Derrière l'enquête de sur le juge Moro, le courage,de deux hommes, dans ce Brésil où par Bolsonaro l'homophobie devient une haine d'Etat: Glenn Greewald, fondateur de The Intercept, et son mari David Miranda, seul député ouvertement gay du parlement brésilien, dont Time Magazine et Queerty.com ont raconté l'histoire.
On parle d'un complot...
Un complot mené par un juge depuis devenu ministre d'un président d'extrême droite, et impliquant des magistrats du parquet, et ce complot a retourné une grande démocratie, le Brésil... dont les journaux reprennent depuis quelques heures l'enquête du site d'investigation the Intercept.
The Intercept publie des extraits notamment de conversations sur messagerie électroniques, et qui montrent la partialité du juge fédéral Sergio Moro, qui aurait organisé la chute de l'ex-président Lula, afin d'empêcher la gauche brésilienne de revenir au pouvoir. Alors que sa position l'obligeait à la neutralité, Moro dirigeait de fait et conseillait le parquet et les enquêteurs de l'opération anticorruption « lava jato », littéralement « lavage de voiture, » leur indiquant les directions à suivre quand ils trouvaient que leurs preuves étaient faibles.. Sergio Moro finit par condamner lui-même Lula, ce qui l'empêcha de participer à l'élection présidentielle. En septembre 2018, avant l'élection, la cour suprême du Brésil avait autorisé un journal à interviewer Lula dans sa prison, et les magistrats s'indignaient dans leurs discussions, ils traitaient les juges de la Cour suprême de "mafieux", redoutaient que cette interview ne fasse triompher le candidat de gauche haddad...
On le sait, la gauche n'a pas remporté l'élection, le Président brésilien s'appelle Jair Bolsonaro, qui a fait de Sergio Moro son ministre de la justice... Moro avait toujours protesté de son objectivité, rappelle The Intercept, mais les documents qu'on lit ce matin, font tomber cette fiction de la neutralité du juge...
Cette enquête est déjà un événement journalistique et aussi une histoire. The Intercept est un projet, né de la rencontre entre un journaliste et avocat, Glen Greenwald, et le fondateur de e Bay, le millionnaire franco-irano américain Pierre Omidyar, qui a investi des centaines de millions de dollars pour créer un outil journalistique capable de défier les plus grandes puissances... The Intercept s'est fait connaitre en révélant les pratiques d'espionnages des service des Etats-Unis, et s'attaque maintenant au Brésil... Et ce n'est pas un hasard... car le Brésil est l'autre pays de Greenwald, qui y vit avec son mari David Miranda, le seul député ouvertement homosexuel au parlement brésilien, et dans un pays où le président Bolsonaro a fait de l'homophobie une haine d'Etat, Greenwald et Moranda sont régulièrement menacés de mort… Miranda siège au parlement en remplacement d'un autre homme, comme lui noir et gay, qui a fuit le pays. Miranda est resté, vous lirez son histoire et celle de Greenwald -c'est en anglais- sur le site Medium, sur le journal homosexuel Queerty.com, et dans Time magazine qui le mois dernier faisait de Miranda un des leaders d'une nouvelle génération politique... Il se passe des choses dans le monde, à,Hong Kong aussi où des hommes se battent...
Mais en France, on cultive plutôt la nostalgie...
Ou la futilité, à l’exception notable du Monde, qui publie sur le web une enquête fantastique sur des migrants réchappés d'un canot en 2016 et ont pris pied sur le sol européen, et dont voit les portraits, a l'époque du sauvetage et maintenant, et leurs yeux, leur peau, leur sourires se sont affermis, même si la peur parfois poursuit... Exception aussi du Havre libre, qui rappelle l'épuisement en Normandie aussi du personnel des urgences... Mais on ressent ailleurs un sentiment un peu futile, quand le Parisien s'apitoie sur un beau jeune homme sujet au trac ce qui le handicape pour passer des examens, mais pour 80 euros de l'heure, une coach, le faisant hurler, va arranger cela, futilité encore quand le Bien public peste à la une contre ces tags en hauteur que la ville de Dijon peine à faire disparaitre, quand Midi Libre se fâche contre le soleil qui se fait attendre...
Dans cet entredeux, des journaux se consolent de la belle force de Nadal, à la une de l’Equipe et des rugbymen de Toulouse et Clermont-Ferrand qui se rencontreront dans une finale de rêve, dit Midi Olympique... Ou de la force de Mme Sabrina Sullem sacrée la femme la plus forte du Morvan, qui dans un concours épique a tourné et retourné un pneu de 100 kilos entre autres amusement c’est dans le Journal du Centre et le Journal de Saône-et-Loire.
La Voix du Nord cultive une nostalgie pas désagréable à lire, un sourire au passé, et raconte les équipées d'il y a un demi siècle, quand dans le bassin minier on prenait le bus ou la 2Cv pour partir à la mer sur la Côte d'opale, en ce temps là rappelez-vous, la cité se vidait d'un coup, tout le quartier en parlait, on y allait pour une journée ou parfois deux semaines, à l'hôtel Régina de Berck si l'on avait de la chance, si l'on faisait partie des familles tirées au sort, en ce temps là Bourvil chantait « Salade de fruit’ à la radio... Toutes ces enfances sont revenues hier, dans un grand cortège appelé « la route des vacances », une opération qui réquisitionne bus et voitures d'époques pour tout recommencer, y compris la hale rituelle à Hesdin pour une frite et les glacières et les nappes à carreaux...
Je lis dans le Figaro qu'on achètera cet été des drones sur la plage pour filmer nos vacances, on est loin du Régina. Et je lis dans le Figaro encore qu'on bronzera, si l'on est chic, dans des maillots couvrants, sexys je dois dire, pour minimiser l'usage de crème solaire.. c'est compliqué les vacances et le travail aussi...
Mediapart me raconte cette fabrique de dentelle, Deseilles, une des dernières qui faisaient la fierté de Calais, qu'ont racheté des chinois, mais la gentille Mme Li, fille du Patron, n'y connaissait rien... Et le redressement judiciaire était au bout de l'histoire...
Et des souffrances à Paris pour finir...
Que me dit Le Figaro qui se penche,; avec les élus LR de la capitale sur les églises parisiennes, qu'il faudrait rénover, et que me dit le Parisien qui lui me parle de la goutte d'or, quartier populaire empoisonné de la violence qu'amène des bandes de jeunes, sans papiers et isolés venus du Maroc, et les commerçants désespèrent et après le kiosque du métro Barbès-Rochechouart, un restaurant ferme, qui était une joie du quartier... Le Figaro a les églises, d'autres ont la Goutte d'or, il faudrait apprendre à se désoler de tout à la fois.O
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