisien nous dit l'atroce chantage qu'exercent les talibans sur Sam, élève d'une école d'ingénieurs chez nous. Il doit rentrer en Afghanistan pour être jugé, disent les nouveaux maitres, ou bien sa famille sera exécutée... Le père  avait cru à l'avenir, il travaillait avec des entreprises françaises à fabriquer des piles pour éclairer les villages perdus, mais la lumière s'est éteinte.

On parle enfin de vendanges...

Qui inspirent à l'Union de belles pages vivantes où j'apprends qu'à Vitry en Perthois on enseigne aux vendangeurs à bien trier le raisin qui a trop muri, virer jeter le pourri le blanc feutré le moche, car un vin fait avec du raisin moche fera mal à la tête.

L'Equipe enfin nous raconte un homme qui au sommet de sa gloire était animé de la certitude des vainqueurs, pensait avoir toujours raison, conduisait si vite et la mort ne l'avait jamais pris, il s'était apaisé enfin,  chantait faux en famille fumait jouait aux cartes, et à Noel 2013, hésitait à partir à Dubaï faire du parachute; décida d'aller skier à la place et ce fut l'accident. Un film que Netflix a mis en ligne est entré dans l'humanité brisée de Michael Schumacher, qui dans un château avec vue sur le lac Léman poursuit une convalescence incertaine... Ce que je lis dans le journal me donne l'idée d'une beauté fragile, intemporelle, inoubliable. 

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