Une photo dans le Progrès a perdu le tueur de la 'Ndangheta reconverti pizzaiolo à Saint-Etienne, le Monde.

France Inter
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Paul Auster légende les photos de son gendre, qui revisite dans des clichés hantés les tueries de l'Amérique, es Echos. Le Parisien raconte Léon, retiré à ses parents qu'on soupçonnait à tort de lui briser les os. Une intelligence artificielle a retrouvé une pièce de Lope de Vega, le Figaro.

On parle d'un pizzaïolo

Qu'on surnommait Rocco à Saint-Etienne et qui en juin 2021, avait réalisé un rêve, après avoir tourné dans des restos italiens de la ville, il avait ouvert le sien, un petit coin d'Italie au 19 rue Pointe Cadet avait écrit en juillet la Tribune le Progrès venue donner un coup de pouce au Caffe Rossini Ristorante, où Rocco pratiquait disait-il une "cuisine élaborée uniquement avec du frais et du fait maison", et il avait de beaux yeux tendres Rocco, posant avec son employée pour la photographe Dominique Bertheas et confiant au journal qu'il tenait son art de sa grand-mère calabraise, il proposait notamment des pâtes flambées dans une meule de parmesan… Oui mais voilà me dit le Monde, cet attendrissement n'était pas malin...

Car sur la photo du journal français des carabiniers italiens ont reconnu Eduardo Greco, certes bien calabrais mais tueur de la 'Ndrangheta, connu pour sa conscience professionnelle, le genre à dissoudre dans l'acide les corps de deux de ses victimes trois ans après les avoir estourbis a la barre de fer... Il s'était volatilisé en 2006 et était donc devenu stéphanois, on l'a arrêté carabiniers et crim’ française ensemble dans la nuit de mercredi a jeudi, son four à peine froid, dans le resto italien où i travaillait -entretemps c'est triste son Caffe Rossini n'avait pas tenu, me dit le Progrès qui raconte aussi l'histoire de l’arrestation, mais sans préciser que c'est un de ses innocents reportages qui a perdu Rocco...

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Le Progrès toujours nous raconte un autre homme en cavale, un dénommé Abdelghali Latoui, supposé être un parrain de la drogue dans le Rhône, qui était officiellement simple employé d'une société de déménagement, mais vivait dans une belle villa à Givors, qu'il a quittée pour Dubaï en 2020, à temps, son associé avait été tué, il est toujours dans les émirats, on l'a condamné le mois dernier en son absence à huit ans de prison, et on a confisqué les voitures de luxe qu'il proposait en leasing, on l'attend encore...Mais combien de temps peut-on se cacher?

Dan Society, et sur le site de Figaro, lisez la cavale de trente ans du dernier parrain de la Cosa nostra de Sicile, Matteo Messina Denari, arrêté finalement en janvier a la sortie d'un hôpital de Palerme, il a un cancer... il n'avait jamais été dénoncé, cet homme qui pouvait avertir un ami de jeunesse de quitter l'autoroute plus tôt que d'habitude pour échapper à un attentat... Je lis qu'en Sicile on espère que les entreprises vont investir dans une ile que les capitaux mafieux, depuis un moment, ont quitté...

Dans le Monde encore, site et papier lisez une immersion de la journaliste Lorraine de Foucher dans la brigade criminelle de Versailles - où j'apprends que quand on use, criminel, d'un téléphone, on finit toujours par être retrouvé. Je lis comment flic on doit apprendre à côtoyer la mort, on n’est pas médecin légiste qui voit dans les corps un objet d'expertise, le policier luis ait que le cadavre est une personne, on travaille sur son histoire, on s'identifie... On apprend par les coups que porte le corps à saisir l'origine du crime, le terrorisme c’est la gorge, la bagarre qui dégénère, des coups sur le tronc, la tête ou le cou visé, le visage, c'est un truc de fou, animal...

Je lis aussi que les policiers ont appelé les services funéraires, ils les connaissent bien, pour que la mère d’Anaïs puisse rapatrier dans le Nord le corps de sa fille assassinée, « on ne voulait pas, disent les flics, qu'elle soit obligée de prendre un crédit à la consommation...

On parle aussi d'un beau-père...

Qui admire son gendre car il sait tout faire, « des portraits, des photos d'art des paysages des ambiances, son album « Times square in the rain » est d'une beauté incroyable avec des photos qui tiennent du mirage », ainsi l'écrivain new-yorkais Paul Auster parle au magazine des Echos, week-end, de Spencer Ostrander, l'époux de sa fille Sophie... On s'entend si bien chez le Auster que le jeune couple a passé le confinement chez les beau-parents; à ce moment Spencer travaillait sur un projet délicat -il voulait immortaliser des lieux où s'étaient déroulés des tueries, cette plaie de l'Amérique. Alors Paul a voulu travailler avec lui, il lui a fait changer sa focale, il ne fallait pas parler seulement des tueries de masse mais de toutes ces fusillades qui font des Etats-Unis une « terre de sang », c'est le titre de leur livre qui sort en France la semaine prochaine, et dont Auster a écrit les textes, les légendes.

Dans les Echos vous avez un avant-gout un témoignage du talent de Ostrander, qui livre des photos paisibles mais glacées, de simples décors mais peuplés de fantômes que l'on devine, un parking de supermarché dans une lumière nocturne -6 morts en janvier 2011, une clinique de planning familial -3 morts en novembre 2015, un cinéma du Solorado devant lequel sagement sont garées des voitures, 12 morts en juillet 2012..

Dans ses textes Auster raconte son apprentissage de la culture des armes de son pays... A la vingtaine il était matelot sur un pétrolier avec de joyeux sudistes, qui parfois pratiquaient le tir à la voiture depuis un pont surplombant l'autoroute -mais ce n'est pas que le Sud qui porte le poison...

Auster raconte aussi comment, en 1919, sa grand mère, dans le Wisconsin, abattit son grand-père, dans leur cuisine, le père de Paul, agé de 6 ans, etait dans la maison, l'oncle de Paul âgé de 3 ans, assista à la scène -la meurtrière fut acquittée, folie temporaire... Paul Auster révélant l'histoire après cinquante ans de secret de famille, dans son premier livre, « l'Invention de la solitude », traumatisa les siens -et je me demande si sa forteresse familiale n'est pas une manière aussi de conjurer...

Dans le Parisien, on dit une famille ébréchée, la famille de Léon qui avait 18 mois le 19 mars 2021, quand deux éducatrices et des ambulanciers l'ont pris à ses parents, soupçonnés de le battre au point de lui casser les os -car il était fragile Léon, il faisait des fractures et les médecins des hopitaux de Meaux et de Bicêtre pensaient qu'il souffrait du syndrome de Silvermann, qui caractérise les enfants battus. Donc on a pris Léon, on a cuisiné ses parents, on a placé Léon dans une pouponnière, et là, nouvelle chute, deux jambes cassées, à l'hôpital Trousseau a paris, par une prise de sang toute simple, on a réalisé que Leon, est atteint d'une maladie rare, dite maladie des os de verre -les parents en étaient arrivés à souhaiter secrètement que leur fils se blesse pour qu'ils soient proclamés innocents et puissent le reprendre. Ils n'ont pas été indemnisés...

On parle enfin d'une pièce de théâtre...

Une pièce inédite vieille de quatre siècles, que nous dit le Figaro, intitulée « La Francesa Laura » (La Française Laure), qui nous dit le amours de Laura, fille du Duc de Bretagne, et du Dauphin de France, ce qui suscite la jalousie du mari, le Comte Arnaldo (Arnaud). C'est une bonne pièce, pas un chef d'oeuvre mais elle est de Lope de Vega, monument du siècle d'or espagnol, et c'est une intelligence artificielle qui l'a dénichée dans les tréfonds de la Bibliothèque nationale d’Espagne... La machine sur des milliers de texte sait reconnaitre un style...

Aurait-il aimé cette histoire, Philippe Tesson au doux regard que le Figaro pour qui il écrivait salue bellement, vieil esprit libre, et qui par-dessus tout aimait le théâtre... Le Figaro ne cite pas ce mot de tesson, que rapportent le Monde et le Parisien, qu'il avait eu au temps de son Quotidien de Paris: "Mon journal n’est pas conforme à ce que la droite conforme attend d’un journal conforme. Pour ça, il y a Le Figaro u». Le « Fig » était assez chouette pour avoir accueilli Tesson, qui avait dit aussi: « Je ne suis pas né pour mourir ». Et pourtant.

Dans Sud-Ouest, chouette et bien vivant, regardez Michel Maffrand, cinquante ans de carrière avec ses musiciens, on l'appelle Joan de Nadeau, on dit dans le Béarn qu'une de ses chansons, « Ah mon dieu que j'en suis à mon aise », qu'il a composée d'après une poésie de Savoie d’il y a trois siècles, est capable de faire reculer une mêlée de 900 kilos.