Les ouvriers abandonnés de Whirlpool

France Inter
Publicité

Ils commencent à négocier aujorud'hui leurs conditions de départ, désarroi dans l'usine Whirpool d'Amiens. Fillon et MAcron encore à la Une, et Hamon qui s'invite

La revue de presse bonjour Hélène Jouan

On commence par le désarroi des salariés de l’usine Whirlpool

Publicité

D’ici l’an prochain, ils seront 286 à être laissés sur le carreau, c’est aujourd’hui que s’ouvrent les négociations sur leurs conditions de départ. Didier Arnaud pour Libération s’est rendu dans l’usine d’Amiens qui s’apprête donc à fermer définitivement ses portes, Whirlpool lui a préféré la Pologne et ses travailleurs, 3 fois et demie moins chers qu’en France…Paroles d’ouvriers, qui ont beaucoup donné, et qui se sentent aujourd’hui abandonnés « On a l’impression d’être les kleenex de l’europe » lâche l’un d’eux. Valérie 50 ans, dont 28 de boite, raconte les sacrifices consentis, 3 plans sociaux depuis 2002 qui ont fait fondre les effectifs, un accord passé en 2008 où les salariés ont laissé 14 jours de rtt, des salaires gelés pendant 7 ans, 4 samedis de boulot obligatoires et un volume de 550 000 machines à produire par an. Une usine « tournevis » disent-ils, où le travail est effectué avec des chaines à flux tendu, où l’on reste debout plus de 7 heures d’affilée, avec 3 pauses pipi de 5 minutes, et des troubles musculo squelettiques qui touchent plus de 10% des employés. Tout ça pour quoi ? 850 millions de bénéfices pour le groupe Whirpool l’an dernier, les salaires des 4 plus hauts dirigeants équivalant à ceux de 900 salariés, et surtout la décision « irrévocable » de la direction de fermer le site d’Amiens : « doublons, chevauchement, efficacité » argumente-t-elle.

Devant l’usine, on croise des ouvriers qui parlent de « leurs collègues, pleins de colère à l’intérieur », du discours de respect qu’on leur tenait dans l’entreprise, mais ce sont eux disent ils aujourd’hui qui ne nous respectent pas. Dernière humiliation, ces patrons ont cru devoir déménager le stock de sèche-linge juste avant l’annonce de la fermeture de l’usine, de peur que les employés ne les bloquent voire ne les cassent. « Mais on n’est pas des voyous, souffle un sundicaliste, ce sont eux finalement les voyous »…

La colère de François Ruffin à la cérémonie des Césars, furax « Ce sont les ouvriers qui sont touchés, et les ouvriers on en a rien à foutre » s’est emporté le réalisateur de Merci Patron, a fait leur admiration…mais aujourd’hui c’est l’inquiétude qui gagne…le bassin amiénois est un « cimetière d’usines » raconte l’une de celles qui va se retrouver sur le carreau. Aujourd’hui, ils vont tenter de sauver ce qu’ils peuvent, un peu de leur bifteck disent ils.

On passe à un tout autre sujet. La déception après la lourde défaite du club de foot parisien hier à Barcelone

Déception, le mot est trop faible. « Inqualifiable » s’insurge le quotidien sportif l’Equipe ce matin après le 6-1 infligé. Paris n’est plus magique mais tragique..Le Figaro replonge dans la geste gaullienne pour évoquer un « Paris, écrasé, piétiné, humilié »…mais il manque la chute, paris pas du tout libéré. Dans l’Equipe encore, Vincent Duluc signe un édito saignant, « Le PSG n’a été à la hauteur de rien et en dessous de tout » ; quand vous vous en doutez en face, c’est-à-dire à Barcelone, c’est l’extase, le Mundo de Portivo affiche cruellement à sa Une, la propre manchette de l’Equipe, Inqualifiable donc, et la Vanguardia s’emporte « un miracle pour l’histoire, le Barça, c’est l’équipe au jeu le plus incroyable de l’histoire du 21ème siècle ».

Remontada historique…ça n’arrive pas qu’aux autres ! Tweet ironique d’un journaliste politique du journal le Monde, Philippe Ridet pour ne pas le citer : « Barça élimine PSG, Fillon peut y croire »

Transition toute trouvée avec la politique donc

Et quelques questions ce matin autour de François Fillon, quelques questions aussi autour d’Emmanuel Macron

« Fillon, cet homme est-il dangereux ? » s’interroge l’Obs à la Une, avec dossier de Carole Barjon notamment qui revient avec précision sur ce qui a fait renoncer Juppé à être le candidat de substitution ce week-end alors qu’il s’y préparait…Une image, celle de François Fillon au Trocadéro encadré par François Baroin et Christian Jacob. Sans sang n’a fait qu’un tour raconte t elle, il s’attendait à ce que ces 2 là sèchent la manif. Il a compris. Les sarkozystes ne lâchent pas Fillon. Une image et une phrase : « à chacun maintenant de faire son examen de conscience » a lancé le candidat, cette adresse, Juppé l’a prise pour lui et que pour lui. Il a su alors que son éventuelle campagne de rattrapage serait polluée par d’incessants rappels à son ancienne condamnation, c’est donc NON.

Fillon victorieux par sa ténacité, mais en même temps, » il a mis le pacte républicain en danger dit la journaliste de l’Obs, il a pris le risque de brouiller les esprits et la frontière de plus en plus ténue entre droite républicaine et droite extrême ». Alors cet homme est-il dangereux ? Politis répond par l’affirmative en dénonçant à sa Une « une dérive vers l’extrême », quand Marianne fait carrément analyser Fillon par des psys pour essayer de percer le mystère de ce monsieur Nobody qui a surpris tout le monde par sa manœuvre politique d’anthologie…Il faut lire dans Marianne, l’article de l’historien Bruno Fuligni sur « la folie au pouvoir », l’histoire de ces psychopathes meurtriers ou neurasthéniques qui ont dirigé monarchies et républiques, mais où l’on s’aperçoit aussi que l’accusation de démence a parfois bon dos...Exemple avec l’oublié Adolphe Bertron, candidat malheureux à de multiples scrutins de 1848 à sa mort qui était considéré comme dingue parce qu’il prônait le droit d’éligibilité et de vote des femmes…

Questions vous nous disiez également autour d’Emmanuel Macron ce matin

L’Opinion revient sur « l’effet de souffle » qu’a suscité la déclaration hier matin ici même sur France Inter, de Bertrand Delanoe apportant son soutien à Emmanuel Macron. Nouveau ralliement de poids évidemment mais qui fait courir le risque au candidat d’en Marche souligne Nathalie Segaunes de perdre l’équilibre …Nicolas Beytout paraphrase Mitterrand et sa définition du centre pour souligner le danger : si trop de ministres de François Hollande venaient à le rallier, et certains semblent clairement tentés, ça finirait par « Macron n’est ni de droite, ni de droite »…Forcément, loin du barycentre souhaité par le candidat …

En attendant Benoit Hamon, dont le Monde jugeait hier la « campagne encalminée » dégaine. Dégaine l’artillerie contre le « vote utile » avancé entre autre par Bertrand Delanoé pour justifier son ralliement. Entretien du candidat socialiste au Monde cet après-midi qui déplore « le renoncement de Delanoe » « je pense que partout en europe dit il, ce sont les politiques libérales et dérégulatrices qui font monter le FN. Non seulement le vote Macron est inefficace pour faire baisser le FN, mais je pense qu’il peut être un accélérateur » accuse t il. Qui ne voit pas, dit il, le parallèle avec le face à face Clinton/ Trump ? il faut une ligne claire et un projet global et puissant pour battre le FN. » Benoit Hamon qui accuse Macron d’être notamment dans le domaine européen, le candidat de la « perpétuation de ce qui existe déjà et ne marche pas ». Il propose la création d’une assemblée démocratique de la zone euro, pour débattre publiquement de son budget, des politiques d’harmonisation fiscale et sociale et des cibles en matière de déficit. Bref plus d’Europe pour « mettre l’austérité en minorité » dit-il, montrer aux Français qu’on peut passer d’un « futur désirable à un futur possible ».

L'équipe