Mon coeur est-il un agent russe? Yuval Hariri, l'homme qui sait, dans le Point et le Monde.

Yuval Noah Harari
Yuval Noah Harari ©Getty -  VCG/VCG
Yuval Noah Harari ©Getty - VCG/VCG
Yuval Noah Harari ©Getty - VCG/VCG
Publicité

Un chercheur de Brest, dans les Inrockuptibles, sait lire l'histoire dans une coquille Saint-Jacques. Libération espère l'unification de l'Irlande, l'Humanité dénonce les offres bidon de Pôle emploi. Le Figaro et la Voix du Nord accompagnent Jean Piat.

On parle d'un homme qui sait... 

Un homme qui sait d'où nous venons et redoute que sapiens, vous ou moi, finisse en esclave des technologies après avoir cru devenir dieu...Yuval Harari donc, dont le dernier opus, 21 leçons pour le 21e siècle, sort en France début octobre et que les meilleurs se disputent, Yuval Harari à la une du Point, l'intellectuel le plus important du monde, et en double page dans le Monde. Les deux journaux sont allés se confronter à cet israelien chauve, qui regarde l'humanité torturée dans les avancées technologiques, où les humains vont devoir se réinventer trois, quatre cinq fois dans leur vie dit-il au Point, puisque les rescapés de l'informatiques devront se remettre à jour dans l'intelligence artificielle... Et certains d'entre nous seront irrémédiablement condamnés...  

"Si vous êtes un chauffeur de taxi de 50 ans et qu’à cause des voitures autonomes vous perdez votre boulot, un stage de reconversion ne suffira pas. On peut ainsi imaginer l’essor d’une nouvelle classe « inutile », qui ne devra plus lutter contre son exploitation mais contre son insignifiance."

Publicité

Et l'homme menacé d'insignifiance sociale, est aussi miné dans son intégrité. Harari, dans le Monde cette fois, parle ainsi de la crise des démocraties libérale comme d'une crise de la raison intime.

"La démocratie libérale part du principe que notre cerveau est une boîte noire remplie de nos désirs et de nos pensées et à -laquelle nous seuls avons accès -l'électeur sait ce qu'il fait. Or, la crise actuelle naît du fait qu'on dispose des technologies pour pirater les êtres humains. Si quelqu'un hait les -migrants, on lui montre une histoire de -migrants violant des Françaises, il va facilement y croire, même si elle n'est pas vraie. Les fausses nouvelles sont fabriquées pour provoquer un effondrement du discours public et emmener les gens vers les -extrêmes." Il faut faut, dit Hariri  "abandonner l'illusion du -libre arbitre total : ce qu'on pense et ressent dépend de processus internes de notre corps et de notre cerveau dont on ne sait rien et qu'on ne contrôle pas. Ce qu'on croit être nos sentiments les plus authentiques pourrait être le résultat de manipulations extérieures. On ne peut se faire confiance. On a eu comme mantra au XXe  siècle : " Fais-toi -confiance, suis ton cœur. " Mais votre cœur peut être un agent russe !"

Harari n'est pas toujours aussi sombre, et conjure dans le Point, dans un relativisme d'historien et le gout du paradoxe, les fake news ont toujours existé, les religions et les idéologies sont des fake news qui ont réussi, la fiction et l'invention mène le monde! Il nous conseille aussi pour survivre, il faut se connaitre soi-même avant que la machine nous connaisse mieux, et donc faire du sport, aller chez le psy marcher dans les bois ou bien méditez: lui il médite, c'est son truc. Il faut lire aussi ses conseils de lecture, « le meilleur des mondes » de Huxley, la politique du chimpanzé du néerlandais Franz de Wal, et « Enlightnment Now » de Steven Pinker, les lumières c'est maintenant, où Pinker, alter ego optimisme de Harari, défend notre époque, la plus heureuse de l'histoire de l'humanité, et ces démocraties battues en brèche... 

Et il y a dans le point un souci de ne pas nous désespérer...

Oui mais tout de même, mon cerveau est-il un agent russe, ou bien, qui sait, un barde irlandais?

Car on parle de l'Irlande ce matin...

Ayant appris avec Harari que ma raison est hypothétique et mon coeur aussi, je m'interroge sur mes choix et celui de Libération qui met à sa Une ce si jolie trèfle à quatre feuilles? L'Irlande pourrait se réunifier grâce au Brexit, les Irlandais du Nord refusant de suivre Londres loin de l'Europe et parachevant leur rapprochement avec le Sud, Libération l'illustre dans un reportage où de jeunes irlandais du Nord, des enfants de l'Europe, de la paix et de la prospérité économique, font mouvement vers le Sud... Et on réalise que Libération souhaite ce mouvement autant qu'il le décrit.

Nos journaux sont vivants, ils sont mus par la rigueur des faits mais aussi par leur sentiment, leurs passions, leurs engagements. L'humanité reprend une enquête de la CGT des chômeurs qui a passé au crible des offres d'emploi de Pôle emploi, et qui accuse, ce sont des offres souvent illégales ou précaires, ou simplement mensongères. Le rapport de la CGT avait déjà été raconté et publié par Mediapart, allez sur le site... L'Humanité le politise en titrant à sa Une, "Macron vend des emplois bidons aux chômeurs", ce que les fidèles du journal sont prêts à croire, mais n'est pas, stricto sensu, la vérité d'une enquête...

Les Inrocks ont une bonne idée de se confier au chanteur Miossec, encore un celte, et le journal en est à la fois ému, puisque les inrocks avaient découvert le jeune homme, et vigoureux, trempé d'embruns et et enraciné à Brest. On y découvre ainsi un scientifique, laurent Chauvaud, qui a l'institut européen de la mer de Plouzané étudie la coquille saint-jacques... Ce bijou des mers qui dans sa coquille et ses structures calcifiées révèle son âge, et quand on s'y pense, l'évolution même de l'humanité...  Dans une palourde se trouvent 500 ans d'histoire climatique, le réchauffement, l'agriculture intensive, Tchernobyl et même la trace des médicaments donnés au patients à l'hôpital de Brest, cachés dans l'urine et qui reviennent à la mer et dans les coquilles...

Le monde est dans une saint-jacques et on voudrait que Laurent Chauvaud parle à Yuval Harari, il sait aussi. 

Et la mort d'un comédien...

Cet homme souriant par-dessus ses lunettes, et dont nous n'avons pas assez dit hier qu'il nous manquait, émus que nous étions par la fin de Marceline Loridant. Mais Jean Piat, parti nonagénaire, sourit donc et est bellement dit, "l'homme solaire et humble qui prenait la vie avec l'émerveillement et la lucidité d'un honnête homme » par une journaliste amante du théâtre, Armelle Héliot qui nous dit ce que fut cet homme sur nos planches.

On le voit aussi dans la croix, imprégné de rouge comme ce personnage de Robert d'Artois, des rois maudits, feuilleton culte qui marque nos journaux 55 ans après... S'il n'avait pas été du Nord, il n'aurait pas aussi bien joué Robert d'Artois, assure la Voix du Nord de l'enfant de Lannoy. Nous sommes nos racines.