Les choix de Vincent Delerm : la revue de presse, c'est lui!

France Inter
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Alep, une communauté gitane qui vit à l'ombre d'une centrale électrique, Jane/Serge, le pygmalion n'est pas celui que vous croyez... Ce matin, c'est Vincent Delerm qui a travaillé.

Ce matin, Vincent Delerm, vous vous êtes arrêté sur une rubrique de Libération, « La vie à Alep » , une photo, un témoignage… Rubrique régulière dans Libé, type d’écho qui permet de ne pas rester dans abstraction des événements, des chiffres, mais qui permet de donner visages, gestes, histoires individuelles.

Ce matin, c’est un "casque blanc", un sauveteur bénévole d’Alep, qui raconte le sauvetage de Chehab, un petit garçon pris sous les décombres de son immeuble après un raid aérien : "Le plus menu d’entre nous s’est glissé, jusqu’à l’enfant pour le sortir de sous les pierres. Complètement sonné, le garçon de 7 ans ne comprenait pas où il était ni qui nous étions. On lui a versé de l’eau fraîche sur la tête pour laver la poussière et le réveiller."

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Derniers mots du sauveteur :

Chehab est le seul survivant de sa famille… Comment peut il se réjouir d’être sauvé ?

Les "casques blancs" sont sur la liste des "nominés" des Nobel de la Paix, nous dit ce matin Le Parisien.

Début septembre, à l’annonce des menaces qui pesaient sur le site Alstom de Belfort, toute la presse se demandait "Mais que fait l’Etat?" Eh bien ce matin, il a beau faire, la réponse est unanime : l'Etat fait mal ! Presse sceptique, voire carrément accusatrice.

Métaphore ferroviaire filée dans presque tous les titres et éditos : "L’Etat déraille" pour Le Parisien, "Electoralisme à très grande vitesse" pour Le Figaro, qui dénonce également "une politique industrielle Potemkine". Le journal Les Echos parle même de "Gosplan ferroviaire". Le très libéral quotidien L’Opinion est certainement l’un des plus cash dans sa condamnation. Il titre sur "Les 7 délires d’Alstom", son éditorialiste Olivier Auguste inventant même, pour l'occasion, une politique industrielle fiction où un président annonce une grosse commande : "Un plan d’urgence où l’Etat commandera 7 millions de Minitel ! L’usine est sauvée !" Un petit peu moins comminatoire, Libération regrette que l’Etat soit passé "de stratège à pompier", L’Humanité prend acte, que "cette fois, personne ne pourra reprocher à François Hollande d’avoir lâché son constructeur national". "Mais les promesses pour Alstom survivront elles aux échéances de 2017 ?" se demande le quotidien. On termine la curée par Le Canard Enchaîné, qui promeut François Hollande "chef de gag", "un président qui ne se contente plus de prendre le train, il en achète ! (...) Quinze rames de TGV pour devenir des TPV, des trains à petite vitesse. Un peu comme quelqu’un qui s’offrirait des Ferrari, s’amuse Eric Empatz, pour en faire des bacs à fleurs." "L’important, conclut l'éditorialiste du Canard, on l’aura compris, c’est que les électeurs constatent que Hollande est déjà debout sur les rames."

La Croix renvoie tout le monde à ses responsabilités :

La politique industrielle ? C’est le grand oublié de la campagne présidentielle, ni droite ni gauche ne font beaucoup de propositions.

La presse non plus ce matin !

On revient vers vos choix, Vincent Delerm : dans Society, un article titré "La cité du cancer", signé Margherita Nasi. L’histoire d’une communauté gitane relogée à la fin des années 60 dans un village près de Carcassonne, un village dominé par une centrale électrique.

Aujourd’hui, cancers, problèmes de thyroïde et spasmophilie se multiplient, et cette population se sent délaissée. Le maire de la commune, Michel Soulès, le seul édile gitan de France, a vu toute sa famille mourir de cancers. "Mon frère en a eu deux, au poumon et au cerveau, mon père trois, à la gorge, à la vessie et aux poumons. Si on fait le tour de la communauté, tous ont au moins un cas de cancer." La famille d’Elisa, qui a épousé à 18 ans un gitan, n’échappe pas à la règle. "On s’est mariés par amour, raconte-t-elle, et puis on est venus ici. On nous disait que c’était bien. J’ai vu les gens tomber malades. Ma fille a eu un cancer du sein. Mon gendre vient de mourir d’un cancer. Ma petite-fille a eu un cancer généralisé à 7 ans."

En 2009, les habitants commandent une enquête, mais l’Agence régionale de Santé affirme qu’il n’y a pas de lien entre les champs électromagnétiques et les pathologies des habitants. Le souci, c’est que les mesures ont été effectuées par une filiale d’EDF. Pas franchement indépendante. En 2015, cette même filiale avait versé 142 000 euros à des éleveurs bovins dans la Manche dont les vaches étaient malades en raison de la proximité avec des lignes à haute tension.

Souvent compliqué, face aux gens qui vous demandent si ce n’est pas un peu du temps perdu de passer une heure trente à regarder 22 types courir derrière un ballon, de trouver la bonne réponse et de faire valoir toute la dimension romantique du football.

Et c’est là que la vie est bien faite car dans ces cas-là, vous pouvez toujours compter sur Vincent Duluc, journaliste à L’Equipe, chargé des matchs de l’Olympique Lyonnais et de ceux de l’équipe de France.

Avec Duluc, évidemment il est question d’analyser les matchs, les 4-4-2, et les coachings payants, mais il est surtout souvent question d’aimer la place que tient le foot dans nos vies.

Ce matin, dans L’Equipe, donc, un papier de Duluc qui nous vend l’invendable : la rediffusion à la télévision d’un match, le France-Bulgarie 1993, qui reste un souvenir cauchemardesque, car il est celui qui empêcha l’équipe de France de se rendre à la Coupe du Monde 1994 aux Etats-Unis, du fait d’un but du bulgare Kostadinov encaissé à la dernière minute.

Il écrit : "C’est ce mélange d’émotions contradictoires et surprenantes qu’offrira la diffusion de ce match historique. Elle s’accompagnera même d’un peu d’une nostalgie presque étrange, s’agissant d’une soirée que nous avons tous voulu oublier. Nous reverrons, ce soir, l’équipe de France au Parc, l’orchestre de la Légion étrangère, Johnny et Sylvie dans les tribunes, les cabans à capuche, les Allez les Bleus pleins d’espoir, la coupe de cheveux de Trifon Ivanov, Papin portant le foulard de sa femme pour brassard, Aimé Jacquet joignant les deux mains par dépit comme Bernard Blier dans les Tontons, pas un joueur pour chanter La Marseillaise, les klaxons et les crécelles, les murs à quatre mètres du tireur de coup-franc. Et Kostadinov."

Lettres, enfin, à Anne, 1 218 lettres dont des poèmes, de François Mitterrand à sa maîtresse, la mère de sa fille, son grand amour Anne Pingeot. Ses lettres seront publiées le 13 octobre prochain par Gallimard. Le Figaro nous raconte ce matin le secret qui a entouré ce travail d’édition. Pourquoi Anne Pingeot, qui a toujours voulu rester dans l’ombre, s’est finalement résolue à livrer son intimité ? Mise à nue exceptionnelle d’une histoire d’amour, nouvelle facette d’un homme mort il y a vingt ans qu’on ne cesse de découvrir, et peut-être un besoin tardif de reconnaissance de cette femme dont on ne connaissait jusque là qu’une furtive silhouette marquée par le chagrin…

Comment une femme construit la vie d’un homme, vous Vincent, c’est un article de Vanity Fair évoquant Jane et Serge, Birkin et Gainsbourg qui vous a particulièrement parlé.