(Patrick Cohen) Dans la presse ce matin : le temps long
(Bruno Duvic) Un million de dollars par jour. Ce sont les revenus de l'organisation Etat islamique selon les calculs d'un cercle de réflexion américain réputé, Rand Corporation. Calculs repris ce matin par The New York Times et le site Internet de L'Obs . Revenus pétroliers - moins depuis les bombardements - taxes dans les zones contrôlées et extorsion en tous genres.
Un million de dollars par jour, de quoi résister au plus de 5.000 frappes aériennes menées par les Etats Unis en particulier depuis l'été dernier.
Et le constat est là à la Une du Figaro : « Irak/Syrie, l'Etat islamique gagne toujours du terrain ». Dernier exemple, la prise de Ramadi. Pourquoi cet échec de la coalition anti Daech en Irak et Syrie ? Le Figaro y consacre deux pages. En Irak : mobilisation insuffisantes des sunnites, armée irakienne encore très loin d'être au niveau. C’est un revers cinglant pour la stratégie américaine. La question d'un engagement plus actif des troupes spéciales au sol est de plus en plus clairement posée.
A cela, selon Le Figaro, s'ajoute, en Syrie, l’impuissance diplomatique des occidentaux. C'est l'une des règles intangibles de la guerre écrit Isabelle Lasserre : « la longévité favorise les radicaux et les extrémistes ».
« L'Etat islamique se rapproche lentement mais surement de ses deux objectifs suprêmes, écrit Philippe Gélie dans l'édito du Figaro : Bagdad et Damas. Le jour où il faudra défendre Damas dans quel camp serons-nous ? Celui de Bachar el Assad ou celui des modérés désormais affilié à la version locale d'Al Qaïda ? »
Un magazine qui dure fête son anniversaire
Têtu à 20 ans et veut fêter cet anniversaire dans la fraicheur d'esprit.
Au menu de ce numéro, photos de beaux gosses des 20 dernières années, portraits de vingtenaires d'aujourd'hui, pas forcément dans les quartiers branchés de Paris, pas forcément gros biceps et tablettes de chocolat et quelques icônes du monde gay. Voici Roselyne Bachelot qui raconte à sa manière la banalisation malgré tout du mariage gay.
« J'ai assisté à de nombreux mariages dit l'ancienne ministre. A chaque fois, je me glisse au milieu de petites mamies et j'écoute la conversation. Ça donne toujours à peu près : "Ben nous on n'était pas trop pour ces trucs-là, puis finalement, c'est vachement sympa ce mariage, hein Odette ? »
Roselyne Bachelot icône depuis son discours en faveur du Pacs à l'assemblée, très isolée à droite, alors. Ce discours, c'est un diamant qu'on ne pourra pas m'enlever. Il venait de loin, de l'époque, début des années 90 où elle militait au sein du collectif pour le contrat d'union civile. Le Premier Ministre de l'époque Pierre Bérégovoy qui virait le collectif de son bureau. La première réunion à l'assemblée dans une salle vide. 20 ans c'est à la fois très long et très courts. Banalisation du mariage… Voilà que la très catholique république d'Irlande s'apprête à dire Oui par referendum au mariage homo. « Tranquillement », comme le titre l'International New York Times . Rien n'est fait avant le vote, après-demain, mais les sondages donnent une confortable avance au Oui. On mesure le changement des mœurs et la perte d'influence de l'Eglise. L'Irlande n'a légalisé le divorce qu'en 1995, à 50.5%. Et l'homosexualité n'y est plus un crime que depuis 1993
Le Premier Ministre à la Une de L'Express
Avec ce titre qui saute aux yeux : « Un franc-maçon nommé Valls ». Une histoire qui date un peu mais qui a duré longtemps. Long papier de François Koch pour éclairer cet aspect méconnu si ce n'est inconnu du chef du gouvernement. Franc maçon, donc, pendant 16 ans, de 1989 à 2005. Au Grand Orient de France mais dans une loge particulière, appelée « Ni maitres ni dieux ». Une loge, cela amusera les frondeurs, composée de militants libertaires, anar, socialistes auto-gestionnaires ou communistes. Ce n'est pas son ami Alain Bauer, célèbre franc-maçon, qui a intronisé Manuel Valls, mais Yves Colmou, l'homme dont la presse a parlé récemment parce qu’il a redessiné la carte des cantons. Ils se sont rencontrés à Matignon sous Michel Rocard. Sur le profil particulier de cette loge et son curieux fidèle, les anciens se souviennent d'un jeune homme qui venait s'encanailler avec les anar et frotter ses idées déjà faites d'ordre et de droiture à des convictions différentes. L'actuel Premier Ministre est ensuite passé dans une autre loge. L'Express voit dans son attachement à la laïcité et à la République la trace, parmi d'autres influences, de ses années franc-maçonnes.
A la rubrique politique, on retiendra encore, l'histoire d'un hareng qui reste en travers de la gorge. Dans Libération , tribune adressée par Cécile Duflot à Jean-Luc Mélenchon, après la sortie de son livre réquisitoire contre l'Allemagne, Le hareng de Bismarck . « Cher Jean-Luc, l'Allemagne n'est pas notre ennemie. Avec ce livre, tu penses peut-être de bonne foi détourner la colère populaire des sirènes nationales-populistes. Il n'en sera rien. »
Libé qui reproche au gouvernement sa position très floue sur les quotas de réfugiés. Soutien en coulisses aux grands principes avancés par Bruxelles mais opposition à des objectifs chiffrés. C'est la cacophonie des quotas.
Et puis dans Le Canard enchainé , le cabinet de Christiane Taubira à nouveau sous haute tension. Départ du directeur de cabinet. C'était prévu mais cela a été précipité. Plus de dir cab depuis un mois au ministère de la Justice. Et des conseillers à bout : « On navigue en roue libre, aucune décision n'est prise. Taubira a de moins en moins de poids au gouvernement. »
Quoi d'autre dans la presse ?
C'est mercredi, c'est Charlie . On lira par exemple cette semaine un papier démontant la thèse d'Emmanuel Todd sur les marches du 11 janvier. Papier qui repose sur l'étude d'un sociologue du CNRS, Luc Rouban. Profil des manifestants : plus tolérants et ouverts à l'Islam que les non manifestants.
Pendant ce temps, les journalistes et dessinateurs de Charlie Hebdo vivent toujours sous la menace. Selon Le Parisien ce matin, deux curieux rodeurs ont été repérés autour de la maison de Riss, le directeur de Charlie . L'un des deux, présenté comme proche de la mouvance islamiste radicale, est visé par une fiche de sureté de l'Etat.
Le soutien de l'enseignement catholique à la réforme du collège. « Les réponses proposées vont dans le bon sens », dit le secrétaire général de l'enseignement catholique à La Croix .
Plafonner les dommages et intérêts prononcés aux prud'hommes. Dernière piste d'Emmaneul Macron pour lever les freins à l'embauche. La crainte de procédures longues et couteuses en cas de licenciement est souvent évoquée par les organisations partonales comme un fein à l'embauche. C'est à lire dans Les Echos .
Et l'histoire du jour
A la Une du Bien Public, à Dijon. Histoire d'un homme déclaré mort par sa banque ! Maurice Berhelon a 82 ans, dont 25 ans de fidélité au Crédit Mutuel de Brazey en Plaine. Petit bug informatique à la banque et grosses conséquences. Maurice Berthelon a flairé l'embrouille quand Canal plus lui a écrit pour lui dire que son dernier paiement avait été rejeté pour cause de décès du titulaire du compte. Et d'autres prélèvements refusés et chèques impayés sont arrivés. La retraite, elle, n'arrivait plus. Chèque notamment pour l'anniversaire de sa petite fille que sa propre banque a refusé d'encaisser en lui apprenant la disparition de son grand père. L'agence du crédit mutuel a rédigé une lettre d'excuse et d'attestation : le monsieur est bien vivant. Mais pas de date sur la lettre. Quand ça veut pas ça veut pas. Et c’est long.
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