Quatre ados handicapés nagent entre les caps B!anc-Nez et Gris-Nez, Nord-Littoral. Un septuagénaire tue une psychologue qui allait le signaler à la justice,, le Dauphiné libéré. Nice-Matin accueille le Tour entre rouge et jaune. La Croix raconte les migrants de 2015 en Allemagne, qui sont en train d'y arriver...
On parle d'adolescents...
Trois ou quatre adolescents, qui écument un village et empoisonnent l'existence de son maire, qu'ils défient en pénétrant de nuit dans les locaux municipaux dont ils maculent les murs de graffitis, "Nik le maire" avec un K lit-on sur la photo que publie le courrier de l'Ouest, le maire François Genigon contemple les dégâts, on a aussi brisé plusieurs fois les fenêtres de sa voiture, et lancé une bouteille de bière sur la porte de son domicile...
Cela se passe à Saint-Sylvain-d'Anjou près d'Angers, où cet été ont brûlé un minibus associatif et le véhicule d'une personne âgée. Les gendarmes ont interrogé les suspects usuels, ces sauvageons de moins de 17 ans qui nient tout mais faut-il croire leur dénégations, "chaque soir je me demande où va se nicher leur prochain méfait" dit le maire... Ils sont de bonnes familles mais de parents incrédules qui laissent les gosses traîner dehors la nuit... et dans le courrier de l'Ouest, je lis les mots que je trouve d'habitude dans la presse des villes difficiles... Le maire dit "jeunesse à la dérive", il dit "adolescents sur fond de drogue" il dit "ils ont perdu le sens de l'autorité"...
Et Saint Sylvain d'Anjou va découvrir la vidéo surveillance...
On lit ceci quand Libération pointe la radicalisation du discours sécuritaire de la droite et de l'extrême droite confondus dans une même Une...
Admettons mais que dire au maire d'un village d’Anjou au bord de la crise de nerf...
De l'autre côté de la France, c'est un homme âgé de 75 ans qui a déchiré Annecy, d'une violence autrement réelle; avant-hier, au 68 de la rue Carnot, il a abattu dans sa salle d'attente au fusil une jeune psychologue, Morgane Nauwelaers, qui est morte à l'hôpital... Le Dauphiné libéré nous dit qu'elle se préparait à signaler celui qui l'a tué, pour des faits de nature sexuelle sur mineur de 15 ans. Des passants déposent des fleurs devant l'immeuble du cabinet de Morgane qui était jeune, qui avait un enfant.
On parle aussi d'un exploit sportif...
Il fait la Une de Nord littoral, qui nous parle d'adolescents, ceux -là enthousiasmants, Théo, Selam, Paul et Elisa, tous quatre handicapés mais poussés par un champion, Philippe Croizon, qui avait traversé la Manche, bien qu'amputé des bras et des jambes: il a emmené les quatre gosses à nager entre les caps blanc nez et gris nez, hier, sept heures de relais dans les vagues entamé à onze heures quand un assistant a porté Elisa dans l'eau, la jeune fille ne peut utiliser que ses jambes, les garçons ne se propulsent qu'à la force des bras. Les mots de Croizon pour ses élèves nous parlent aussi bien; "Tout est possible, soyez propriétaire de votre vie, faites-le bon sang de bonsoir. Il n'y a qu'une chose qui vous freine, c'est votre peur !"...
Il y a un monde entre la force de Croizon et les aventures frelatées que proposent des charlatans, sous le nom de stages de survie; le parisien raconte comment, le 8 aout dernier Ulysse, 26 ans, que la vie attendait, qui voulait s'engager dans l'armée, a mangé des plantes toxiques qui ressemblaient à la carotte sauvage, il en est mort, l'organisateur du stage, un ancien militaire a été mis en examen.
Demain de Nice partira le Tour de France, et Nice-Matin est remarquable ce matin, qui alterne page après page enthousiasme et sagesse, puisque le virus surplombe l'épreuve et empêche son folklore. La Une de Nice Matin raconte notre dilemme, "en jaune et rouge", rouge comme l'étiquette de péril sanitaire posée sur les Alpes-Maritimes, jaune comme le maillot auquel pense Thibaut Pinot, dont je lis dans l'Equipe un riche portrait. Pinot dit qu'il ne veut plus rêver pour échapper aux déceptions, il pense qu'il a pris un ascendant psychologique sur le colombien Bernal qu'il avait dominé l'an dernier avant d'abandonner, il raconte aussi son grand père jardinier méticuleux qui lui a enseigné la rigueur, et aussi la chaleur qui a asphyxié les poissons de sa mare, ce champion est magnifiquement naturel. Je retrouve Pinot qui me donne des conseils de braquet et de fluidité dans un numéro spécial du Un consacré aux grands grimpeurs... Je lis dans Paris match que la science est l'adjuvant des coureurs, on me parle de cybernétique et d’ondes de capteurs électriques qui bientôt analyseront les émotions des coureurs, je m'en étonne et je m'en horrifie -quelque chose ne va pas.
Dans le magazine du Monde, des angoissés ont appris à dépasser l'artificialité de la technique, on raconte la psychanalyse au temps du covid et du confinement, quand des thérapeutes ont décidé d'entendre leurs patients par téléphone, la parole est aussi libre et plus rapide que sur le divan, la transgression semble être bienvenue..
Et on parle d'histoire...
Qui se rappelle tragique dans l'Yonne républicaine, où on lit comment, le 28 aout 1944, des résistants emmenés par un étrange chef abattirent devant sa famille Max Carton architecte à Migennes... Soixante-seize ans après, ses descendants veulent laver l'honneur de cet homme qui non, n'avait pas collaboré... Libération se souvient d'un enchantement iranien, quand entre 1967 et 1977, à Chiraz et à Persépolis se tenait un festival artistique d'avant-garde, où créaient Bob Wilson, Béjart ou Peter Brook... Le festival était voulu par la reine Farah, il inquiétait la police politique de son mari le Shah, il fut éradiqué par les islamistes qui au pouvoir ont fait brûler les images du festival honni dans les archives de la télévision.
Dans la revue Books, on lit le plus bel hommage rendu à un artiste, le rapport que rédigea en 1984 une espionne de la police politique de la Bulgarie communiste, que on avait envoyé à new York s'introduire auprès du plasticien Christo, qui était né bulgare et dont le régime se demandait s'il était une menace. Notre espionne découvrit un homme dont la simplicité avait quelque chose de prolétaire dans son allure, habité par une foi inébranlable dans l'art, dévoué à son travail, elle était emballée...
L'histoire peut donc sourie, au présent aussi. La Croix fait sa Une sur ces migrants que l’Allemagne accueillait par centaines de milliers en 2015, quand Mme Merkel disait, « wir schaffen das », nous allons le faire. Ils l'ont fait ou sont en train de le faire, la moitié des réfugiés ont désormais un emploi, le jeune et beau Hazem venu de Syrie parle bellement allemand et pense qu'il a un beau futur à Wurzburg, mais la Covid touche durement les nouveaux venus. Il faut se battre encore et écarter la peur.
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