Les fragments de France du Monde nous montrent d'immenses courages infiniment fragiles, têtus, drôles parfois.

France Inter
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Quand la SNCF s'accapare un indispensable accessoire du TGV, Trenitalia est coincé, les Echos. Dans la Provence Rose-Marie se souvient de son père et d'une enfance dispersée par Vichy et les nazis.

On parle de gens prévoyants...

La SNCF, dont les Echos nous disent qui il y a  quelques années elle a acheté tous le stock d'un dispositif de sécurité indispensable aux TGV, dont Alstom arrêtait la fabrication... Le KVB TVM Legacy est  un système de signalisation et de transmission voie-machine... Dans une zone de danger, il faut freiner automatiquement le train si le conducteur n'a pas agi à temps. Bref, dans les années 2010, la SNCF  a fait ses provisions de cet utile engin. Et cette année 2021, cette prévoyance paye, quand arrive la concurrence de la compagnie italienne Trenitalia sur la ligne prestigieuse Paris-Lyon-Turin-Milan. Les italiens ne peuvent pas faire rouler leurs trains sans KVB TVM, ils ont du aller devant l'autorité de régulation des transports pour qu'on leur en rétrocède quelques exemplaires mais pas beaucoup, et du coup ne pourront pas opposer beaucoup de rames à la SNCF en son royaume, juste trois fréquences par jour écrivent les Echos, est-ce malin...

Et nous placerons donc ce jour sous le signe de la débrouille, quand des journaux nous épaulent  face au prix de l'énergie qui grimpe.. L'Indépendant dresse la liste des stations-services les moins chères  des Pyrénées-orientales et l 'Union fait de même dans la Marne, l'Aisne les Ardennes... Je ne vous dis rien, lisez les journaux! Nice-Matin, nous donne des conseils pour limiter nos factures, minutez votre douche le temps d'une chanson, mais pas Hôtel California, qui dure 6 minutes trente....

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Sur le site du Monde vous allez rencontrer des gens qui se débrouillent, qui font comme ils peuvent pour mener leur barque. C'est une série de 100 articles que le journal a labellisés ainsi, "Fragments de France", qui veulent montrer un pays, loin des cris... Ces articles n'ont en commun que, leur beauté visuelle, car des photos lumineuses, subtiles accompagnent les reportages, ce n'est pas rien pour éclairer des gens comme vous et moi... En commun aussi, souvent, cette impression que nous sommes, chacun dans notre coin des immenses courages infiniment fragiles et têtus, drôles parfois. A Saint-Chamond  dans la Loire, des costauds qui ne sont pas des brutes initient les enfants des écoles aux arts martiaux mixtes. A Féchain dans le Nord, on maudit le hasard de l'histoire qui a légué au milieu du village un bloc de grès de 7 tonnes, qui au néolithique servait de polissoir aux outils de nos ancêtres, mais cet outil de naguère fait qu'aucun projet urbain ne peut être lancé sans la permission d'une administration tatillonne... A Fécamp, Nathalie, poissonnière née d'une famille à drames et deuils et chaleureuse pourtant, raconte comment sa vie est belle, dans des clopes, un verre de blanc... Juste des morceaux de vie tremblants...

Et ces vies nous font sentir la justesse possible d'un film qui sort aujourd'hui, qui bouleverse l'Humanité,  le Progrès, Sud-Ouest, Télérama, il s'appelle les Héroïques, c'est un film de zombies marchant vers la lumière dit le progrès, l'histoire de Michel grand éclopé de l'âme, mort vivant ébouriffé un ancien junkie qui parle dans un verlan ringard pour son âge mais quinquagénaire il vient d'avoir d'avoir un bébé et chante alors sa moto pétarade il avance vieil ado déglingué que la vie reprend, et quelque chose dans les mots très beaux de nos journaux me dit que nous lui ressemblons...

Dans la vraie vie, je lis dans l'Est Républicain qu'au village de Berche dans le Doubs, à chaque bébé qui naîtra on plantera un arbre fruitier, qui portera son nom.

On parle aussi d'une mémoire...

La mémoire d'Angoulême où jadis Honoré de Balzac, se faisait coiffer place du Murier (aujourd'hui Louvel,) et, nous dit la Charente libre, les dames se précipitaient pour récupérer les boucles brunes de l'écrivain, qui arpentait la ville pour que soit juste son livre "Illusions perdues, que Xavier Giannoli adapte au cinéma et c'est l'autre film français du jour que la presse célèbre. Giannoli avait lu jeune homme Illusions perdues, et dit au Figaro que son film est le cri du coeur de celui qu'il était, que bouleversait cette phrase: "Je pense à ceux qui doivent trouver en eux quelque chose après le désenchantement"...

La Montagne elle nous ranime les maçons de la Creuse que l'on chantait ainsi, apprenons-nous dans la Montagne: "De ces beaux monuments la france est orgueilleuse, on doit ces agréments aux ouvriers de la Creuse", la chanson fut composée par un tailleur de pierres de Puy-Masignat, quand 33000 hommes du département étaient montés à Paris, remodeler de leur art la capitale que réinventait Haussmann, une exposition les célèbre aux archives départementales à Guéret, où l'on apprend que ces immigrés de province, soumis à un passeport intérieur, n'étaient pas mieux traités que les migrants aujourd'hui, considérés comme des vagabonds s'entassaient dans des garnis, se consolaient au vin des faubourgs, grandioses.

Dans la Provence nous attend Rose-Marie Commentale qui a 92 ans et se souvient de son père Francesco qui en 1943 dans un camp d'internement à Fréjus ramassait des pignes de pain et les lui passait à travers la grille qui séparait le camp des hommes de celui des femmes et des enfants, Francesco était débrouillard et Rose-Marie dégourdie, avec les pignes la famille survivrait... Mais quelques jours plus tard Francesco serait mis dans un convoi pour le camp nazi de Sachsenhausen et n'en reviendrait pas... Avant Francesco était piqueur de sel, il enlevait les plaques de sel sur les bateaux du vieux port, la famille vivait le quartier de Saint-Jean que la police de Pétain et l'occupant dynamitèrent et rasèrent et dispersèrent comme des poussières d'hommes ses 12000 habitants...  Rose-Marie est une parmi quatre français parie civile au procès qu se tient en Allemagne d'un ancien gardien de camp, Joseph Schutz, centenaire, qui dit que tout est déchiré dans sa tête..      

Et on parle enfin de chutes...

Et on retrouve alors un tremblement, le nôtre, dans les Echos à nouveau, qui reprenant le Wall street journal nous disent que le nouvel Iphone enregistrant l'amplitude de nos pas, la vitesse de notre marche et son asymétrie peut évaluer notre stabilité et alors, nous envoie des conseils pour mieux marcher, une béquille que ce téléphone qui va nous empêcher de tomber, un vieil américain sur quatre tombe chaque année, et tomber peut tuer parfois, on compte sept chutes mortelles chaque heure, et ainsi la technologie vient nous sauver la vie...

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